Aveyron : moins de fermes, mais "à taille humaine"

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  • L’Aveyron a perdu 1 500 exploitations en dix ans. Néanmoins, le département a enregistré de nombreuses installations.
    L’Aveyron a perdu 1 500 exploitations en dix ans. Néanmoins, le département a enregistré de nombreuses installations. Archives CP
Publié le
Philippe Henry

Le dernier recensement agricole fait état d’une baisse conséquente du nombre d’exploitations en Aveyron, de l’ordre de 1 500 en 10 ans. En parallèle, de nombreux jeunes se sont installés, ont repris des exploitations. Même si l’équilibre reste fragile.

Deuxième superficie agricole de France, le panorama en Occitanie pourrait se résumer ainsi : des exploitations moins nombreuses pour une surface utilisée de même ordre, le maintien des surfaces en prairies, etc. Les cheptels bovins et volailles diminuent, celui des ovins est constant. Le nombre d’emplois agricoles recule alors que l’âge moyen des exploitants augmente et la féminisation est stable.

En 2020, 64 300 exploitations agricoles ont leur siège de production en Occitanie, soit 14 000 de moins qu’en 2010. Cette diminution régionale est moindre qu’à l’échelle nationale (- 21 %) et son rythme ralentit.

En Aveyron, cette tendance s’atténue. En 2010, le département comptait 9 094 exploitations contre 7 636 en 2020 (- 16 %). La superficie agricole utilisée (SAU) est elle aussi en diminution, de 2,5 % pour 508 966 hectares.

Moins 10 % en 10 ans

Autre donnée importante : le nombre de chefs d’exploitation chute. En 2020, ils étaient 10 634, soit une baisse de 10 %. 29 % sont des femmes, ce chiffre est stable depuis 2010.

Aussi, 1 948 fermes sont concernées, soit 26 % des exploitations, dans les trois prochaines années par la situation où le chef d’exploitation a plus de 60 ans.

Chiffre inquiétant, 737 agriculteurs ont répondu ne pas savoir quel sera le devenir de leur ferme. Aussi, l’âge moyen de ces derniers est en augmentation (51 ans, soit 2 ans de plus qu’en 2010). "Il y a quelques années on pouvait compter un agriculteur remplacé pour quatre départs. Aujourd’hui c’est plutôt deux agriculteurs remplacés pour trois départs, plaide Jacques Molières, le président de la chambre d’agriculture. L’Aveyron est un des départements où l’on compte le plus de jeunes qui s’installent." Mais, "dans l’avenir, tout le défi sera de trouver des bras pour assurer le travail dans les exploitations, poursuit-il. On doit changer l’image de l’agriculture et du travail manuel en général, les mentalités doivent évoluer."

Autre donnée de ce recensement agricole : la majorité des exploitations aveyronnaises sont considérées comme "petites", 2 749 recensées dégagent un chiffre d’affaires situé entre 25 000 et 100 000 €. "Nous travaillons sur plusieurs dossiers afin de pouvoir faciliter la transmission. On s’aperçoit que cela va devenir difficile. Mais l’agriculture a toujours été confrontée à nombreux défis. Et cela en fait partie."

Une agriculture à taille humaine

En 2010, le département en comptait 3 588. En revanche, le nombre de grandes exploitations est en augmentation : il passe de 385 en 2010 à 454 en 2020. Pour ces dernières, la surface agricole utilisée passe de 49 932 à 71 493 hectares. "La très grande majorité des fermes aveyronnaises sont d’une taille d’environ 50 hectares, explique Jacques Molières. Ici, l’agriculture reste à une échelle humaine."

Concernant les orientations de la ferme aveyronnaise, les agriculteurs restent principalement sur la filière bovin viande.

En 2010, on comptait 3 190 exploitations pour 2 697 en 2020. Pour le président de la chambre d’agriculture, ces chiffres ne remettent pas en cause l’importance de l’agriculture dans le département et encore moins en Occitanie.

Dans un même temps, le nombre d’exploitations bénéficiant d’un signe officiel de qualité a diminué de l’ordre de 20 %, en dix ans. "Pour autant, les produits de qualités sont là, avec une forte valeur ajoutée, insiste Jacques Molières. Et l’identité du département doit être affirmée à travers ses produits. Nous ne sommes pas dimensionnés pour être intégrés dans une ferme mondialisée."

Alors que l’agriculture biologique a connu une hausse exponentielle, de l’ordre de 134 %, le président de la chambre d’agriculture explique aussi "que de nombreux moyens existent aujourd’hui pour se démarquer. Il reste encore des marchés à prendre, je pense notamment à des villes comme Toulouse ou Montpellier. Qui imaginait il y a 20 ans de ça, que l’on trouverait de la viande d’Aubrac sur la table de nombreux restaurants parisiens ?".

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