Villefranche-de-Rouergue: qu'est-ce qu'Andjaro, dans le collimateur des enseignants ?
À l’heure où plusieurs syndicats d’enseignants appellent à une nouvelle journée de grève ce jeudi, focus sur le procédé Andjaro, vu par certains comme une privatisation de l’éducation Nationale qui ne dit pas son nom…
Alors que les contaminations à la Covid gagnent du terrain dans les rangs de l’Éducation Nationale, la grogne monte au sein des enseignants remplaçants. En cause, la "solution Andjaro", une plateforme de mobilité interne développée en région parisienne par la start-up éponyme pour optimiser le remplacement des professeurs des écoles absents. "L’Aveyron fait partie des départements où ce système va se généraliser après une expérimentation de trois mois réalisée dans la Somme et dans le Lot. Mais, là ou le bât blesse, c’est que cette solution numérique a été développée au profit d’entreprises soucieuses d’optimiser leur personnel."
Absence de relation humaine et chaleureuse
"Elle ne se justifie absolument pas dans l’Éducation Nationale où les remplaçants fonctionnent déjà à flux tendu !" s’insurge Antoine Cantais, cosecrétaire départemental du SNUIpp- FSU12. "Sans compter que ce système nous prive d’une relation humaine et chaleureuse avec le secrétaire de circonscription qui assurait jusqu’alors cette fonction", souligne Emma*, l’une des 90 remplaçantes exerçant sur l’Aveyron.
Une relation ô combien réconfortante lorsqu’on doit débarquer au pied levé dans une école pour remplacer un collègue qu’on ne connaît pas et prendre en charge des élèves dont on ne sait rien… "Bien souvent, on ne dispose que de dix minutes pour prendre connaissance de l’état d’avancement du programme. Le plus souvent, il faut improviser car si les remplacements peuvent s’effectuer sur tout un trimestre, voire une année scolaire, ils se mesurent le plus souvent en termes de journées, comme pour assurer les décharges de services des directeurs, par exemple", précise le cosecrétaire, lui-même remplaçant.
Ubérisation de la profession d’enseignant
Ce que craignent en outre les instituteurs, c’est l’ubérisation de leur profession. Car non seulement l’ordre de mission doit leur être envoyé via leur mail professionnel mais encore par texto sur leur portable personnel. Inutile de préciser qu’au niveau syndical, consigne est donnée : ne pas accepter que les numéros personnels soient hébergés sur une plateforme privée pour éviter tout risque de traçage.
*Le prénom a été changé
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