Exode : les urbains ont-ils vraiment quitté les villes ?

  • "On ne trouve pas les traces d'une réorientation géographique massive des populations à venir, et donc pas de recomposition majeure des flux vers des aires d'attraction des villes."
    "On ne trouve pas les traces d'une réorientation géographique massive des populations à venir, et donc pas de recomposition majeure des flux vers des aires d'attraction des villes." David Menidrey / Unsplash
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ETX Daily Up

(ETX Daily Up) - Deux ans après le début de la pandémie de Covid-19, la ville a-t-elle vraiment été desertée ? Une étude du Popsu démontre le "double malentendu" que le terme "exode urbain" a causé dans le discours médiatique. Le flux de départ est loin d'avoir été massif et s'est essentiellement dirigé autour des villes attractives, limitant l'installation de néo-ruraux à la campagne.


Après le confinement de l'année 2020, la nouvelle normalité installée par le télétravail et la recherche de verdure ont fait crier l'imaginaire collectif à l'exode urbain. Preuve que la pandémie a eu raison des citadins ayant goûté l'air pur de la ruralité, le grand départ a été suggéré dans la presse comme en ligne, notamment dans certaines régions comme la Bretagne, qui a effectivement connu une hausse de 12 % sur les ventes immobilières en 2021. De quoi généraliser le mouvement ?

D'après une étude réalisée par la Plateforme d'Observation des Projets et Stratégie Urbaines (Popsu), le terme d'exode urbain est un "double malentendu", car il ne s'agit pas de l'effet inverse de l'exode rural connu lors de la révolution industrielle. "On ne trouve pas les traces d'une réorientation géographique massive des populations à venir, et donc pas de recomposition majeure des flux vers des aires d'attraction des villes", note l'étude.

Exode et petits flux

En analysant les données de recherches sur le site leboncoin.com, en croisant des données de la plateforme meilleursagents.com ou encore en s'intéressant aux changements d'adresse enregistrés par La Poste, le Popsu tire quelques conclusions : les départs ne toucheraient pas les centres urbains de la même façon. Les grandes et très grandes villes seraient particulièrement concernées par ces déplacements tandis que l'attractivité des littoraux a augmenté.

L'exode urbain concerne en réalité un ensemble de "petits flux". Les villes petites et moyennes enregistrent depuis 2019 "un solde migratoire positif [...] mais cette tendance se renforce largement après la crise", déclare la plateforme d'observation. Bien qu'il y ait des mouvements vers les zones rurales, il s'agit davantage d'un desserrement urbain plutôt que d''une fuite déséquilibrée.

Les territoires privilégiés sont des zones périurbaines ou des communes "de couronnes". La périphérie de Paris en est l'exemple le plus précis. La capitale enregistre un solde migratoire de -21 en 2019-2020, à -25,4 en 2020-2021 sur mille ménages. A la même période, les couronnes parisiennes accueillent +1,9 d'arrivées.

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