Rodelle. Marion Bertrand, médecin des sculptures

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  • Marion Bertrand va s’attaquer en mars à la restauration de la Vierge à l’enfant de l’église de Gabriac, qui arrivera bientôt à Tours.	DR
    Marion Bertrand va s’attaquer en mars à la restauration de la Vierge à l’enfant de l’église de Gabriac, qui arrivera bientôt à Tours. DR
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Rui DOS SANTOS

Originaire de Bezonnes, âgée de 24 ans, elle est aux Beaux Arts de Tours et va être bientôt aux petits soins pour une oeuvre aveyronnaise. .

Dans le cadre d’un diagnostic patrimonial réalisé, voilà quelques mois, par la communauté de communes Comtal-Lot-Truyère sur l’ensemble de son territoire, un petit joyau insoupçonné a été découvert dans l’église de Saint-Affrique-du-Causse à Gabriac. Il s’agit d’une statue de la Vierge à l’enfant du XVIIIe siècle, très ancienne, très abîmée sous l’épreuve du temps et fissurée (infestée d’insectes rongeurs). "D’après ce diagnostic, son état nécessite une intervention rapide, sinon son espérance de conservation ne dépassera pas dix ans, assure Nicolas Bessière, maire de la commune. Nous avons naturellement souhaité trouver une solution rapide et financièrement raisonnable pour sauvegarder cet objet exceptionnel, témoin à part entière de notre patrimoine culturel".

Après avoir été enveloppée avec mille précautions, du fait de sa fragilité, cette Vierge prendra bientôt la direction de Tours pour se retrouver entre les mains expertes de Marion Bertrand. Etudiante en 3e année à l’école supérieure d’art et de design, cette orfèvre en conservation-restauration de biens culturels, avec une spécialisation en œuvres sculptées, connaît très bien ce joyau et son écrin puisqu’elle est originaire de… Bezonnes !

Marion Bertrand est née à Rodez, en 1997, mais elle a donc grandi dans ce village de la commune de Rodelle, avec une scolarité dans le chef-lieu : école Sainte-Thérèse, collège du Sacré-Cœur et lycée François-d’Estaing, où elle a décroché un bac STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués). "Le milieu de l’art m’a toujours intéressé et je suis très manuelle, explique la jeune femme âgée de 24 ans. Dès l’adolescence, je me suis intéressée de près à la conservation et à la restauration".

Ses grands-parents maternels n’étaient certainement pas étrangers à cette passion puisqu’ils l’avaient sensibilisée aux pratiques artistiques dans lesquelles ils baignaient. Elle n’a pas oublié : "Au départ, je m’imaginais bien dans la restauration de tableaux. Finalement, j’ai eu une révélation à l’occasion d’un stage chez Dominique Vermorel. C’est là que s’est dessinée ma voie actuelle".

Membre des Amis de la cathédrale de Rodez

Après une licence en histoire de l’art à Bordeaux et une année de prépa à la capitale, dans le cadre d’une collaboration entre l’université Paris-Nanterre et l’école du Louvre, elle a choisi les Beaux Arts de Tours. "Il existe ici un intérêt très marqué pour la pratique, un apprentissage qui n’est pas toujours assuré ailleurs, se réjouit-elle. Il y a, en effet, un lieu, baptisé la Chapelle, qui est dédié à la taille de pierre, à la sculpture sur pierre et sur bois, au moulage en plâtre...".

Membre, depuis quatre ans, des Amis de la cathédrale à Rodez ("Je m’implique l’été quand je rentre en assurant, par exemple, des visites guidées"), elle a reçu un coup de fil de Claire Molinier, la présidente, par rapport à la restauration de la Vierge de Gabriac. "C’est une fierté, c’est très symbolique, reconnaît, émue, Marion Bertrand. Quand je l’ai vue dans cet état, si fragile, je me suis dit "Il faut la sauver !". Je suis très heureuse que mon département puisse profiter, à petite échelle, du fruit de mon travail... C’est un bon début !".

Sa mission, dès le mois de mars, dans les ateliers de Tours, va être la consolidation du bois très altéré et fragilisé par les insectes, la refixation de la polychromie et le choix de la méthode pour fixer le Christ fragmenté en deux morceaux. Un avant-goût de ce qui l’attend quand elle sera diplômée, dans deux ans. "J’ai envie de faire un tour de France, qui passera bien sûr par l’Aveyron. J’aurais tant aimé entrer chez les Compagnons mais, à l’époque, les filles n’étaient pas les bienvenues", conclut-elle.

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