Au marché décalé de Rodez, le repas de fête est dans toutes les têtes !

Fêtes de fin d’année obligent, les marchés de plein vent hebdomadaires des samedis 25 et 31 décembre ont été avancés d’un jour au grand désarroi d’une partie des commerçants non sédentaires qui l’animent. Un sentiment facile à comprendre au regard de la physionomie du marché vendredi matin. Partout, des espaces vacants entre les stands marchands. "Ce jour-là, beaucoup d’entre nous ont leurs habitudes ailleurs", explique un apiculteur du Viala-du-Tarn. Et visiblement l’homme sait de quoi il parle puisque le vendredi, comme beaucoup de ses collègues, il est habituellement sur le marché d’Espalion. Toutefois, à choisir entre les deux rendez-vous, c’est tout naturellement sur le marché ruthénois que son choix s’est porté.

Papillon au fourneau

" Le marché du chef-lieu est beaucoup plus fréquenté et cela se ressent directement à l’heure de faire les comptes ", sourit l’apiculteur. Pour autant, au regard de la faible fréquentation constatée dans les allées vendredi matin, les recettes ne devraient pas battre des records. " Moi j’ai bien travaillé quand même, tempère-t-il, mais d’après ce que j’ai entendu ici et là, ce n’est pas le cas de tout le monde. "

Daniel Papillon est de ceux-là. Sur son stand installé en plein courant d’air, au beau milieu de la rue Frayssinou, l’homme n’a vu passer quasiment personne. Et pourtant le retraité commerçant propose à la vente tous les produits de circonstance : foie gras, volailles, etc.

"C’est désolant mais c’est comme ça, déclare-t-il, lucide. Les gens sont tous dans les grades surfaces. J’ai même entendu qu’Amazon allait bientôt commercialiser des produits frais." Loin de se laisser abattre, Daniel Papillon préfère plutôt mettre à profit ce temps disponible pour finir de concocter les petits plats qui devraient régaler ses trois convives ce midi. "Je suis allé acheter des noix de Saint-Jacques – il y en aura trois par personne – et des moules pour l’entrée. Je vais les préparer et les agrémenter d’une sauce persillée, indique Daniel Papillon les yeux brillants de gourmandise. En guise de viande j’ai privilégié un bon poulet fermier, avec des pommes de terre et des petits légumes. Pour le dessert, je me suis réservé plusieurs options, selon les goûts de chacun. On verra bien", poursuit le retraité en commençant à remballer son stand. "C’est fini là, les gens ne viendront plus, alors je n’insiste pas, d’autant que mes invités attendent."

Pour le vendeur de poulets grillés voisin Noël se fera "les pieds sous la table. Ce soir, nous allons manger chez mes parents et demain midi (ce samedi), nous irons manger chez mes beaux-parents. J’apporterai à boire, mais je ne sais même pas ce que nous allons manger. Ça tombe bien, j’adore les surprises", lâche le jeune entrepreneur en rigolant.