Vous chauffez au fioul (ou au charbon) ? Il va falloir penser à changer ou à adapter votre chaudière

  • Les usagers vont devoir adopter des systèmes "vertueux". Les usagers vont devoir adopter des systèmes "vertueux".
    Les usagers vont devoir adopter des systèmes "vertueux". Repro Centre Presse -
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Faouzi Asmoun

Le gouvernement vient d’adopter un décret impulsé par l’Union européenne qui souhaite réduire les émissions de gaz à effet de serre de ses États membres des énergies polluantes.

À partir du 1er juillet 2022, le fioul et le charbon, c’est fini… ou presque.
Selon un décret publié au Journal officiel le 6 janvier, "les équipements neufs installés pour le chauffage ou la production d’eau chaude sanitaire dans les bâtiments d’habitation ou à usage professionnel, neufs ou existants, devront respecter un plafond d’émissions de gaz à effet de serre de 300 gCO2eq/KWh PCI".

Un plafond qui exclut de facto l’installation d’équipements neufs fonctionnant au charbon ou au fioul. Seuls les nouveaux équipements de chauffage alimentés par de l’électricité, de la biomasse, de l’énergie solaire ou géothermique, du gaz, ou encore des équipements alimentés avec un biocombustible liquide (tels que le biofioul) seront autorisés dans les nouvelles constructions, dès lors qu’ils respecteront le seuil d’émission fixé.

"Respecter l’accord de Paris"

Pour le ministère de la Transition écologique, l’objectif est de mettre fin aux installations qui conduiraient à pérenniser pour plusieurs années des modes de chauffage fortement émetteurs de gaz à effet de serre. "Il n’y a pas 4 000 chemins pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre en France et respecter l’accord de Paris. Il faut agir en priorité dans les secteurs qui émettent le plus, comme celui du bâtiment", constate Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique.

En France, le bâtiment est le deuxième secteur le plus émetteur de gaz à effet de serre. Il représente à lui seul 27 % des émissions de CO2 et 45 % de la consommation d’énergie finale du pays.

Concrètement, qu’est-ce que ça change pour les quatre millions de Français qui se chauffent encore au fioul ? À l’instant T, tant que la chaudière fonctionne, pas grand-chose.
En effet, si à partir du 1er juillet 2022, le chauffage au fioul et au charbon (très minoritaire) sera officiellement banni des nouveaux logements, cela fait bien longtemps que les constructeurs ne les intègrent plus dans leurs projets de construction. Et pour ceux qui possèdent des équipements existants fonctionnant au fioul ou au charbon, ils pourront continuer à les utiliser sans devoir changer de combustible ni de mode de chauffage.

En revanche, si le système rend l’âme, ils seront contraints de le remplacer par un équipement plus "vertueux"

Mais pas de panique, le gouvernement se veut rassurant. Depuis début 2019, des aides importantes ont été mises en place, tant à destination des ménages que du secteur tertiaire : les dispositifs des certificats d’économies d’énergie (CEE), dont le "Coup de pouce chauffage" et le "Coup de pouce chauffage des bâtiments tertiaires", mais aussi "MaPrimeRénov’ versée par l’ANAH", rassure le ministère de la Transition écologique.

Le gouvernement serait-il subitement devenu philanthrope ? Il faut dire que la question du passage à un nouveau système de chauffage, forcément coûteux, prend un aspect politique et social non négligeable. "La France du chauffage au fioul est rurale. Une partie est pauvre, voire très pauvre : le long de la diagonale du vide s’étirant des Ardennes aux Cévennes", explique Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et stratégies d’entreprise chez Ifop.

Quelques exceptions

Afin de tenir compte de situations spécifiques et de ne placer aucun ménage en difficulté, des dérogations au seuil de 300 gCO2eq/KWh PCI sont prévues par le gouvernement.
Selon le texte, le fioul et le charbon peuvent encore être utilisés s’il y a une impossibilité technique liée aux caractéristiques du bâtiment. Autres exceptions : l’absence de solution de raccordement à des réseaux de chaleur ou de gaz naturel et lorsque l’installation d’un nouvel équipement nécessite des travaux de renforcement sur le réseau de distribution publique d’électricité.
 

Le biofioul pour une chaudière écolo

Contrairement au souhait de la ministre de la Transition écologique, le nouveau décret n’interdit pas le biofioul.

Pour Elisabeth Chesnais, d’UFC Que Choisir ?, ce fioul vert peut être une solution pour les personnes en zones rurales. Il garantit aux ménages de ne pas avoir à investir dans un système plus coûteux. Plusieurs modèles de chaudière compatibles bifioul sont déjà sur le marché.

Pour une 35 kW dotée d’un ballon de 150 l et d’un brûleur, il faut compter près de 3000€ (sans cuve). Ainsi, le F30 arrivera sur le marché dès juillet 2022.

Ce dernier, plus respectueux du nouveau seuil, nécessitera dans la plupart des cas d’adapter la chaudière à fioul classique en modifiant le brûleur. Une opération qui peut coûter entre 400 et 1 000 €.

À long terme, l’objectif de la filière est d’augmenter la proportion de Colza pour atteindre un biofioul 100 % végétal à l’horizon 2040.

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