Aveyron : la voix rocailleuse de René Mori ne résonnera plus
Figure emblématique du monde syndical et du Rodez Aveyron football, il est décédé ce mardi, à l'âge de 68 ans.
Quand on croisait René Mori, il avait soit l'écharpe "sang et or" du Rodez Aveyron Football sur les épaules, soit un badge FO fièrement accroché au veston. Rarement l'un et l'autre en même temps. Mais toujours cette satanée cigarette accrochée au bec.
Avec son décès, survenu ce mardi à l'âge de 68 ans, c'est une figure ruthénoise et aveyronnaise qui s'en est allée. Dans les couloirs du local Force ouvrière, à Rodez, on en était encore tout secoué hier. Difficile de se dire que la voix rocailleuse de ce gars né dans le nord Aveyron ne viendra plus résonner. "On perd un grand militant. SI FO en est là en Aveyron, c'est grâce à lui. Il était toujours de bon conseil, même à la retraite", souffle Philippe Cauffet, secrétaire départemental FO des Territoriaux. Un des touts derniers à avoir été intronisé au sein du syndicat, en 2017. "Il a été un guide précieux, car ce n'est pas évident de se lancer".
Le souvenir d'un grand-père italien
Des militants, René Mori en aura croisé beaucoup. D'abord au Crédit Agricole, où il travaillait et où il fit ses premières pas de syndicalistes. Ceux qui l'ont mené au secrétariat départemental de Force Ouvrière qu'il dirigea de 1989 et 2017, avant de céder son siège à Emmanuel Dumas. 28 années à mener les combats de son syndicat sur tous les fronts. À faire entendre sa voix, jusqu'aux plus hautes instances nationales. Jean-Claude Mailly, leader national de 2004 à 2018, avait d'ailleurs toujours une oreille attentive aux propos de René Mori. "Il sentait les choses" résume Philippe Cauffet.
Adepte de la joute verbale, piquant parfois de grosses colères, René Mori, forcément, ne s'est pas fait que des amis. Mais c'est à ce prix-là qu'il avait décidé de défendre une forme de liberté, celle des travailleurs. Il raconta que c'est son grand-père italien, qui vécut les horreurs mussoliniennes qui lui dicta ce goût de la liberté...
René Mori ne lâchait rien non plus. Un peu comme quand il était sur le terrain de football d'Agen d'Aveyron, où certains se souviennent encore de matchs bien accrochés. Le foot, son autre passion. Mais s'il y a un club qu'il n'a jamais lâché, c'est bien le Rodez Aveyron Football. Comme au plus fort de la tempête, en 2003, où il se démena pour sortir le club de l'ornière. Il répétait à l'envi que le Raf avait tout pour jouer à un niveau national. Autant dire qu'il n'était pas peu fier de toujours siéger au conseil d'administration d'un club qui évolue aujourd'hui en D2.
En fait, comme le fait comprendre une de ses filles, Alexandra, dans un message touchant sur les réseaux sociaux, et pour qui les joutes verbales se jouent sur des scènes de théâtre, s'il y a une chose que son père aurait dû lâcher, c'est sans doute cette satanée cigarette.
La cérémonie civile se déroulera vendredi 14 janvier à 10 h 30 à la salle de la chambre funéraire Ferrand-Forgeas à Rodez
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