Le bioéthanol à la conquête des moteurs aveyronnais

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  • Deux technologies existent pour adapter les moteurs au bioéthanol. Eric Giraud, gérant de deux garages à Rodez et La Primaube, a choisi les boîtiers.
    Deux technologies existent pour adapter les moteurs au bioéthanol. Eric Giraud, gérant de deux garages à Rodez et La Primaube, a choisi les boîtiers. Repro CPA
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Xavier Buisson

Dans un contexte de pouvoir d'achat malmené et de forte hausse du prix des carburants, les Aveyronnais sont de plus en plus nombreux à faire modifier leurs véhicules essence pour leur permettre de rouler au bioéthanol. À la clé, selon les garagistes : une économie immédiate avec le passage du montant du plein de 100 € à 50 €.

C'est la "curiosité" qui a amené Eric Giraud, gérant de deux garages à Rodez et La Primaube, à franchir le pas, il y a deux ans, en se formant à l'installation de boîtiers bioéthanol. "Je ne savais même pas si ça allait décoller ou pas", se souvient-il. Une fois sa formation effectuée, le jeune homme devra patienter plusieurs mois avant de rencontrer la demande, poussée par la hausse des prix des carburants.

L'histoire aura donné raison au jeune garagiste car actuellement, chez lui comme chez ses confrères, "la demande est croissante. Il y a quelques mois, j'étais à une installation de boîtier E85 par semaine. Ensuite, progressivement, les appels ont été de plus en plus nombreux pour demander des devis (nous en avons actuellement deux ou trois chaque jour), et aujourd'hui, nous en installons deux ou trois par semaine".

Deux technologies existent actuellement pour adapter les moteurs essence à ce carburant : l'installation d'un petit boîtier (entre 800 et 1200 €) ou la reprogrammation du moteur (400 à 800 €). Cependant tous les véhicules ne sont pas éligibles à un passage au bioéthanol. "La première chose à faire pour les personnes qui seraient intéressées : se rapprocher de son réparateur de proximité", explique le coprésident de la Fédération nationale de l'automobile (FNA) de l'Aveyron Christophe Bayol.   

"Ce sont simplement des gens qui cherchent des solutions"

"C'est clair qu'actuellement, la demande est là, explique Christophe Bayol. Dès que le prix du carburant augmente, les gens commencent à se poser des questions""Ce qui intéresse les gens, c'est le prix du carburant, c'est un moyen immédiat de ramener le montant du plein de 100 euros à 50 euros", renchérit Eric Giraud, chez qui "80 à 90% des installations concernent de petites citadines".

"Des jeunes, des pères de famille, des déçus du diesel qui avaient basculé il y a quelques années... il n'y a pas de client type, explique le coprésident de la FNA 12, qui propose de son côté des reprogrammations de moteurs. Ce sont simplement des gens qui cherchent des solutions à la hausse du prix de l'essence". 

Comme le soulignent les deux professionnels, certains véhicules fonctionnent mal au bioéthanol, du fait notamment de systèmes d'injection pas adaptés. La consommation peut aussi augmenter, en fonction des modèles. "Cela dépend du moteur... mais ce n'est pas un problème quand vous faites un plein à 30 €", affirme Chrostophe Bayol. Autre problème identifié : sur les véhicules équipés, les démarrages à froid, en hiver, peuvent être plus délicats. 

Pour ce qui est de l'installation des boîtiers, dont les deux principaux fabricants sont Biomotors et Flexfuel, l'Etat propose un accompagnement qui ramène le prix de la carte grise (qu'il faut obligatoirement renouveler) à 13 € ; ce type d'intervention permet aussi de faire descendre d'un échelon la vignette Crit'Air, du fait que les véhicules équipés deviennent mois polluants. 

Le nom E85 vient du fait que le carburant distribué contient 85% d'éthanol et 15% d'essence. L'éthanol est un alcool obtenu par fermentation de betterave (principalement) mais aussi de canne à sucre, blé ou maïs.

De plus en plus de véhicules neufs déjà équipés

À la tête de la concession Ford Rodez, Quentin Delcros est un témoin de premier plan de la montée en puissance, sur des véhicules neufs, de l’installation de boîtiers permettant de faire fonctionner les moteurs avec ce type de carburant. Ford, au même titre que Jaguar et Land Rover, s’est lancé dans l’aventure depuis septembre 2021.

Pour les constructeurs, une image « plus verte »

Aujourd’hui, « 100 % de la gamme des véhicules particuliers de Ford (Fiesta, Puma, Focus, Kuga) ainsi qu’un utilitaire » sont proposés avec un boîtier E85, comme l’explique Quentin Delcros, ainsi que plusieurs véhicules de marques Jaguar (modèle E-Pace) et Land Rover (Land Rover Discovery sport, Range Rover Evoque).
« L’intérêt, pour nous, c’est de se différencier des autres constructeurs, avec une image plus verte, plus écologique grâce à ce carburant produit majoritairement en France », explique le concessionnaire, qui poursuit : « Pour le consommateur, cela implique de grosses économies. Pour prendre l’exemple d’un plein de 40 litres, la facture passe de 75 à 30 €. Le coût pour l’utilisateur est super intéressant », explique Quentin Delcros.

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