Aveyron : le développement des énergies renouvelables en question

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  • Lors de la dernière session de la chambre d’agriculture, une motion relative aux projets photovoltaïques sur les terres agricoles a été votée.
    Lors de la dernière session de la chambre d’agriculture, une motion relative aux projets photovoltaïques sur les terres agricoles a été votée. Archives JAT.
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Philippe Henry

Plusieurs associations montent au créneau pour dénoncer l’implantation de nouveaux parcs éoliens ou photovoltaïques en Aveyron. À l’été 2021, le département comptait 156 éoliennes en service, et 28 étaient en construction.

Depuis quelques mois maintenant, des associations de riverains, mais également des élus ou des représentants consulaires, la chambre d’agriculture en tête, entendent dénoncer les projets éoliens ou photovoltaïques qui ont émergé tout récemment.

Une inquiétude ravivée par la multitude de projets qui ont été dévoilés ces derniers temps.

Par exemple, l’association Vent des Crêtes, basée dans le Cantal, a lancé une pétition contre l’implantation à venir de 14 éoliennes de 190 mètres de hauteur, sur le plateau de Vernet à Badailhac et six éoliennes de 200 mètres à Escoubiac, frontalières du département de l’Aveyron. Depuis les communes de Mur-de-Barrez et de Taussac ces mâts seront bien visibles. Le maire de Taussac, Raymond Cayzac, a d’ailleurs assuré "ne pas être favorable à ce projet qui n’apporte rien". Sauvegarde du Carladez, dont le siège est à Thérondels, relaie de cette pétition.

Du côté d’Olt-et-Rhinodes, une association "Pour la défense du patrimoine et des paysages de l’Ouest Aveyron" vient de naître. Ses membres s’opposent à l’implantation d’un parc éolien sur leur commune alors "que la population n’a pas été préalablement consultée, ni informée par les investigateurs".

Plus récemment, lors de la dernière session de la chambre d’agriculture, fin novembre, une motion "relative aux projets photovoltaïques sur les terres agricoles", proposée par la Confédération paysanne, a été votée. En substance, la motion dénonce "une spéculation sur le foncier, une concurrence entre destination alimentaire et énergétique des surfaces agricoles". "En effet, dans un milieu rural en déprise avec une faible densité de population et des communes plutôt endettées, les surfaces a priori disponibles sont grandes et le coût marginal de l’installation des panneaux est meilleur que dans d’autres contextes (toitures, friches industrielles, parkings, etc.)", poursuivent les auteurs de la motion.

Énergies positives

Pour le président de la chambre d’agriculture, Jacques Molières, la question des énergies renouvelables "doit respecter des équilibres. La dimension économique ne doit pas entrer en jeu. Il doit y avoir un équilibre entre le territoire et ses habitants".

D’ailleurs, lors d’une visite dans le département à Rulhac, en août 2019, Emmanuelle Wargon, alors secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire, soulignait à propos de l’acceptabilité des projets : "On ne peut plus laisser faire les choses comme elles se déroulent depuis trop longtemps, les pratiques des opérateurs éoliens devront changer." Un laisser-faire qui exaspère aujourd’hui plus d’un acteur politique ou associatif du département.

Alors que l’Aveyron contribue "largement au développement des énergies positives, assure Bruno Ladsous, responsable Occitanie de l’association TNE Environnement. Le département est déjà un territoire à énergie positive. Je rappelle qu’il est le premier contributeur de la production régionale sur l’hydraulique et l’éolien."

Bruno Ladsous poursuit : "Le département souhaite attirer de nouveaux habitants. Mais franchement, comment peut-on penser pouvoir attirer du monde si le territoire est mité, avec pour conséquence de faire chuter le prix de l’immobilier et de dénaturer les paysages ?"

Des associations comme TNE Environnement propose déjà "d’améliorer le potentiel hydroélectrique, de mettre l’accent sur le bois-énergie, le biogaz, la géothermie ou le photovoltaïque, sans utiliser des surfaces agricoles ou pastorales". "Et si nous perdons 50 % des recours actuels, l’éolien installé en Aveyron représentera 500 MW, soit un tiers de la puissance éolienne installée en Occitanie, avertit Bruno Ladsous. C’est beaucoup trop pour un territoire comme le nôtre."

 

En chiffres

  • 156 éoliennes sont en service en Aveyron, d’après les chiffres du collectif CO-27-XII Environnement. L’état des lieux date d’août 2021.
  • 28 éoliennes étaient en construction ou en attente, fin août 2021.
  • 105 recours ont été dénombrés par l’association.
  • 92 projets ou avant-projets ont été répertoriés par le collectif CO-27-XII. Dans le détail, 41 mâts seraient en instruction ou en pré-instruction et 51 seraient au stade de pré-projet ou en prospective active.
  • Entre 89 et 131 projets auraient été abandonnés ou resteraient pour l’heure en sommeil. Des projets situés sur le Causse Comtal, dans le Nord et le Sud Aveyron ou sur le Lévezou, toujours d’après les données collectées par le collectif qui regroupe 27 associations du département.
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