Production d'électricité en Aveyron : "Pour cet hiver, nous en avons sous le pied"

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  • L'Aveyron produit l’équivalent de deux réacteurs nucléaires.
    L'Aveyron produit l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. EDF - Pierre SOISSONS
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Propos recueillis par O. C.

Caroline Togna, nouvelle directrice EDF en charge de l’hydroélectricité en Aveyron, fait le point sur la situation au moment où le froid hivernal a recouvert la France entière.

Pour quelle raison vous êtes-vous orientée vers cette filière ?

C’est au cours de mes études supérieures à l’école supérieure d’électricité Supélec que je me suis rendue compte de l’importance de l’énergie électrique, c’est un enjeu crucial du siècle. J’ai fait le choix de venir en Aveyron, à titre personnel, pour retrouver des paysages naturels car je suis savoyarde, et sur le plan professionnel car l’Aveyron représente le deuxième département hydroélectrique, c’est un poste en or.

Originaire de Savoie, Caroline Togna, âgée de 34 ans, vient de prendre la tête de la production hydraulique d’EDF sur Lot et Truyère.
Originaire de Savoie, Caroline Togna, âgée de 34 ans, vient de prendre la tête de la production hydraulique d’EDF sur Lot et Truyère. Repro CP

Comment se passe la gestion en cette période hivernale ?

Notre rôle est d’apporter de la flexibilité au moment des pointes de consommation. C’est l’enjeu et nous sommes au rendez-vous de l’hiver. Il s’agit d’une activité cyclique avec des travaux en été pour être disponible en hiver soit quand les jours sont très froids, lors des pics de consommation, soit quand le vent est plus faible. On peut dire que la période hivernale est entamée ! Nos neuf centrales sont grandement appréciées avec leur puissance de 1 800 MW soit l’équivalent de deux réacteurs nucléaires. Cette production représente quatre fois la population de l’Aveyron. L’Aveyron est un territoire d’exportation d’électricité renouvelable et décarboné.

Y a-t-il un risque de coupure électrique ?

Nous disposons d’une marge suffisante pour passer l’hiver.Tout risque est écarté. Le taux de remplissage des lacs dont les deux grands que sont Sarrans et Castelnau est de 60-70 %. C’est une moyenne habituelle, on en a sous le pied.

Où en sont les travaux concernant les installations hydrauliques ?

Nous investissons chaque année 10 M€ pour l’entretien et la maintenance pour être pleinement opérationnel. Cet été, nous avons changé un transformateur et un groupe de production de la centrale de Montézic ainsi que deux disjoncteurs. L’été prochain, ce sera au tour de la centrale de Brommat de changer un transformateur.

Concernant la mise en concurrence des barrages exigée par l’Europe, quelle est la situation ?

Aujourd’hui, c’est toujours le statu quo. Les débats se font sans EDF, cela se passe entre l’État et l’Europe. Ce qui est certain c’est que l’exploitant s’en occupe. Nous investissons, l’équipe est mobilisée pour son maintien. Nous sommes prêts à relever le défi. La sécurité de nos ouvrages est la priorité.C’est notre patrimoine. Mon ressenti est que nous avons la confiance de l’État comme des élus sur le terrain.

Quel fut l’objet de l’exercicede sécurité civile qui a eu lieu dernièrement sur deux barrages du Nord-Aveyron ?

Cet exercice s’est déroulé à la demande de l’État pour tester les plans particuliers d’intervention et les plans de sauvegarde des communes concernées. Cela permet de tester nos coordinations avec les gendarmes, pompiers, DASEN, Agence régionale de santé, police, DDT. Nous avons fait remonter les informations et fait transiter les débits. Le scénario était celui d’une crue exceptionnelle millénale ce qui n’a jamais eu lieu dans les faits. L’intérêt est d’échanger et de tester des voies de communication. On est un maillon de la chaîne, pour EDF cela s’est déroulé comme prévu. Cela a confirmé notre robustesse. Notre rôle est de produire et de garantir la sécurité de la population avec une équipe formée en interne. La préfecture fera le retour d’expérience début 2022.

Quels sont vos objectifs ?

D’abord je suis extrêmement impressionnée et fière des équipes. Mes deux objectifs principaux sont la sécurité des salariés et prestataires pour garder un grand niveau d’exigence qui est notre marque de fabrique et l’autre objectif concerne le renouvellement des compétences. Nous avons actuellement six alternants, c’est important pour former la relève. Je sens des élus et des collectivités attachés à ce patrimoine. Il y a une très bonne dynamique qui s’est vue lors des dix ans de la route de l’Énergie. Je voudrais pérenniser cette dynamique.

10 M€ pour l’entretien de l’usine de Montézic

L’emblématique centrale de Montézic qui fournit, à elle seule, 1 800 MW sur les 2 000 MW des installations Lot et Truyère, a changé cet été un groupe de production et un transformateur moyennant 10 M€.

Cette installation remontant à 1982, est atypique, fonctionnant par transfert d’énergie par pompage. C’est sur ce type de dispositif qu’a œuvré Caroline Togna pour développer un projet similaire au Cameroun. Elle a aussi participé à une réflexion sur l’économie de ces stations de pompage, meilleur moyen aujourd’hui pour stocker l’électricité.

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