Pendant la pandémie, c'est la belle vie pour les milliardaires français

La crise sanitaire, d'un point de vue économique, ce n'est pas pour tout le monde.  Alors que la France va dépenser 424 milliards d'euros en 3 ans sur ses finances publiques avec toutes les mesures et actions prises pour lutter contre la pandémie de Covid (158 milliards d'euros pour l'année 2020, 171 milliards pour 2021 et 96 milliards d'euros en 2022, selon France Info, citant  les déclarations du ministre de l'Action et des comptes publics Olivier Dussopt au Figaro), entre mars 2020 et octobre 2021, "les richesses des grandes fortunes françaises ont bondi de 86%, soit un gain de 236 milliards d'euros", selon le rapport d'Oxfam paru à la mi-janvier. Parmi eux, les seuls premiers milliardaires de la liste ont vu leur fortune augmenter de 173 milliards d'euros durant ce laps de temps. Elle a plus que doublé, relève toujours France Info. C'est presque autant que ce que la France a dépensé en un an pour lutter contre la pandémie de coronavirus, et ses 5 fortunes pèsent désormais plus que les "fortunes" réunies des 40 % de Français les plus pauvres, qui ont vu dans le même temps leurs revenus baisser.

Un nouveau milliardaire français, le patron de Moderna

"En France, la fortune des milliardaires a augmenté plus rapidement en 19 mois de pandémie qu’en une décennie entière", note encore le rapport de l'ONG. 

Numéro 1 des milliardaires français, Bernard Arnault (LVMH) a vu sa seule fortune plus que doubler toujours durant ces 19 mois, passant de 67,3 milliards d'euros à 163,6 milliards. C'est le deuxième homme au monde à s'être autant enrichi durant la crise sanitaire, derrière Elon Musk.

Parmi les 43 milliardaires français, un petit nouveau qui entre directement en 7e position des plus grandes fortunes nationales : Stéphane Bancel, PDG du laboratoire Moderna commercialisant le vaccin du même nom, selon le classement du magazine Forbes.

Avec l'aide de l'argent public ?

Selon Oxfam, c’est principalement en raison de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales que les plus grandes fortunes ont pu enregistrer cette hausse inédite de leur capital. Par exemple, la Banque centrale européenne a injecté 1 850 milliards d'euros pour acheter aux banques des titres de dettes, privées ou publiques, dans le but d'éviter "une crise financière qui se répercuterait sur l'économie réelle", commente Pierre-Noël Giraud, économiste spécialiste des inégalités. Ce qui a profité indirectement aux plus grandes fortunes en rassurant les marchés, et donc en relançant l'activité boursière, selon France info. "L'enrichissement des grandes fortunes financières en est une conséquence mécanique connue depuis le début", abonde le spécialiste.

Le luxe souverain

Et cela a payé. Si toutes les bourses mondiales avaient lourdement chuté au début de la pandémie, un an après le début de la pandémie, soit mars 2021, elles avaient retrouvé leur niveau d'avant-crise et même battu des records. Y compris en France. Et si la crise profite aux riches (car la fortune des modestes millionnaires a également augmenté durant la crise, d'après Oxfam -environ 131 970 ménages français ont un patrimoine plus de 5 millions de dollars-), il n'est pas étonnant que l'industrie du luxe voit ses bénéfices augmenter, ainsi que les bénéfices de ses milliardaires de patrons. "Comme les riches s'enrichissent globalement malgré la crise, ils continuent à consommer du luxe", explique Catherine Lubochinsky, économiste et spécialiste de la finance. Ainsi le groupe LVMH de Bernard Arnault a vu son chiffre d'affaires  en 2021 dépasser de près de 20% celui de 2019, et ses actions au Cac 40 bondir de 70 % entre janvier 2020 et janvier 2022

Face à Oxfam, qui propose de réintroduire l'Impôt sur les grande fortunes ou de taxer les actions pour rembourser la dette Covid, Catherine Lubochinsky précise qu'il n'y a possibilité de taxation de ces revenus du capital qu'au moment de la vente d'actions, une disposition allégée en 2018 par Emmanuel Macron, précise France info. Aujourd'hui, les milliardaires "arrivent largement à échapper à l'impôt et c'est vraiment un problème", déplore l'économiste.

Et parmi les pistes qu'explore le gouvernement pour éponger la dette qui sera laissée par la crise sanitaire, "les milliardaires ne semblent pas devoir être mis à contribution", note Quentin Parrinello, d'Oxfam...