Aveyron : l’écrevisse à taches rouges touchée mais pas coulée

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  • L’espèce n’est pas totalement éradiquée localement, maiselle n’a toujours pas été observée ailleurs en Europe.
    L’espèce n’est pas totalement éradiquée localement, maiselle n’a toujours pas été observée ailleurs en Europe. Repro CPA
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Xavier Buisson

Plus de 5 000 individus de cette espèce invasive ont été capturés par les acteurs de terrain. Une forte mobilisation pour un enjeu d’importance, puisque à l’échelle européenne, cette espèce n’est présente que dans l’Aveyron.

Trois ans après les premiers signalements, l’origine du mal reste inconnue, de même que ses conséquences éventuelles sur l’écosystème. "Les premiers spécimens ont été repérés en septembre 2019, et nous nous sommes immédiatement rendus sur le terrain pour des opérations de prospection et de piégeage", explique Marion Sudres, directrice du Syndicat mixte de bassin-versant Aveyron amont (SMBV2A).

C’est un pêcheur qui, le premier, repère la présence de l’écrevisse à taches rouges dans l’un des affluents de la rivière Aveyron. Il s’agit de la première fois que cette espèce, connue pour les ravages qu’elle a déjà générés entre le Canada et les États-Unis, est signalée dans les eaux européennes.

L’affaire est prise très au sérieux par l’ensemble des partenaires qui se sont documentés sur cet animal inconnu de nos contrées.

Depuis lors, l’écrevisse à taches rouges a subi de lourdes pertes. À hauteur de plus de 5 000 individus "détruits" selon le terme consacré, par une équipe d’une dizaine de spécialistes rassemblant Fédération de pêche, office de la biodiversité, Direction départementale des territoires, syndicat de rivière et collectivités concernées. Sans oublier le précieux renfort de deux spécialistes nationaux comme le docteur Grandjean, spécialiste des écrevisses et qui a officialisé les spécimens capturés dans l’Aveyron comme "taches rouges" après des tests ADN.

Objectif : "Les éradiquer"…

"C’est une espèce omnivore, qui va profiter des ressources en place. Éradiquer ou tenter d’éradiquer une espèce d’écrevisse, c’est une première pour nous", expliquait au cœur de la campagne d’éradication Martine Guilmet, hydrobiologiste à la Fédération de pêche de l’Aveyron.

De jour comme de nuit et dès que la température des eaux remonte, ce qui fait sortir les écrevisses de leurs cachettes, les équipes sont entrées en piste pour des actions de piégeage et prospection, diurnes comme nocturnes. La réactivité des équipes d’intervention a été très précieuse, permettant vraisemblablement de circonscrire le phénomène et d’éviter une propagation potentiellement très coûteuse, en termes financiers mais aussi écologiques. Éviter aussi, pourquoi pas, le schéma observé depuis l’introduction, à la fin des années 1970, de sa "cousine" l’écrevisse de Louisiane, aujourd’hui très présente en France.

Il est ressorti des analyses que beaucoup de ces écrevisses à taches rouges sont infectées par la peste de l’écrevisse et porteuses sains de la maladie. Ce qui n’est, pour l’heure, pas le cas des autres espèces présentes dans le département.

Aujourd’hui, l’espèce n’est pas totalement éradiquée localement, mais elle n’a toujours pas été observée ailleurs en Europe. "Les experts nous ont permis de mettre en place des protocoles efficaces", se souvient Marion Sudres, qui poursuit : "Le fait de travailler ensemble nous donne l’espoir de pouvoir l’éradiquer sur le sol européen… Il nous reste encore, a minima, deux à trois ans de travail".

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