Avec La Seria, première série en occitan, Piget Films crève l'écran

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  • Amic Bedel, ici au premier plan, avec l’un des acteurs du film pendant le tournage qui s’est déroulé en septembre dernier entre Toulouse et les Baléares.	 Piget
    Amic Bedel, ici au premier plan, avec l’un des acteurs du film pendant le tournage qui s’est déroulé en septembre dernier entre Toulouse et les Baléares. Piget
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Aurélien Delbouis

Le chemin a été long. Plus de 10 ans après avoir lancé l’idée d’une série tournée uniquement en occitan, Amic bedel est aujourd’hui en passe de réaliser son rêve. Après plusieurs semaines de tournage en septembre dernier, l’équipe du film s’attelle désormais à peaufiner les six épisodes de la Seria diffusés en septembre prochain sur la plateforme France. Tv. Rencontre avec le réalisateur et fondateur de la société de production Piget Film, Amic Bedel.

L’idée de cette série est sortie de nos têtes, celles de Julien Campredon et de la mienne, autour d’un café en 2010", rembobine Amic Bedel. Douze ans plus tard, le réalisateur, producteur et fondateur de la société de production Piget Films, a de quoi sourire. Après plusieurs semaines de tournage entre la capitale d’Occitanie et les Baléares, la Seria pourrait finalement débarquer sur petit écran d’ici la fin de l’année.

Une récompense pour celui qui a toujours pour la langue occitane une affection toute particulière. Fils de Christian-Pierre Bedel, longtemps directeur de l’Institut occitan de l’Aveyron (IOA) et collecteur insatiable des mots et gestes du patrimoine occitan, Amic est pour ainsi dire, tombé dedans quand il était petit.

"Adolescent, je partais avec mon père dans la campagne aveyronnaise, mon petit caméscope en bandoulière, pour capter des moments d’échanges assez incroyables", se souvient le réalisateur. Plus tard, avec sa société de production Piget Films, il livre 50 épisodes d’une autre série "Biaïs".

Le but là encore : "Filmer les gens chez eux, dans leur écosystème, et voir comment ils valorisent leur quotidien souvent de façon très modeste." Point commun entre ces deux moments, la langue occitane, sa langue "paternelle" s’amuse-t-il, qu’il s’attache à faire vivre au quotidien et qu’il célèbre une nouvelle fois avec La Séria. Le pitch : "Deux acolytes ont la ferme intention de tourner une série en occitan" annonce Amic. Toute ressemblance avec…

Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de vous lancer dans le tournage de La Seria ?

Tout simplement parce qu’on n’a pas eu le choix (rires). Avec Julien Campredon, on avait d’abord pensé à un long-métrage. On a finalement opté pour le format série. Douze puis finalement six épisodes. En occitan. On a directement fait le choix de la complexité (rires). On a écrit les deux premiers épisodes pour tenter de trouver des financements. J’avais aussi l’envie de tourner un pilote pour le présenter à des producteurs. On a tourné deux épisodes de 26 minutes en 2013 – ce qui m’a valu une petite année de postproduction – qu’on a présentés, pour la première fois, en septembre 2014 au Fifigrot, le festival du film grolandais en 2014. On a fait quelques projections à la cinémathèque avant de le présenter à France Télé, Arte…

Tout semblait se passer pour le mieux…

Oui mais… Les retours étaient plutôt bons, intéressés. Mais on attendait toujours : "Ce n’est pas pour nous, ce n’est pas pour maintenant…" On a aussi rencontré des producteurs qui nous ont dit cash "c’est rigolo votre truc mais ça n’intéressera personne !" Je me souviens d’un producteur marseillais, qui avait déjà travaillé sur des projets en occitan, nous dire clairement "plus jamais l’occitan !". Pour lui, en gros, c’est la double peine : difficile à produire et à financer, et difficile aussi de trouver un public. Rares sont les gens à se dire, tiens, c’est en occitan, je vais aller voir ! Malgré tous les encouragements, nous n’avons donc pas trouvé une chaîne susceptible de diffuser La Seria. Un préalable pour obtenir des financements, des aides du CNC (Centre National du Cinéma), etc.

Pourquoi revenir aujourd’hui ?

Tout a recommencé avec un appel d’offres en 2020. Un appel à création en Occitanie qui nous remet dans le bain. Je me rapproche d’un coproducteur, la société AnderAndera à Saint-Affrique. Les choses avancent, dans plusieurs directions… et finalement, on présente à nouveau ce projet à France 3 Toulouse qui décide de suivre. Tout ça nous a permis de récupérer les aides de la région, celles du CNC. Du jamais vu pour une série en langue régionale. Historique, même (rires).

Le tournage a aussi mené l'équipe jusqu'à Narbonne-plage.
Le tournage a aussi mené l'équipe jusqu'à Narbonne-plage. @Piget

Où s’est déroulé le tournage ?

Il s’est déroulé sur six semaines autour du mois de septembre 2020. D’abord à Toulouse, puis en Rouergue, à Najac. Nous sommes aussi passés par Rabastens dans le Tarn, par Sète, Narbonne-Plage, Marseille et Majorque. Une aventure folle et épuisante.

Avec quels acteurs ?

J’ai fait appel à la "Dream Team" des artistes occitans. A des gens avec qui j’avais déjà travaillé et dont j’admire le travail. Des musiciens… On retrouve Dje Baleti, Caroline Dufau de Cocanha, Laurent Labadie qui est un comédien super drôle, le duo Marius Blenet et Damien Valero. Les deux se sont vraiment révélés sur ce tournage. Il y a aussi Pierre Laur, une figure magique dans la série. Un mec que j’aime beaucoup et que l’on a pu voir dans "Antoinette dans les Cévennes" par exemple. Une comédienne super aussi, qui n’est pas occitanophone mais qui est vraiment rentrée dans l’histoire : Soleïma Arabi. Nous aurons enfin un guest avec Michel Cordes, le comédien qui joue le rôle du tenancier mythique dans "Plus Belle la vie". Son père, Léon Cordes était l’un des plus grands poètes occitan du XXe siècle. Un petit clin d’œil sympa !

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