Rodez. Aveyron : l'héritage du château du Bosc, retour sur des années de procédures

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  • Corinne et Jean-Claude Putzola, à la sortie du tribunal de Rodez.
    Corinne et Jean-Claude Putzola, à la sortie du tribunal de Rodez.
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Mathieu Roualdés

Jusqu'au Nouvel an, Centre Presse vous propose une rétrospective des événements qui ont marqué l'Aveyron durant cette encore difficile année 2021. Société, culture, sports, faits divers ou sociaux, visites et autres : jetons un oeil dans le rétro pour ne pas tout oublier ! A suivre aussi tous les jours dans votre journal.

Accusés d’avoir détourné l’héritage du château du Bosc aux ayants droit naturels de Nicole Tapie de Celeyran, descendante du peintre Toulouse-Lautrec et occupante historique des lieux avant son décès en 2016, Corinne et Jean-Claude Putzola ont été relaxés par le tribunal de Rodez, en septembre. Le parquet a fait appel de cette décision et un nouveau procès aura lieu devant la cour d’appel de Montpellier. Celui de Rodez, en juin, avait duré près de huit heures,. L’occasion de remonter le fil chronologique d’une affaire extraordinaire.

26 août 2015 : Corinne Putzola, éleveuse de volailles à Lodève dans l’Hérault, et son mari Jean-Claude, producteur de musique, participent dans les salons de l’hôtel Mercure à Rodez à l’assemblée générale de l’association en charge du château du Bosc. Ils ont été invités par Agnès, cousine par alliance de l’occupante historique du château et descendante de Toulouse-Lautrec : Nicole Tapie de Celeyran. Les Putzola ne connaissent pas ce château et sont venus à l’invitation d’Agnès qu’ils qualifient de "connaissance". "Je m’y connaissais en administratif", a expliqué Jean-Claude pour justifier de sa présence. Au sortir de l’AG, en présence d’une poignée de personnes et en l’absence de Nicole Tapie de Celeyran, l’association devient un institut. Jean-Claude en est nommé président, son épouse Corinne secrétaire et leur fille trésorière ! Dès le lendemain, le couple se rend pour la première fois au château du Bosc, à Camjac. C’est la première rencontre avec Nicole, "un coup de foudre amical", diront-ils.

1er octobre 2015 : les Putzola, qui passent de plus en plus de temps au château du Bosc, apparaissent dans un premier testament de Nicole, âgée de 90 ans. Celui-ci, signé à 23 heures, avait été rédigé dans l’après-midi par Jean-Claude Putzola. À leurs côtés figurent Agnès et un voisin proche de Nicole. Les Putzola indiquent avoir été "surpris" d’être désignés comme héritiers. "C’était la volonté de Nicole, elle ne voyait quasiment plus sa famille et nous nous étions engagés à s’occuper du patrimoine", expliquent-ils.

4 novembre 2015 : deuxième testament de Nicole. Les Putzola deviennent les seuls légataires avec Agnès, le voisin a disparu… Ce testament est signé par le notaire des Putzola, le premier s’est retiré. Aux enquêteurs, il dira "avoir préféré s’effacer en raison du trouble de ces testaments". Le lendemain, les Putzola obtiendront procuration sur les comptes de Nicole Tapie de Celeyran. "Ses comptes étaient espionnés, elle voulait quelqu’un de confiance", se justifiera Jean-Claude lors du procès.

3 décembre 2015 : un troisième testament est signé. Les Putzola y sont toujours les seuls héritiers avec Agnès. Nicole Tapie de Celeyran confie en même temps 22 hectares de terre au couple, via un bail à fermage. Elle leur octroie aussi un prêt de 20 000€, remboursable sur 10 ans… à compter de 2019. "Lors du dernier remboursement, Nicole aurait donc eu 105 ans !", s’étaient étonnés les avocats de la partie civile lors du procès. "Nous étions ses seuls interlocuteurs quand sa famille faisait la sourde oreille, c’était sa volonté", répondra Jean-Claude Putzola.

24 avril 2016 : quatrième et dernier testament. Cette fois, les Putzola sont les seuls héritiers du château, son mobilier, les jardins… Agnès a disparu, "elle ne s’entendait plus avec sa tante", expliquera le couple. Au château du Bosc, certains s’inquiètent de ne plus pouvoir rencontrer Nicole seule. La ligne téléphonique a été changée. Avant le testament, un acte de donation a été enregistré, il exonère les Putzola des droits de succession estimés à 600 000€. "Nicole était alerte, en pleine forme. On la pensait immortelle et elle a décidé de tout", témoigne Corinne.

5 juin 2016 : une cousine de Nicole Tapie de Celeyran, héritière naturelle, écrit une lettre au procureur de la République de Rodez pour dénoncer ces actes. Une enquête est ouverte par le SRPJ de Toulouse, l’instruction durera plus de deux ans. Les Putzola sont poursuivis pour "faux", "abus frauduleux de l’ignorance ou de la faiblesse d’une personne vulnérable", "abus de confiance" et "escroquerie". Le château du Bosc, lui, sera saisi un an plus tard. Quinze descendants de Nicole Tapie de Celeyran, célibataire et sans enfants, se constitueront partie civile aux côtés du Musée Toulouse-Lautrec d’Albi.

12 août 2016 : Nicole Tapie de Celeyran décède dans sa 92e année. Les Putzola apparaissent sur l’avis de décès, aux côtés de la famille de la défunte.

5 décembre 2019 : un article de l’hebdomadaire Le Point révèle l’affaire sous le titre "Quatre testaments et un enterrement".

2 juin 2021 : Corinne et Jean-Claude Putzola comparaissent devant le tribunal de Rodez. Le procès dure près de huit heures. A la barre, devant les plaignants, le couple dénonce "une instruction à charge" et assure que "tout a été fait selon la volonté de Nicole". "Aujourd’hui, il y a du monde mais à la fin de sa vie, elle était seule et nous étions les seuls à vouloir s’occuper du château", fait savoir Jean-Claude Putzola. Son conseil, Me Élian Gaudy, plaide "le droit et pas la morale" : rien pour lui ne permet de condamner ses clients. Le procureur, Bernard Salvador, requiert la restitution du château du Bosc aux plaignants et 18 mois de prison avec sursis à l’encontre des deux prévenus. La décision est mise en délibéré.

15 septembre 2021 : le couple Putzola est relaxé. "Notre honneur est sauf. Aujourd’hui, c’est la victoire de Nicole. Elle doit être heureuse de là-haut. La faire passer pour une débile, c’était malsain. Ce château, on ne le voulait pas, c’est davantage une corvée qu’autre chose", réagissent-ils.

21 septembre 2021 : le procureur de Rodez, Olivier Naboulet, annonce faire appel de la décision. Un nouveau procès se tiendra devant la cour d’appel de Montpellier. Quand ? Cela devrait attendre encore quelques mois, voire années.

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