Une "verrue", "insalubre"... Doit-on démolir le presbytère du temple protestant de Rodez ?
Le presbytère du temple protestant de Rodez est aujourd'hui jugé insalubre et inhabitable. Des réflexions sont en cours pour peut-être la démolir.
Quel avenir pour le presbytère du temple protestant de Rodez ? Jugé insalubre et ne pouvant accueillir de pasteur tel qu'il le faisait auparavant, la question se pose de démolir ou non le bâtiment.
"Aujourd'hui, ce presbytère est un petit peu une verrue. Nous avons deux solutions", présente Jean-Claude Lépinat, président du conseil presbytéral. "Soit on l'enlève, et viendra à la place un petit jardin. Soit on envisage de rénover le presbytère, mais cela demanderait un coût qui irait au-delà des économies du Conseil d'Églises chrétiennes de France".
La disparition du presbytère aurait un autre effet aux yeux des protestants : permettre à la croix située derrière l'autel d'être à nouveau illuminée par les rayons du soleil. Chose qui n'est pas plus possible depuis la construction du bâtiment, qui est collé au temple.

Pour l'heure, l'avenir du presbytère s'en tient à des discussions. "Nous sommes dans l'attente de deux devis. Selon les propositions, nous étudierons la question en conseil presbytéral, puis ça sera au niveau national que se prendra la décision puisque nous ne sommes pas propriétaire du temple".

"On veut que ce temple reste dans le paysage patrimonial"
Une chose est sûre, les protestants de Rodez souhaitent voir ce temple s'animer à nouveau. Dimanche 30 janvier 2022, pour la première fois depuis au moins 5 ans, le service animation-patrimoine de Rodez agglomération organisait une conférence et une visite du temple. Ils étaient nombreux au rendez-vous, alors que le bâtiment fête cette année ses 75 ans.
"Il faudra se poser la question de l'utilisation du temple après sa rénovation", a relevé une personne dans le public. "Rassurez-vous, on n'en fera ni un restaurant, ni un hôtel", s'est amusé Jean-Claude Lépinat. "On veut que ce temple reste dans le paysage patrimonial de Rodez".
Des travaux ont déjà commencé pour rendre "sa dignité" à la salle Exbrayat, d'autres devront suivre sous les arches du temple, et se pose également la question du clocher. "Oui, nous avons un clocher, et nous avons une cloche. Sauf que voilà... la cloche est trop grande pour notre clocher, ça ne rentre pas ! Donc, que doit-on en faire ?"
Cette cloche avait été offerte par l'église de Genève (Suisse) lors de l'inauguration du temple de Rodez le 17 juin 1947.
Un peu d'histoire sur Idebert Exbrayat
Dimanche, le passionné d'architecture religieuse Raymond Laurière a remonté le temps pour raconter l'histoire de ce bâtiment, et de ses créateurs Idebert et Yvonne Exbrayat. Les bancs du temple étaient remplis pour l'occasion.
Ou comment rappeler le rôle d'Idebert Exbrayat dans la protection des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, lui valant d'être reconnu "Juste parmi les Nations" (une très haute distinction civile remerciant ceux qui ont mis leur vie en danger pour sauver les Juifs). Ou encore de son rôle de résistant pendant la guerre, de son implication dans la vie ruthénoise, de la trentaine d'ouvrages évangélistes qu'il a rédigé, jusqu'à bien entendu sa volonté d'ériger un temple protestant.
L'idée aurait germé en 1945, année où le permis de construire a été délivré, puis le temple a été inauguré deux ans plus tard. Les archives font mention d'un coût de 2,5 millions de francs de l'époque.

Les temples protestants ne possèdent pas de structure prédéterminée et ne se ressemblent pas tous. Celui de Rodez tire alors à lui plusieurs inspirations. "Ici, j'ai la même impression que dans une église", décrit Raymond Laurière. "Aussi bien en raison de la nef, mais aussi en voyant le cœur qui est surélevé comme dans les églises romanes que nous connaissons. Il y a une prédominance de la table d'autel, et elle est bien ancrée dans le sol tel la foi qui est enracinée en ceux qui fréquentent ce temple".
Raymond Laurière constate la présence de deux arches à l'architecture néogothique, ainsi que des "ouvertures pas banales" en triangle qui "pourraient s'être inspirées de la basilique Saint-Sernin et des Jacobins de Toulouse".

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