Decazeville. Une randonnée de soutien à la fois digne et imposante

Les salariés de la fonderie Sam et leurs représentants du personnel ne manquent pas d’initiatives pour afficher au grand jour leur lutte et réunir la population. La dernière en date a été l’organisation d’une randonnée pédestre, dimanche. Environ 800 personnes ont répondu présent. "Étant donné que cette marche s’est déroulée un dimanche matin, nous avons eu des soutiens qui ne sont pas forcément disponibles en semaine du fait de leur travail par exemple", soulignaient les organisateurs. Ce sont ainsi ajoutés dans le cortège des gens du sud du Cantal et de l’est du Lot.

Prenant la parole, Yves Lacout, jeune retraité de l’Éducation nationale et fin connaisseur des luttes ouvrières, en a profité pour retracer à grands traits les combats sociaux qu’ont menés les mineurs depuis le XIXe siècle : 1867, fusillade meurtrière au plateau des forges au Gua ; 1886, défenestration du sous-directeur Jules Watrin à Decazeville ; 1961-1962, grande grève des mineurs de fond du Bassin, 60 ans après. On comprend aussitôt le symbole de cette marche "des fondeurs aux mineurs" et le choix du site pour ce rappel historique. Yves Lacout a ponctué son discours ainsi : "Les luttes de nos aïeux ne furent pas vaines. La détermination des mineurs de 1961-1962 éclaira de nombreux mouvements partout ailleurs et préfigura la grande grève nationale des mineurs en 1963. Elles éclairent la lutte actuelle de l’usine Sam, nous voulons toujours vivre et travailler au pays."

Le retour de la rando s’est effectué par la zone du Centre et le long de la D840, avec beaucoup de dignité. Les participants, unis derrière les grévistes, ont apprécié cette manifestation originale.

Jeudi 23 décembre, les salariés recevront les "Molex", une autre triste page sociale des équipementiers automobiles qui n’en finissent pas de fermer leurs portes dans l’Hexagone.