Covid-19, retraites, mea culpa... Ce qu'il faut retenir de l'entretien d'Emmanuel Macron sur TF1
Ce mercredi soir, lors d'un entretien diffusé sur TF1 et LCI, le président de la République Emmanuel Macron a fait le bilan de son quinquennat et a évoqué les faits les plus marquants de son mandat qui s'achève dans quelques mois.
"Gaulois réfractaires", le premier mot du générique de l’émission, en dit beaucoup. C’est à une sorte de retour aux sources, voire au péché originel, qu’a été convié, ce mercredi soir sur TF1, le chef de l’État. Durant deux heures, il a répondu aux questions d’Audrey Crespo-Mara et Darius Rochebin.
"Je pense que, dans ce moment où l’année tourne sur ces gonds, il est important de voir où le pays se trouve et de rappeler le chemin fait parce que si on perd le fil, parfois on se laisse perdre dans des débats moins importants que d’autres." Ainsi le chef de l’État, installé dans la salle des Fêtes de l’Élysée, explique-t-il sa volonté de s’exprimer. "Ça n’a pas été facile pour nous tous, nous avons traversé des moments très difficiles et tout particulièrement cette épidémie. Notre époque est marquée par un retour du tragique de l’histoire", commence-t-il avant de faire un point sur le
Covid-19 et crise sanitaire : "J"assume tout"
À propos de la pénurie de masques, il se souvient : "Je ne dirais pas que ça a été un choc, on l’a compris assez vite parce que tous les pays du monde ont été touchés en même temps. Je ne vais pas refaire l’histoire… Il y a une commission d’enquête…", lance-t-il avant de légèrement s’agacer : "C’est facile de gagner le tiercé avec le résultat des courses." Mais il le reconnaît : "C’est vrai qu’il n’y avait pas de stock de précaution."
Le chapitre Covid-19 se clôt sur le "quoi qu’il en coûte", parfois critiqué pour son coût, surtout par la droite qui a accusé le chef de l’État de "cramer la caisse". "J’assume tout, répond le chef de l’État, parce que ce que nous avons fait, c’est aider les entreprises pour qu’elles aident les salariés."
Et de citer le chômage partiel, le fonds de solidarité pour les commerçants et les indépendants… "Le résultat est là, se défend Emmanuel Macron, nous avons aujourd’hui un taux de chômage le plus bas depuis quinze ans. Moi je ne crois pas dans la sauvagerie. Je ne suis pas pour la loi de la jungle, je crois à la solidarité en cas de coup dur."
"L'hypothèse" d'une obligation vaccinale "existe, quand on a déjà vacciné 90% de ceux qui y sont éligibles [...] Nous y sommes quasiment !, a appuyé le Président qui avance que des rappels vaccinaux réguliers sont "vraisemblables".
Concernant les enfants, Emmanuel Macron a rappelé qu'"il n'y a pas d'obligation" les 5-11 ans. Le gouvernement attend l'avis du Comité consultatif national d'éthique qui doit être rendu ce jeudi.
Politique sociale
"Il y a eu de la violence [...] cette période a été très dure", a déclaré le chef de l'État évoquant la crise des gilets jaunes, ajoutant que "personne n'a vu arriver une telle crise". "Beaucoup étaient des gens qui avaient un travail mais qui étaient mal payés [...] Ce sont des femmes et des hommes qui ont un travail à temps partiel, [...] des gens qui ont dit 'vous ne nous voyez pas et vous voulez faire un monde encore moins fait pour nous'".
La réforme des retraites est "indispensable", a maintenu le président de la République. "S'il n'y avait pas eu l'épidémie à l'hiver 2020, cette réforme, qui avait été votée en première lecture avec le 49-3, serait allée à son terme. Nous avons besoin de conduire cette réforme, mais pas exactement la même que celle qui avait été envisagée." "Il y a maintenant un problème de financement, il est donc clair qu'il faudra travailler plus longtemps [...] simplifier nos règles, en finir avec les régimes spéciaux, sans pour autant n’en garder qu’un, car c’est trop anxiogène".
Mais mercredi soir, le chef de l’État avait une mission : fendre l’armure. En effet, depuis quelques semaines, ses proches s’inquiètent de la relation compliquée que le locataire de l’Élysée entretient avec les Français qui, selon certains membres du gouvernement, "ne l’aiment pas" et selon certains autres "ne le connaissent pas". Mercredi, Emmanuel Macron a donc tenté d’être sur le ton de la confidence.
"Je ne redirais pas cela"
Sur la crise du Covid-19, il explique donc : "Cette crise m’a fait toucher plus directement les inégalités insupportables qui peuvent exister et j’ai vécu des moments très marquants, par exemple lorsque je suis allé, durant le premier confinement en Seine-Saint-Denis et que les habitants ont chanté La Marseillaise alors qu’ils vivaient dans des appartements minuscules et que le confinement devait être difficile… J’ai vu, dans ces moments, les injustices qu’il y a dans ce pays et la force de quelques hommes et des quelques femmes…"
Il tente ainsi de décoller l’étiquette de Président des riches qui colle encore à son nom. A ce propos, il assure dans une forme de mea culpa : "Je sais d’où je viens et mes valeurs ne sont pas celles d’un Président des riches mais oui, j’ai appris, et sans doute que je suis plus sensible à certaines choses que je l’étais avant."
Les journalistes vont ainsi revenir sur chaque critique qui a pu être un jour adressé au chef de l’État qui va s’expliquer sur tout ou presque. Ainsi, Emmanuel Macron va revenir sur les fameuses petites phrases qui ont marqué de début du quinquennat et abîmer durablement sa relation avec les Français. Traverser la rue, ceux qui réussissent et ceux qui ne sont rien, les fainéants et les cyniques… "Non, je ne redirais pas cela, je suis arrivé avec une sorte de vitalité mais je ne mesurais pas suffisamment deux choses : la première, c’est que nous sommes dans une société de la décontextualisation, à l’heure du tweet, il y a des mots qui peuvent blesser et le respect fait partie de la vie politique."
Et d’ajouter, en une forme de promesse pour l’avenir : "On ne fait rien bouger si on n’est pas pétri d’un respect absolu pour chacun." L’émission va ainsi se poursuivre deux heures durant, permettant au Président de revenir sur l’affaire Benalla, la crise des “gilets jaunes” dont il retient une leçon : "Des gens ont dit : 'Vous ne nous voyez pas, notre vie est empêchée et vous voulez faire un monde auquel on ne comprend rien.' Vous ne pouvez pas faire comme si ça n’existait pas."
Et de conclure par une formule qui reprend le titre de l’un de ses livres : "La révolution est possible mais pas sans cette France-là." Cela suffira-t-il à convertir la défiance de certains en adhésion, les fêtes de Noël le diront.
Candidat ?
Le président de la République botte encore en touche sur cette question. "Quand on fait une révolution, on se projette", commence le président. Le chef de l'État affirme pourtant vouloir se concentrer sur ses fonctions présidentielles : "Je me dois encore de prendre des décisions difficiles. Je dois passer ce cap de la 5e vague de Covid-19. Je ne sais pas ce que seront les prochaines semaines".