Loin de la course à l'Elysée, la politique s'invite au cinéma

  • "Les promesses" avec Reda Kateb et Isabelle Huppert sort mercredi en salles.
    "Les promesses" avec Reda Kateb et Isabelle Huppert sort mercredi en salles. Courtesy of Wild Bunch Distribution
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ETX Daily Up

(AFP) - Loin de la course à l'Élysée, la politique de tous les jours inspire les cinéastes: une série de films scrutent la conquête et l'exercice du pouvoir, à commencer mercredi par "Les promesses", un thriller avec Isabelle Huppert.

Film de banlieue sans affrontements entre jeunes et police, film politique sans complot machiavélique, "Les promesses" échappe "à beaucoup de clichés", a souligné Isabelle Huppert auprès de l'AFP lors de la Mostra de Venise, où le film était présenté. "Ce n'est pas un western politique, qui opposerait les bons et les méchants. Il y a des forts et des faibles, et une réalité beaucoup plus complexe".

Un peu à la manière de "L'exercice de l'État" (2011), qui mettait en scène Olivier Gourmet en ministre des Transports, "Les Promesses" fait le pari de puiser dans un univers austère au possible, ici une histoire de copropriété dégradée, de renouvellement urbain et de gouvernance du Grand Paris.

L'actrice s'y glisse dans son premier rôle de femme politique, celui d'une maire de banlieue pauvre de Seine-Saint-Denis. Ancienne médecin, elle est tout entière dévouée à sa ville et à ses habitants, qui peinent à joindre les deux bouts et qu'elle défend, sans compter ses heures, aux côtés de son fidèle directeur de cabinet, interprété par Reda Kateb.

Après deux mandats, elle est sur le point de laisser les clés de la ville à une nouvelle génération d'élus, mais doit auparavant boucler un dossier à plusieurs dizaines de millions d'euros, le financement de la rénovation de la cité des Bernardins, qui tombe en ruine.

Rien ne se passe comme prévu: les politiques nationaux commencent à s'intéresser au sujet, Clémence se voit proposer un poste de ministre, un marchand de sommeil tente de faire dérailler le processus, tandis que les habitants sont ballotés entre des promesses auxquelles ils n'osent plus croire et des intérêts qui les dépassent.

- Campagnes municipales -

Le film emmène le spectateur dans une politique de tous les jours, très loin de la présidentielle, de sa course aux sondages et de ses manoeuvres d'appareil. Les adeptes de la "popol", la politique "politicienne", se replieront plutôt sur "La Disparition" (sortie le 9 février), un documentaire du bédéiste Mathieu Sapin, qui retrace la gloire puis la chute du socialisme à la française, à partir de 1981.

"Beaucoup de films et de séries politiques sont centrés sur la conquête du pouvoir ou parfois la corruption. Nous, on avait envie de faire un film dans la réalité de l'action concrète, de montrer l'exercice du pouvoir, qui est technique", explique le réalisateur des "Promesses", Thomas Kruithof, qui a écrit le film avec Jean-Baptiste Delafon, co-créateur de la série "Baron Noir".

Passionné par la question de la "possibilité du courage en politique", il a cherché à "traverser par le prisme de la rénovation d'une cité qui tombe en ruines, vue du côté de ceux qui cherchent à la faire rénover, toutes les strates de la politique". Le film a voulu "partir de la Seine-Saint-Denis et monter jusqu'aux palais parisiens, à l'Élysée".

"En rencontrant des maires, les choses deviennent plus nuancées, moins manichéennes qu'on ne l'imagine. Ils subissent la colère de leurs administrés qui leur prêtent plus de pouvoir qu'ils n'en ont vraiment et ils sont exposés à une indifférence, une incompréhension, des échelons politiques supérieurs", poursuit Thomas Kruithof.

Une attention aux enjeux locaux que partagent plusieurs films, comme "Municipale", également en salles mercredi, ou "La Campagne de France", qui sortira le 23 février. Ce documentaire scrute une toute petite campagne électorale, celle que mènent trois listes dans un petit village rural, à Preuilly-sur-Claise (Indre-et-Loire), s'affrontant autour d'un projet de déviation routière.

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