En un joli tour, deux mains, avec Lætitia, potière à Peyrusse-le-Roc

Assise devant son tour, dans son atelier de Peyrusse-le-Roc, Lætitia Dhugues façonne de ses mains l’une de ses dernières créations : une mangeoire pour oiseau. Le geste est à la fois rapide et précis exprimant tout le savoir-faire de la potière. Voilà bientôt dix ans qu’elle s’est installée dans le village de l’antique Petrucia pour y vivre de son art. Rencontre avec une jeune femme artisan, qui parle de son métier avec enthousiasme. Et passion. Cette passion qui vous permet d’aller de l’avant. Même quand les temps sont difficiles, comme ce fut le cas lors du confinement.

Du tourisme à la poterie

Titulaire d’une licence tourisme en développement touristique local, Lætitia a découvert Peyrusse-le-Roc lors d’un emploi saisonnier au sein du point info du village. Ce fut le coup de cœur. "Jeanne et René Vernhes (NDLR : le sculpteur du village, à qui l’on doit une multitude d’œuvres) m’ont ouvert leurs portes et j’ai décidé de me poser là. Ce fut la révélation. Peyrusse est un endroit magique et les gens m’ont bien accueillie."

La poterie, Lætitia y a véritablement pris goût aux côtés de ses amis potiers de Caylus, Françoise et Jean-Paul Puydebois, avec qui elle avait "déjà mis les mains dans la terre." Après une formation de tournage de plusieurs mois en Bourgogne, terre de tradition potière, Lætitia a décidé de se lancer. "Ce qui m’importait, c’était de savoir tourner, raconte-t-elle. J’avais besoin que l’on m’apprenne les gestes. Après cette formation, j’ai installé un tour dans la cuisine et le four dans le garage… Quand ça te prend, tu te mets où tu peux, et si tu veux, tu y arriveras…" Son nouveau destin était tout tracé. Lætitia serait potière, céramiste. Son atelier de la petite rue du Four à pain a ouvert ses portes en 2013. Maman d’une petite Louise de 9 ans, Lætitia est depuis devenue une vraie Petrucienne aux côtés de son compagnon Gaël et de sa fille de 7 ans Romane. Depuis les dernières élections, elle a d’ailleurs intégré l’équipe du conseil municipal.

De la belle gamelle…

Lætitia aime joindre le beau à l’utile, pour faire, comme elle dit avec le sourire, de la " belle gamelle ". " Vulgairement, on dit parfois qu’on fait de la gamelle, mais c’est de la belle gamelle… " Assiettes, plats, tasses, bols, pichets, plats à four. Sa poterie est principalement utilitaire, mais elle fabrique aussi d’autres objets plus décoratifs comme ses fleurs en porcelaine ou ses mangeoires à oiseaux. " Chaque potière ou chaque potier a son tour de main, ses envies, ses techniques, mais ça se démocratise de plus en plus et on arrive à partager nos recettes. Moi, je dirai que je suis assez pointilleuse. " Lætitia travaille principalement de la porcelaine, en provenance de Saint-Yrieix-la-Perche et du grès chamotté de Dordogne pour les plats à four. Avec une première cuisson à 980 degrés et une deuxième cuisson entre 1 255 degrés et 1 270 degrés selon la composition des émaux. Elle propose actuellement quatre collections, dont une selon la technique du mocha tea, avec des émaux qu’elle fabrique ou qu’elle assemble. Lætitia aime son métier. Cela se voit, cela se sent, cela s’entend. " Quand tu vas chez un potier, tu achètes plus que l’objet, c’est aussi une rencontre, explique-t-elle. Aujourd’hui, il y a un regain pour l’artisanat d’art. Les gens recherchent du sens, savoir que derrière la poterie il y a un être humain et un travail manuel. On a envie de revenir à quelque chose d’unique. On revient à la noblesse des mains. "

De Peyrusse à Conques

D’avril à novembre, Lætitia présente ses créations à Conques. On trouve également ses poteries à Rodez, au Bal des créateurs, et à Villefranche-de-Rouergue, chez Ébène et bambou. "Je n’ai pas lésiné sur le travail et je me suis fait une véritable clientèle, apprécie la jeune femme. Désormais, je travaille aussi sur des commandes et j’assure des expéditions sécurisées."

La potière de Peyrusse produit toute l’année, avec plusieurs cuissons par semaine. Pour la période des fêtes de fin d’année, c’est une cuisson tous les deux jours. Et quand on lui demande ce qu’elle apprécie, avant tout, dans son métier, elle répond sans hésiter : "Le contact avec la porcelaine. Ce n’est pas pour rien que mon atelier s’appelle Terre des anges. C’est à la fois une terre très douce et très difficile à travailler. C’est un métier très diversifié sans vraiment de limite, sinon parfois une limite technique." Dans tous les cas, Lætitia déborde d’enthousiasme et d’envie, l’un de ses projets étant désormais de collaborer avec un vannier. En un joli tour, deux mains…

Lætitia Dhugues, Terre des Anges, 5 rue du Four à pain, Peyrusse-le-Roc.