Millau, départ de GPS de sport
McLloyd est une entreprise de haute technologie dans le sport professionnel. Dans son usine de fabrication implantée à Millau depuis 2019, elle développe des traceurs GPS pour les joueurs de Ligues 1 et 2, de Top 14, Pro D2, les équipes olympiques en match et à l’entraînement. Entretien avec son fondateur.
Pierre-Arnaud Coquelin, comment vous êtes-vous lancé dans l’univers du sport tracking ?
J’ai 40 ans. J’ai une formation de mathématicien, je suis diplômée de l’école normale supérieure et j’ai fait une thèse à l’école polytechnique. J’ai d’abord créé, lorsque j’habitais à Lille, une première entreprise de logiciel de prévision de vente pour la grande distribution qui s’appelle Vékia. Elle existe encore et compte une centaine de salariés. Je l’ai vendue en 2012 à un fonds d’investissement et je suis venu m’installer dans le Sud-Aveyron, aux alentours de Millau, à Boyne. Un territoire que je connais bien puisque j’ai été moniteur de kayak dans les gorges pendant plusieurs saisons. C’est là que j’ai lancé McLloyd mais aussi Tita, un groupe plus grand auquel mon entreprise appartient et que je préside. Il compte environ 250 salariés et a trois activités : une filière technologie avec McLloyd et des sociétés sœurs ; une filière restauration rapide avec une soixantaine de restaurants dans trois chaînes différentes ; et filière immobilière.
Comment est née McLloyd ?
Le concept est né d’une rencontre lorsque j’ai vendu mon appartement de Lille. L’une des personnes qui l’a visité est Alexandre Marles. à l’époque, il était le préparateur physique de l’équipe de France de football lorsque Laurent Blanc en était l’entraîneur. On a entamé la discussion autour du sport et des nouvelles technologies. Il m’a parlé de GPS qui étaient en train de naître dans le monde sportif en Australie. Il m’a mis en contact avec des entraîneurs, Claude Onesta (handball), Laurent Blanc... J’ai échangé avec de nombreux coaches et je me suis rendu compte qu’il y avait un besoin non couvert en France. McLloyd est née en 2013.
Votre site de production se trouve à Millau…
Si le siège de McLloyd est basé à Paris, l’atelier de production est basé à Millau depuis 2019. Celui de R&D est à Montpellier. Le bureau sport, lui, est à Miami aux États-Unis. Quatre personnes travaillent sur le site de Millau, deux opérateurs, un chef d’atelier et la responsable de site. Tout est conçu à Montpellier et réalisé par des sous-traitants français. Puis, tout est assemblé, testé et expédié de Millau. Cela représente entre 5 000 et 10 000 boîtiers par an.
En bientôt 9 ans, vous vous êtes fait une place de choix sur un marché concurrentiel.
Le principe est assez basique en réalité. Il y a quinze ans, on mettait des GPS TomTom dans nos voitures que l’on fixait à nos pare-brise. À la même période, il y a une entreprise australienne, Catapult, leader aujourd’hui sur le marché, qui a eu l’idée de mettre un GPS sur le dos des joueurs pour en tirer des informations intéressantes pour le jeu, la préparation physique. Le procédé a d’abord été testé dans le football australien puis, cela s’est ensuite développé dans le rugby à VII, à XIII, et à XV. C’est arrivé en Europe à travers le rugby puis cela s’est diffusé au foot. En 2012-2013, le concept était un peu embryonnaire. McLloyd a décidé de s’engouffrer dans ce marché pour apporter un gain de précision. McLloyd est essentiellement présent en France, au Benelux et au Maghreb du Nord, ainsi qu’aux États-Unis et au Canada. On a environ 150 clients. L’Australien Catapult et l’Irlandais STATSports sont les leaders du marché mondial. McLloyd est quatrième.
Comment le système fonctionne-t-il ?
Concrètement, le GPS est placé sur le dos d’un joueur. Cela le localise, il mesure la vitesse à laquelle il court, les distances, les accélérations et les décélérations. Mais aussi les changements de direction, les chocs, les postures, à quelle hauteur il saute, les dépenses énergétiques, la fréquence cardiaque, la consommation d’oxygène, etc. Au total, il y a 240 indicateurs potentiellement analysables. Ces chiffres peuvent être envoyés en direct ou après, cela dépend de chaque club. Par exemple, ces GPS sont utilisés à tous les entraînements par les clubs de rugby de Top 14, Pro D2 et Fédérale 1. Et par la plupart des clubs de football élite aussi.
Quel est l’objectif ?
Le recueil de tous ces chiffres sur la dimension physique des joueurs à l’entraînement et pendant un match, sert essentiellement à être en forme le jour J et manager la charge d’entraînement ; gérer l’état de forme du joueur ; l’anticipation et la rééducation à la suite de blessures. En club pro ou semi-pro, entre un tiers et un quart des joueurs sont blessés. Le GPS permet donc de donner des indicateurs pour savoir si le joueur blessé a retrouvé son niveau athlétique normal et si on peut le réintégrer dans le groupe.
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