Brebis en danger : à Millau, les éleveurs incriminent le loup

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  • Trois cadavres de bêtes avaient été déposés sur le bitume du Mandarous pour interpeller. Trois cadavres de bêtes avaient été déposés sur le bitume du Mandarous pour interpeller.
    Trois cadavres de bêtes avaient été déposés sur le bitume du Mandarous pour interpeller.
  • L’argent récolté sera ensuite reversé à la CGT de la Sam.
    L’argent récolté sera ensuite reversé à la CGT de la Sam. C. M.
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Jennifer FRANCO

Vendredi, ils ont exprimé leur colère dans la rue et ont souhaité sensibiliser le grand public.

L’image peut, à première vue, heurter. Mais, pour la centaine d’éleveurs de brebis, venus de l’Aveyron, de la Lozère, de l’Hérault et du Gard, vendredi matin, pour déverser leur colère dans la rue face aux attaques en série dont leurs troupeaux sont victimes, l’exhibition des carcasses mutilées avait pour but d’alerter le grand public qui ne connaît pas ou ne comprend pas toujours, selon la profession, la réalité de leur quotidien. "Nous montrons un spectacle affligeant, nous sommes désolés, mais il faut que l’opinion générale soit au courant de la menace qui pèse sur l’élevage de plein air", plaidait sur place, Mélanie Brunet, la présidente du Cercle 12, tout en participant à la distribution de flyers pour sensibiliser passants et automobilistes. "On ne peut pas laisser le loup s’installer sur le Larzac !"

" Il faut une brigade loup "

En investissant la place du Mandarous, puis en défilant ensuite jusqu’à la préfecture, c’est toute une profession qui est venue demander à l’État "de ne pas les abandonner" et "d’intervenir au plus vite pour protéger leurs cheptels" face au loup qu’ils accusent. Dans le cortège, Aurélien Enault et Carole Parodi, dont l’exploitation située à La Courvertoirade, a été visée cette semaine. Ces jeunes agriculteurs se sont installés il y a un an à la ferme du Cun. Le 13 décembre, "on a perdu trois brebis, et deux autres ont dû être euthanasiées. Là aussi, les chiens de protection et la surveillance permanente n’ont pas suffi à protéger nos 400 brebis", confiaient-ils, venus jusqu’à Millau, au volant de leur tracteur, répondant à l’appel du Cercle 12, l’initiateur du rassemblement.

Toujours selon Mélanie Brunet, "depuis le 15 septembre, 80 brebis ont été tuées sur le Larzac". D’ailleurs, une pancarte rappelant chacune des attaques a été apposée sur les grilles de la sous-préfecture, où en fin de matinée, une délégation a été reçue. Hippolyte Bara, éleveur de brebis viande sur la partie héraultaise du sud du Larzac, à Saint-Étienne-de-Gourgas, était lui aussi, venu donner de la voix. En un an et demi, son exploitation a subi pas moins de six attaques, représentant une vingtaine de bêtes tuées. "Le loup a été identifié et reconnu sur les premières attaques après une longue bataille. Cela fait un an que l’on subit les prédations. On essaye de protéger les bêtes en les faisant rentrer, en mettant des chiens de protection, en demandant des tirs de défense renforcés, mais cela ne suffit pas. La moindre faille est exploitée par le loup."

Hippolyte a fait le déplacement pour apporter "[son] soutien aux agriculteurs nouvellement prédatés, pour communiquer auprès des gens sur ce qu’est le loup en réalité pour les acteurs du monde, et montrer à l’état que nous sommes solidaires dans cette problématique, et qu’il faut plus de réactivité pour nous aider à la gérer."

La profession en appelle aujourd’hui au gouvernement pour défendre les éleveurs en ayant recours "à la louveterie mais pas seulement. Il faut également la brigade loup. Il faut rappeler que les louvetiers sont des bénévoles, ils sont très présents mais attendent que la préfecture les envoie sur le terrain. Maintenant, il faut continuer à travailler pour obtenir notre brigade loup". Pour rappel, il n’en existe qu’une seule en France, dans les Alpes.

Avec une cinquantaine de brebis tuées en un peu plus d’un mois, la profession ne veut pas revivre les années noires de 2016 et 2017…

"Nous avons obtenu deux tirs de défense renforcés et la louveterie qui devrait être sur le terrain dès lundi, c’est un bon début. Nous avons été entendus. Le sous-préfet qui s’est excusé pour le retard pris en réaction à la récurrence de ces attaques et pour ne pas avoir pu être là, nous recevra ce mardi 21 décembre."

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