Aveyron : des farm-datings pour aider à la reprise des fermes
Avec le vieillissement de la population agricole, la question de la transmission est de plus en plus prégnante. Dans les 10 prochaines années, 50 % des agriculteurs devraient avoir passé la main. Pour aider à la reprise de leurs fermes, la chambre d’agriculture a testé, sur le Lévézou, des farm-datings. Une opération qui semble fonctionner et qui pourrait faire tache d’huile.
Les chiffres donnent un peu le tournis aux responsables de la chambre d’agriculture, mais également aux élus du territoire. L’Aveyron, qui est un département d’élevage, où l’activité agricole occupe un pan majeur de l’économie, a une population d’exploitants vieillissante.
Et si depuis quelques années, elle a réussi, grâce notamment au fort dynamisme des JA, à réduire le nombre de disparitions annuelles d’exploitations, les chiffres parlent d’eux-mêmes : pour trois départs à la retraite, il n’y a que deux installations. Et la problématique est encore plus importante quand on sait que 50 % des agriculteurs ont aujourd’hui plus de 55 ans et 60 % d’entre eux n’ont pas, pour le moment, de repreneurs identifiés.
Mettre en relation cédants et repreneurs potentiels
Le constat est inquiétant, et la situation pourrait devenir catastrophique d’ici à dix ans. Alors il faut chercher des solutions et innover. Depuis 2018, la chambre d’agriculture et la communauté de communes Lévézou-Pareloup ont lancé une démarche qui pourrait servir de modèle, dans les années à venir, aux autres territoires aveyronnais. Tous les 18 mois, elles coorganisent un forum de l’emploi agricole, qui regroupe à la fois un volet job dating, mais surtout un farm dating.
C’est Philippe Bartas qui s’occupe du sujet au sein de la chambre d’agriculture. "L’idée est de proposer à un certain nombre d’exploitations qui recherchent soit un repreneur, soit un associé pour en remplacer un qui part à la retraite, de rencontrer des potentiels acquéreurs, détaille-t-il. Le principe est que, le matin, chaque exploitant installé présente sa ferme à un repreneur candidat à la reprise. Et toutes les demi-heures, les candidats tournent. Puis, l’après-midi, ceux qui sont toujours intéressés peuvent aller visiter les exploitations."
Mais avant d’arriver à ce rendez-vous, la chambre planche, avec les cédants, sur un diagnostic de cession, dans lequel la rentabilité économique de l’exploitation est notamment étudiée, pour que le repreneur puisse notamment avoir la garantie de pouvoir se dégager un revenu agricole. Cette étude permet de fixer un prix de reprise à l’exploitation et donc d’être prêt pour lancer les échanges lors du farm-dating.
20 à 25 % de réussite sur les deux premiers rendez-vous
Les repreneurs, eux, peuvent venir de la France entière. Ils découvrent d’abord les fermes concernées dans le registre national qui recense les exploitations à vendre. " À chaque fois, on a entre trente et quarante candidats intéressés, reprend Philippe Bartas. Et un tiers environ confirment leur présence. Cela veut dire entre 12 et 15 candidats. C’est le bon nombre pour organiser un farm-dating efficace." En face, l’objectif est de proposer huit fermes par session. Des sessions, il y en a eu deux pour le moment. Une tous les dix-huit mois, le bon délai pour préparer au mieux le rendez-vous.
La première édition a eu lieu en 2019. Sur les huit fermes présentées, deux ont trouvé un repreneur. Un chiffre satisfaisant pour la chambre d’agriculture, qui ne vise pas une efficacité à 100 %. La seconde édition, en 2021, est également bien partie pour être une réussite. Un premier dossier a abouti à une reprise en Cefi. Concrètement, le repreneur est d’abord salarié de l’exploitation pendant 6 mois à un an, le temps de connaître l’outil de travail et de préparer le dossier de reprise. Un second dossier a permis une association et un troisième est en cours de transmission. La troisième édition aura lieu en mars 2023. Avec pour objectif de continuer sur la lancée. "On a trouvé un modèle satisfaisant, reprend le responsable à la chambre d’agriculture. Si on arrive à avoir entre 20 à 25 % des dossiers qui aboutissent à chaque fois, ce sera une bonne chose."
Modéliser la démarche pour ensuite la généraliser
Maintenant que le fonctionnement idéal a été trouvé, la chambre d’agriculture travaille à modéliser ce rendez-vous pour pouvoir ensuite le proposer à d’autres communautés de communes du territoire. " Cela passe d’abord par une action de sensibilisation auprès des institutions pour qu’il y ait une prise de conscience sur la nécessité de travailler sur le sujet, reprend Philippe Bartas. Ensuite, il faudra qu’elles établissent un diagnostic précis qui permet aussi de mener une réflexion au sujet de l’emploi sur leur territoire. " Aujourd’hui, des collectivités, notamment dans le Sud-Aveyron, ont déjà commencé cette démarche pour dupliquer le rendez-vous.
D’autres devraient rapidement suivre, conscientes qu’elles ne peuvent pas laisser les exploitations agricoles disparaître une à une sans intervenir.
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