Le cinéaste aveyronnais Guy Cavagnac s'est éteint à l'âge de 87 ans

  • Né en 1934 à Paris, Guy Cavagnac avit signé son retour aux sources familiales en s’installant à Villefranche-de-Rouergue au milieu des années 1970.
    Né en 1934 à Paris, Guy Cavagnac avit signé son retour aux sources familiales en s’installant à Villefranche-de-Rouergue au milieu des années 1970. DDM
  • Guy Cavagnac devant l'affiche de son film. Guy Cavagnac devant l'affiche de son film.
    Guy Cavagnac devant l'affiche de son film. DDM/JPC
Publié le , mis à jour
Jean-Paul Couffin

Cinéaste, écrivain et producteur, Guy Cavagnac s'est éteint vendredi 7 janvier à l'âge de 87 ans. 

Les claps de fin ne sont pas ce que la vie donne de meilleur. Mais celui-ci, comme pour refermer un livre où le cinéma saute aux yeux de l’évidence, entend bien saluer le cinéaste, écrivain et producteur Guy Cavagnac comme il se doit. Né à Paris en septembre 1934, il avait ce bout de Rouergue hérité de ses parents, singularisé par la pointe Ouest de l’Aveyron entre Salle-Courbatiers-Peyrusse-le-Roc et Villefanche, chevillé en lui jusqu’au bout d’une langue posée aux mots mesurés où l’occitan pouvait éclater comme pour souligner la force du Farrebique de Rouquier ou l’envie de voir son ami Patric ciseler textes et mélodies d’un opus autour des pierres des châteaux de la vallée du Lot.
En ce premier vendredi de janvier 2022, il est parti vers ces « verts pâturages » que Katja son épouse avait dansé sur une mise en scène de Jean-Christophe Averty. Occitaniste de l’universel, Cavagnac portait cette force de l’image à laquelle Jean Renoir l’avait bien plus qu’initié. Premier assistant du réalisateur de la « Bête Humaine » et de « Boudu sauvé des eaux », il affichait le 7e art à la boutonnière comme d’autres exhument leur « rosette ». Aux côtés de Renoir, Cavagnac suivit le concepteur de « la grande illusion » dans ses pas ultimes de cinéaste en 1969, lors de la production du « Petit théâtre de Jean Renoir ». Son ami et compagnon de route Christian Bernad, président de l’Entente Vallée du Lot qui géra avec lui la collection «  Rivières et Vallée de France » chez Privat parle de cet attachement sans faille à Renoir. « Il me racontait tout et avec passion sur son vécu avec lui », lâche-t-il.

Écolo avant l'heure

Homme de bien et d’engagement, écolo bien avant l’heure de la première piqûre de rappel de René Dumont en 1974, Guy Cavagnac signa avec « le Soldat Laforêt », son seul long métrage. Un film empreint de cet humanisme terrien où la nature respire dans chaque rush. Les acteurs se fondant dans l’espace. À revoir pour savourer d’incroyables instants d’humanisme vrai.

Son retour aux sources familiales, il le signa en s’installant à Villefranche-de-Rouergue avec son épouse Katja et ses enfants, au milieu des années 1970. Avec toujours un sens affûté de l’engagement culturel, Guy Cavagnac proposa, suggéra, organisa, avec toujours en ligne de mire cette réflexion visant à rendre l’accès à la culture au plus grand nombre. Lorsque dans la foulée de la politique de décentralisation post 1981, Jack Lang impulsa la démarche des centres régionaux du cinéma, il fonda en Midi-Pyrénées les ateliers Sirventès, en référence aux chants de lutte revendicatifs des troubadours. Découvreur de talents il mit en avant une tripotée de réalisateurs à l’accent d’Oc à travers la conception de courts et longs métrage. Par exemple le travail sur « le langue de peille » du comédien metteur en scène Claude Alranc marque cette période. Le tout dans un esprit de décentralisation qu’il portait très haut en défendant : « administrativement on dépend de Paris, mais de cœur on est tourné vers le Sud . » Un sud qu’il caressait avec envie parce que sa langue témoignait d’un passé désireux de construire un avenir partagé. Comme d’autres...
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