Rodez. Aveyron : aider les éleveurs en souffrance et protéger leurs bêtes
Une cellule spécifique, pour mieux alerter et accompagner les agriculteurs en détresse, sera installée le 22 décembre prochain en Aveyron.
Il y a quelques semaines, une vingtaine de vaches et de cochons étaient retrouvés mort, dans une exploitation de Conques-en-Rouergue, laissés sans eau, ni nourriture par leur propriétaire, un agriculteur malade. Ce fait divers a sans aucun doute servi de coup d’accélérateur dans la mise en place d’une cellule départementale de prévention en élevage qui sera installée mercredi 22 décembre par la préfète de l’Aveyron, au sein de la chambre d’agriculture. Celle-ci, émanant de la loi visant à lutter contre la maltraitance animale adoptée en 2016, aurait pourtant pu être mise en place depuis 2018, mais le peu d’enthousiasme des acteurs du monde agricole a freiné le processus.
C’est une intervention de Noël Entraygues, éleveur de vaches sur l’Aubrac et membre de la Coordination rurale, il y a un an, qui a relancé ce processus. " À l’époque, j’avais alerté, notamment le député Mazars, sur un dossier qu’on a eu à traiter d’un cas similaire à celui de Conques auquel j’avais été confronté près de mon exploitation, détaille-t-il, satisfait de voir les lignes enfin bouger. J’ai été confronté à ce problème et j’ai pu constater qu’il y avait de grosses lacunes au niveau de la prise en charge du signalement dans notre département. Ce qui m’avait surpris à l’époque, c’est que lors d’une réunion sur un dossier dans lequel j’avais lancé une alerte, le représentant de la chambre d’agriculture me disait que sur le papier, tout allait bien. Je me suis aperçu qu’il y avait un gros décalage entre l’administration et la réalité du terrain, où les voisins et les amis de l’éleveur sont bien conscients qu’il y avait un problème. "
Un suivi régulier et des contrôles
Jacques Molières, le président de la chambre d’agriculture de l’Aveyron reconnaît ces dysfonctionnements. "Ce qui s’est passé à Conques n’est pas normal, convient-il. L’information de la souffrance de l’éleveur aurait dû nous arriver plus tôt. Ce n’est pas acceptable." La cellule doit permettre de mieux prévenir ces situations entraînant des cas de souffrance animale. Car si la MSA a bien un dispositif d’accompagnement pour les agriculteurs en difficulté, rien n’existait jusque-là pour faire le lien entre une situation de santé (mentale ou physique) problématique et les conséquences sur ces animaux.
Les différentes structures de cette nouvelle cellule (lire par ailleurs) auront donc pour mission, lorsqu’un cas d’éleveur en souffrance sera identifié, de prévenir la cellule et de déterminer les mesures d’accompagnement nécessaires ciblées pour prendre en charge tant l’exploitant que ses animaux. Un calendrier de suivi et un contrôle régulier de la situation seront alors mis en place, avec la chambre d’agriculture à la manœuvre.
Si elle ne résoudra pas forcément tous les problèmes, notamment pour les cas très isolés, cette cellule est également une réponse sociétale, dans une ère où les agriculteurs sont de plus en plus surveillés sur la question du bien-être et de la souffrance animale. "C’est de notre responsabilité d’alerter quand il y aura des cas de maltraitance animale de la part d’un agriculteur qui ne respecte pas les règles ou en difficulté moralement, reprend Jacques Molières. Ces deux points sont souvent liés." La structure sera donc installée cette semaine et les différents partenaires s’occuperont de communiquer sur son existence auprès du monde agricole, afin qu’elle puisse être utile le plus rapidement possible.
Cela ne brisera pas forcément totalement l’omerta qu’il y a dans un monde qui a longtemps eu l’habitude de vivre caché et de régler ses problèmes dans son coin, au risque qu’un jour, comme à Conques, un drame arrive, mais désormais les éleveurs le savent, ils ont un nouveau dispositif qui peut les accompagner s’ils ont besoin d’aide.
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