"Seuls les chirurgiens esthétiques, les dermatologues et les médecins formés peuvent faire des injections" (Dr Adel Louafi)

  • Le Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique se mobilise et alerte les pouvoirs publics sur les dangers liés à l'activité des "injectrices illégales".
    Le Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique se mobilise et alerte les pouvoirs publics sur les dangers liés à l'activité des "injectrices illégales". Liderina / Shutterstock
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Les injections de toxine botulique et autres produits de comblement sont devenues monnaie courante dans le monde, et avec elles des dérives que les professionnels dénoncent aujourd'hui. Le Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE) s'est réuni ce jeudi pour alerter les pouvoirs publics sur les dangers liés à l'activité de ce qu'ils appellent eux-mêmes les "injectrices illégales" - ou "fake injectors" - à savoir des personnes non habilitées, et non autorisées, à pratiquer ces injections, susceptibles de causer des effets indésirables graves. Le Dr Adel Louafi, président du Syndicat, nous en dit plus sur ce fléau, et cette mobilisation.

Qu'est-ce que les "injectrices illégales" ?
Les injectrices illégales sont des personnes non qualifiées qui ne connaissent pas l'anatomie du visage, ni les règles d'asepsie. Elles ne sont ni chirurgiens esthétiques, ni dermatologues, ni médecins formés à l'anatomie et aux techniques d'injection. Ce sont parfois de simples particuliers, ou des esthéticiennes, des infirmières, voire des 'cosmétologues russes' qui apparaissent puis disparaissent dans la nature.

Comment opèrent-elles sur les réseaux sociaux ?
Les injectrices illégales recrutent sur les réseaux sociaux, en particulier sur Instagram, avec parfois l'aide d'influenceuses qui prêtent leur notoriété pour encourager ce trafic illégal. Elles ont pignon sur rue sur Instagram, et elles n'hésitent pas à parler de 'rhinoplastie médicale' et d'injections dans le visage. Les victimes sont quant à elles le plus souvent des jeunes filles.

Quelles sont les conséquences pour le public, et notamment pour les plus jeunes ?
Nous voyons de plus en plus d'inflammations chroniques liées à des injections sauvages, mais aussi des cas beaucoup plus graves de nécrose, c'est-à-dire de gangrène et de brûlure grave du visage, de pertes de vision et d'accidents vasculaires cérébraux. Ces complications gravissimes ne sont pas dues au produit, mais à la façon de l'injecter. Si on ne connaît pas l'anatomie détaillée de la face, on peut injecter dans des artères, et les boucher; ce qui entraîne une gangrène de la peau, et cela peut remonter dans les artères de l'œil ou du cerveau car tous ces vaisseaux communiquent entre eux. D'autres problèmes vont apparaître à cause de la réutilisation d'aiguilles souillées qui transmettent de nombreux virus, dont le VIH et l'hépatite C.

Est-ce que le Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE) a déjà entrepris des démarches pour mettre fin à ces pratiques ?
Le SNCPRE a lancé neuf plaintes pénales, dans les régions Ile-de-France et Provence-Alpes-Côte d'Azur, avec des copies aux Agences régionales de santé (ARS) et à la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF). Nous avons également écrit au Conseil National de l'Ordre des Pharmaciens pour leur demander l'arrêt de la vente en pharmacie ou en ligne d'acide hyaluronique à des non-médecins.

Toute la profession s'est réunie le 6 janvier pour alerter les pouvoirs publics. Qu'attendez-vous exactement ?
Nous attendons des pouvoirs publics qu'ils nous aident à protéger les Français, et en particulier que la DGCCRF et les ARS puissent faire arrêter immédiatement les activités illégales d'injection. Nous souhaitons également qu'Instagram prenne ses responsabilités sur ce sujet de sécurité sanitaire, et nous demandons aux influenceuses de ne pas associer leur image de marque à ces trafics qui mettent en danger les jeunes filles.

En attendant que les choses bougent plus concrètement, quel message souhaitez-vous adresser à celles et ceux qui seraient tentés par ce type de pratiques ?
Ne vous fiez pas au nombre de followers, ou au badge bleu. Ils ne vous garantissent absolument pas que la personne connaît l'anatomie du visage, ou qu'elle utilise des produits sûrs et pas des contrefaçons dangereuses. Seuls les chirurgiens esthétiques, les dermatologues et les médecins formés peuvent faire ces injections. On n'a qu'un seul visage, on l'a pour toute la vie. Ne confiez pas votre visage à n'importe qui. Sauvez votre visage, sauvez votre peau.

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