Drulhe : Anna-Eva et Fabrice, deux univers créatifs pour un couple d’artistes

Abonnés
  • Le couple d’artiste aux côtés de Bernard de la Bernarderie, l’un des ours créés par Fabrice.
    Le couple d’artiste aux côtés de Bernard de la Bernarderie, l’un des ours créés par Fabrice. Joël Born
Publié le
Joël Born

Tous deux artistes, dans différents univers, Anna-Eva Berge et Patrice Leroux se sont installés, depuis un an et demi, en Aveyron, à la Bernarderie, commune de Drulhe, où ils restaurent un ancien corps de ferme.

Il y a un grand ours devant la maison, vous ne pouvez pas vous tromper…" C’est ainsi que Fabrice Leroux m’avait indiqué le chemin de son chez lui. Enfin le chemin de leur chez eux, à la Bernarderie, petit hameau de la commune de Drulhe, tout près de Lanuéjouls. En effet, on ne peut pas se tromper et vous êtes bien accueillis par Bernard, un immense ours gris, planté sous son petit nuage, œuvre de l’artiste. Plus de trois mètres quand même le Bernard ! Ça interpelle forcément le passant…

Voilà près d’un et demi que Fabrice et sa compagne Anna-Eva ont racheté un vieux corps de ferme, inoccupé depuis des années, que ce couple d’artistes a décidé de restaurer, pour y démarrer une nouvelle vie. Au beau milieu de cette campagne aveyronnaise, qui sait se montrer inspirante.

Appétit créatif

Fabrice est natif de la région parisienne, alors qu’Anna-Eva est originaire des Bouches-du-Rhône. Tous les deux sont passés par la danse et le théâtre. Et c’est justement grâce au théâtre qu’ils se sont rencontrés. Lors d’une pièce que Fabrice interprétait avec le frère d’Anna-Eva… Depuis, chacun a développé son propre univers créatif, mais il leur arrive aussi régulièrement de créer et de travailler à quatre mains. "L’une des passerelles de ma vie a été la découverte de l’art, raconte Fabrice. Cela m’a sorti de mon milieu social. Je viens d’un milieu ouvrier et chez moi, il n’y avait pas d’art. Si, on allait dans tous les musées de savoir-faire et c’est justement dans l’un de ces musées où j’ai eu, encore enfant, mon premier déclic avec les Vanités. Beaucoup de mes questionnements reposent sur le cycle de la vie, le temps qui passe, plus ou moins vite, la fin… Un peu plus tard, adolescent, j’ai eu une deuxième vraie rencontre, avec une pièce de théâtre, Phèdre de Racine."

Tout en apprenant l’histoire de l’art et en travaillant pour payer ses études, Fabrice a fini par réussir à prendre des cours de théâtre. Ce théâtre auquel il a consacré quinze années de sa vie, participant même à la création du théâtre indépendant de la Manufacture des Abbesses, à Paris. Il a fini par quitter la scène et se tourner vers une création plus personnelle, pour laquelle il utilise divers matériaux, dont la cendre et le béton, mais aussi le son, l’image, la photographie, les technologies numériques, les visages et les corps, dont les siens, qu’il n’hésite pas à transformer.

Artiste "visuel", " chercheur de poésie ", Fabrice accomplit performances et résidences artistiques, comme celle de huit semaines, au centre hospitalier de Boulogne-sur-Mer, avec des patients et des soignants. " Lors d’une résidence, on découvre parfois des gens qui ont un véritable appétit créatif, mais qui n’en étaient pas vraiment conscients… " Cet appétit créatif qui nourrit depuis longtemps son univers artistique et ses " tentatives poétiques " de mise en œuvre de ses questionnements. " Tout le monde a besoin de trouver sa place. J’essaye de ne pas me donner trop de limites, car j’ai parfois peur de me figer. Aujourd’hui, on est saturés d’images… J’aime bien imaginer une scénographie pour mes installations. " Mais, au fait, d’où vient cette histoire d’ours ? " Un jour, j’ai trouvé un ours en peluche dans la rue. Je me suis dit, mais comment peut-on abandonner une part de son enfance dans la rue. Je l’ai recouvert de cendre et de résine et depuis Teddy m’accompagne lors de mes résidences. C’est une porte d’entrée dans mon univers. Il gagne tout Teddy. Ça parle à tout le monde un ours en peluche… "

Réflexions géométriques

À travers les installations et réflexions géométriques de son atelier d’immersion lumineuse et obscure (A.I.L.O, prononcez Hello), certaines gigantesques comme celle qui a pris place dans la magnifique et imposante grange de la Bernarderie, Anna-Eva Berge joue avec les miroirs et les reflets, le verre, l’acier, la lumière, les transparences et l’obscurité pour établir un dialogue avec l’espace et les volumes qu’elle occupe. Le résultat est saisissant, captivant. "Les étonnantes créations d’A.I.L.O et leurs jeux d’optique chamboulent nos certitudes et notre perception des éléments, perturbent notre stabilité, nous font rentrer dans l’œuvre, nous en rendent consubstantiels", écrit le critique d’art Louis Doucet. L’une des œuvres d’Anna-Eva est actuellement présentée, jusqu’à début mars, dans l’abbaye royale de Fontevraud, près de Saumur. Le couple travaille régulièrement en duo, Fabrice réalisant généralement un accompagnement sonore et vidéo, pour les installations d’Anna-Eva. Les deux artistes ont déjà rencontré plusieurs responsables culturels du département et visité plusieurs lieux susceptibles d’accueillir leurs créations. Nul doute que le public aveyronnais découvrira prochainement leurs œuvres. Anna-Eva et Fabrice ont plein de choses à vous raconter et à vous faire partager. Comme le suggère Teddy, ralentissez, l’enfance passe trop vite…

Anna-Eva, Atelier d’immersion lumineuse et obscure (A.I.L.O). ailo.fr Fabrice Leroux : fabrice.leroux.com

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?