Le Parapluie de Cherbourg, quand le cinéma prend vie

En 1964, les Français découvrent les premiers pas de la toute jeune Catherine Deneuve sous le regard de Jacques Demy dans le film "Les parapluies de Cherbourg". Auréolé de la palme d’or au festival de Cannes la même année, le film connait un immense succès critique et populaire, des adaptations théâtrales à New York et Paris, mais aussi une adaptation plus concrète au sein même de la ville de Cherbourg.
23 ans après la création de l’œuvre devenue iconique, Jean-Pierre Yvon, photographe globetrotteur flaire le bon filon. "Le film de Jacques Demy était connu dans le monde entier, cependant il n’existait pas de marque en tant que telle ", raconte Charles Yvon, fils du fondateur du Parapluie de Cherbourg. En revenant dans sa ville natale de Normandie, Jean-Pierre Yvon décide de créer la marque "Le Véritable Cherbourg", une entreprise spécialisée dans la confection de parapluies.

Une entreprise à l’abris des nuages

Après avoir collaboré avec un sous-traitant, Jean-Pierre Yvon décide d’ouvrir sa propre manufacture en 1994. "La qualité était de moins en moins présente dans la fabrication des parapluies. Mon père a donc restructuré l’entreprise pour qu’elle puisse accueillir un atelier ", affirme le fils du fondateur, arrivé dans l’entreprise il y a maintenant dix ans. Porté par le succès du film et l’attrait grandissant des produits Made in France, Le Parapluie de Cherbourg s’exporte rapidement au Japon où il pose ses valises au milieu des années 90. A la différence de bon nombre d’entreprises qui, à cette époque, délocalisent en masse leur production, Le Véritable Cherbourg, lui, relocalise. Une démarche qui sera saluée en 2020 lorsque le ParaPactum, un parapluie bouclier digne des meilleurs James Bond, entre à l’Elysée pour assurer la protection du Président de la République Emmanuel Macron.

En 2018, lorsque Charles Yvon rachète l’entreprise, elle n’avait alors pas "une santé financière de feu". Qu’à cela ne tienne, Charles Yvon, accompagné d’une dizaine de collaborateurs engagés et passionnés, se lance dans ce challenge d’envergure. En seulement six mois, ils étofferont le carnet de commandes grâce à un développement commercial et feront du savoir-faire la valeur ajoutée de leurs produits. En mars 2020, le dirigeant opère un autre changement de taille : le nom de l’entreprise qui passe du "Véritable Cherbourg" au "Parapluie de Cherbourg".
Avec plus de 20 000 parapluies confectionnés par an, deux boutiques à Cherbourg, 60 revendeurs en France et des distributeurs au Japon, en Corée du Sud ou encore au Benelux, l’entreprise semble aujourd’hui à l’abris de l’orage. Pour autant, cette entreprise du patrimoine vivant n’en oublie pas son devoir de transmission. "Nous tenons à être médiatiquement très présents, que ce soit à la télévision ou dans des articles de presse afin de partager notre savoir-faire. La jeune génération apporte beaucoup d’importance au fait de travailler pour une marque qui communique et qui prend la parole avec conviction. Je pense d’ailleurs que notre marque employeur fait écho pour cette génération en quête de sens, et ça se ressent dans le nombre de candidatures que l’on reçoit chaque mois ".
Soucieux de la préservation et de la valorisation d’un savoir-faire unique, Charles Yvon a récemment entrepris de grands chantiers pour toute la partie muséographie de l’entreprise. Ateliers ouverts sur la boutique, cinéma, espace d’exposition des collaborations, espace de création de son propre parapluie ou encore salon de thé, seront donc prochainement accessibles aux visiteurs.