Villefranche-de-Rouergue : une menace de fermeture plane toujours sur la maternité

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  • Une partie de l’équipe de la maternité de l’hôpital de Villefranche dont sa responsable, Emmanuelle Pietri (3e en partant de la droite).
    Une partie de l’équipe de la maternité de l’hôpital de Villefranche dont sa responsable, Emmanuelle Pietri (3e en partant de la droite). DDM
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Marie-Christine Bessou

Le docteur Emmanuelle Pietri, responsable de la maternité, fait le point sur les pénuries de personnels.

Même si les accouchements en 2021 sont stables par rapport à l’année précédente (488 contre 484 en 2020, soit presque un peu mieux que la tendance nationale), la maternité de l’hôpital de Villefranche-de-Rouergue, qui a frôlé la fermeture à l’automne dernier, est loin d’être tirée d’affaires car elle rencontre un gros problème de personnel, principalement un manque de sages-femmes.

"On n’arrive pas à recruter", confirme Emmanuelle Pietri, docteur en gynécologie médicale, chef de service de la maternité depuis juin 2021. Le problème n’est pas spécifique à la Villefranche, il en manque partout. "On a lancé des appels par toutes les voies possibles, notamment en contactant des sages-femmes libérales qui sont venues parfois de loin prêter main-forte au plus fort de la crise, certaines n’hésitant pas à venir en plus de leur travail à l’hôpital de Rodez ou des hôpitaux des départements voisins".

Avant le Covid, il manquait deux postes de sage-femme mais, à la Toussaint, il en manquait cinq car trois d’entre elles n’étaient pas vaccinées. " Aujourd’hui deux se sont finalement décidés à se faire vacciner, il n’en manque donc plus que trois dont une qui a été mise à pied", résume le docteur Pietri.

Numerus apertus

"On met des annonces partout, dans les écoles, le conseil de l’ordre des sages-femmes, les réseaux sociaux, les sites spécialisés, les intérimaires. Malgré ça, nous n’avons aucune candidature, on ne trouve pas", se désespère la chef de service. La cause semble être le numerus clausus, devenu pourtant le numerus apertus depuis un an, c’est-à-dire un recrutement beaucoup plus ouvert. "Depuis 30 ans c’était freiné, maintenant on en forme un peu plus", confirme Emmanuelle Pietri, mais on ne verra le résultat que dans cinq ans". Heureusement, les auxiliaires de puériculture sont, elles, au complet, la maternité compte aussi deux obstétriciens titulaires et peut faire appel à deux remplaçants.

Mais le malaise ne vient pas que du numeris clausus car " au bout de dix ans certaines n’exercent plus leur profession par manque d’attractivité de l’hôpital public. À travailler les jours, les nuits, les week-ends, avec des horaires difficiles et des salaires peu attractifs, on se lasse…". Emmanuelle Pietri en sait quelque chose, elle qui a quitté le service des urgences où elle exerçait depuis 2014 et alignait 60 heures par semaine… "J’étais fatiguée".

Aujourd’hui, les exigences ont changé de camp. "On récolte malheureusement aujourd’hui ce qui a été semé pendant des années, quelle que soit la politique", confie le médecin. "Et malgré la Covid, on continue à fermer des lits, notamment par manque de personnel… Le personnel non vacciné est mis à pied (1 500 personnels de santé non vaccinés aujourd’hui en France) et le personnel atteint du coronavirus travaille…"

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