"Dès qu'on parle Covid, c'est insulte garantie" : la détresse des pharmaciens face à la vague Omicron

  • Depuis le début de l'année, les tests et les demandes d'autotests se multiplient dans les pharmacies
    Depuis le début de l'année, les tests et les demandes d'autotests se multiplient dans les pharmacies Ludovic MARIN / AFP
Publié le
ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Devant les pharmacies, les files d'attente sont sans fin. Insultés à longueur de journée, au bord du craquage nerveux… Les pharmaciens subissent le stress des malades positifs ou de parents anxieux face au protocole sanitaire scolaire. Depuis le début de l'année, les pharmaciens multiplient les tests antigéniques et tentent de fournir des autotests, difficiles à trouver en cette rentrée. Avec la vague Omicron, les pharmaciens se retrouvent désormais en première ligne de la pandémie. Témoignage.

"On a toujours été en première ligne pour subir les reproches des patients, mais avec l'arrivée des autotests, c'est encore pire". Du haut de ses huit ans d'expérience en tant que préparatrice en pharmacie, Maëva Blanchard subit de plein fouet la vague Omicron et tout ce qu'elle entraine, des demandes toujours plus pressantes d'autotests et du stress des patients.

Déjà très demandés à l'approche des fêtes de fin d'année, les pharmaciens ont éprouvé des difficultés à se procurer ces tests de diagnostic rapide. "Si on devait faire avec le stock promis par l'état, on n'aurait rien à proposer", regrette la préparatrice en pharmacie. Pour faire face à la forte demande, due au protocole sanitaire entré en vigueur le 3 janvier dernier, les pharmaciens ont dû se procurer des autotests chez des fournisseurs extérieurs, le tout faisant grimper la note pour les personnes n'étant pas éligible aux autotests pris en charge par la sécurité sociale.

Le manque d'information se fait cruellement sentir. Alors Maëva tente d'y remédier au maximum en prenant le temps d'expliquer. "Il y a du monde, mais je prends le temps de rassurer les enfants et d'informer les parents". Car un autotest est positif si une seconde barre rouge, même légère, apparaît. "Une idée qui a parfois du mal à passer", remarque la jeune femme. Quant au mode de fonctionnement des autotests et les conditions de remboursement, elle communique largement sur ses réseaux sociaux. Son compte @Pharmaconseils comptabilise plus de 34.000 d'abonnés.

"Dès qu'on parle Covid, c'est insulte garantie", sourit tristement la jeune femme. "Imaginez quand il faut annoncer à un patient ou un parent que son enfant est positif, on a l'impression de mettre les gens dans la merde", confie-t-elle. "La pression est telle qu'hier, je suis allée pleurer dans les toilettes". La cause de ce craquage en pleine journée ? Une accumulation d'échanges tendus au fil des heures de présence. "Avant, je prenais le temps de discuter avec les personnes âgées, il y avait une discussion avec les patients. Aujourd'hui, même certains clients que nous connaissons depuis quelque temps sont devenus désagréables".

"J'ai l'impression de ne faire que des tests Covid-19, au détriment de mon travail", déplore Maëva. "Je n'arrive pas à joindre les deux bouts psychologiquement, et c'est difficile de ne pas le faire ressentir à mes proches". Après deux ans de pandémie, la jeune femme pense régulièrement à la reconversion et elle n'est pas seule. Pour elle, il suffirait d'un petit quelque chose pour qu'elle se lance... ou non. "Si l'une de mes collègues venait à démissionner et se reconvertir, je risquerais de lui emboiter le pas".

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?