Covid-19 : le pass vaccinal arrive-t-il trop tard ?

  • Validé par le Parlement, le pass vaccinal est entre les mains du Conseil constitutionnel.
    Validé par le Parlement, le pass vaccinal est entre les mains du Conseil constitutionnel. ML - Sylvie Cambon
Publié le , mis à jour
Christelle Bertrand

Alors que l’épidémie commence à refluer, sera-t-il plus difficile à imposer ? Les députés de la majorité semblent confiants tout en reconnaissant le ras-le-bol des Français.

"Oui, le scénario du pire s’éloigne." Il est un peu plus de 8 heures ce lundi lorsque le célèbre épidémiologiste à l’Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique Arnaud Fontanet prononce ces propos optimistes sur France Inter.

La veille, l’Assemblée nationale a voté le texte imposant un pass vaccinal jusqu’au 31 juillet 2022 par 215 voix contre 58 essentiellement venues de l’extrême gauche et de l’extrême droite de l’hémicycle.

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Un projet de loi qui arrive trop tard ? La classe politique serait-elle en plein anachronisme ? "Absolument pas", assure à Guillaume Gouffier-Cha, le responsable LREM du texte à l’Assemblée. "Certes, il y a des raisons d’être optimiste, explique-t-il, mais les tensions en réanimation et à l’hôpital sont encore bien réelles. Nous sommes toujours dans l’épidémie, il nous faut donc faire progresser la campagne vaccinale. Le nombre de primo-vaccinés ne cesse d’augmenter, il faut que cela continue."

Le député LREM Jean-René Cazeneuve, qui a fait l’aller-retour Auch-Paris dans la journée de dimanche pour pouvoir voter le texte, est sur la même ligne : "Je me méfie toujours de ceux qui savent exactement ce qui va se passer. Depuis deux ans, ceux qui se sont engagés trop vite se sont trompés. Qu’est-ce qui nous dit qu’il n’y aura pas de nouveaux variants ? Oui, le vaccin n’est pas l’arme absolue, ça n’est pas une protection totale, mais c’est notre seule arme", assure-t-il.

"Lever les restrictions le plus vite possible"

Mais pour les deux hommes, il est important de rappeler que le pass vaccinal reste défini dans le temps et qu’il est en rapport avec l’ampleur de l’épidémie. "L’objectif, c’est que l’on puisse lever les restrictions le plus vite possible", assure Guillaume Gouffier-Cha qui rappelle qu’"elles pourraient être levées avant le 31 juillet". Et d’ajouter : "Elles sont mises en place au regard de l’épidémie mais si le nombre d’hospitalisations baisse, les dispositions seront levées au fur et à mesure, le pass, les jauges, le masque… Mais il est encore trop tôt."

Et aucun des deux ne pense qu’il va être plus difficile d’imposer aux gens de faire une troisième dose alors que le risque d’engorgement des urgences s’éloigne. "Certes, tout le monde en a marre de porter le masque, de montrer son pass, c’est vrai, reconnaît Jean-René Cazeneuve, mais à l’hôpital d’Auch, les lits de réa sont pleins, occupés essentiellement par des non-vaccinés qui restent durant des mois et ça, les gens le savent et savent aussi que, du coup, leurs opérations sont décalées."

 

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Pourtant, quelques minutes plus tard, dans un restaurant parisien, un petit groupe de serveurs assure : "On est tous doublement vaccinés mais on repousse la date de notre troisième dose car on se dit que si ça va mieux, le gouvernement va revenir au pass sanitaire." Et un client d’affirmer : "Ils n’auront pas le choix car les contestataires vont être de plus en plus nombreux."

Dimanche, une enquête Ifop pour le JDD révélait que le soutien au pass vaccinal diminuait légèrement depuis le 1er septembre. À la question "Personnellement, êtes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à la mise en place du passe vaccinal ?", 64 % des Français répondaient “tout à fait” ou “plutôt favorable” début septembre contre 58 % aujourd’hui. Ce qui reste une large majorité.
 

Ce que contient finalement la loi

Voté par le Parlement, désormais entre les mains du Conseil constitutionnel, le pass vaccinal a évolué au fil de la navette parlementaire. Dès que la loi sera publiée par décret, autour du 20 janvier, il se substituera à l’actuel pass sanitaire pour accéder à certains lieux publics. Il faudra pouvoir justifier d’un statut vaccinal à jour pour accéder aux activités de loisirs, restaurants et bars, salles de sport ou piscines, foires ou transports publics interrégionaux. Les magasins, les lieux de travail ou de culte ne sont pas concernés.

Restaurateurs et organisateurs de spectacles pourront vérifier l’identité des personnes, avec un "document officiel comportant sa photographie", comme une carte Vitale par exemple. Les plus de 16 ans seront soumis au pass vaccinal, les 12 à 15 ans au pass sanitaire, les moins de 12 ans ne sont pas concernés par ces dispositifs. Les sanctions contre les fraudeurs sont, par ailleurs, alourdies et les amendes en cas d’entorses aux règles du télétravail ont, elles, été divisées par deux : jusqu’à 500 € par salarié, dans la limite de 50 000 €.

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 2 années Le 18/01/2022 à 09:03

C'est ainsi et c'est comme d'habitude ; le parlement pérore et n'agit pas ou agit tardivement !