Sud-Aveyron : des signes encourageants pour la réintroduction des gypaètes barbus

  • Espèce de vautour présente en France, le gypaète barbu est réintroduit sur les Causses.
    Espèce de vautour présente en France, le gypaète barbu est réintroduit sur les Causses. Anna Terras
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Centre Presse Aveyron

Un vaste programme a été mis en place pour assurer la reproduction de ce volatile menacé.

Dans le Parc naturel des grands causses, certains chanceux peuvent observer des gypaètes barbus, l’une des quatre espèces de vautours présentes en France. Mais ce charognard est menacé de disparaître, considéré comme espèce en danger en France.

Pour remédier au problème, le programme européen Life Gyconnect, mené entre autres par la Ligue de protection des oiseaux (LPO), œuvre depuis 2010 à réintroduire le volatile dans plusieurs départements, afin de rétablir les échanges entre les populations des Alpes et des Pyrénées et de maintenir un brassage génétique.

Ils sont onze en Sud-Aveyron

Ainsi, depuis douze ans, des dizaines d’oiseaux ont été lâchées dans le Vercors, les Baronnies, l’Aude et les Grands causses, entre Aveyron et Lozère. Se nourrissant exclusivement de cadavres d’animaux, ce vautour a une expérience de vie d’une trentaine d’années.

Se reproduisant tardivement (après sept ans), et disposant d’une faible reproductivité, c’est un travail de longue haleine qui est entrepris par la LPO. Et les résultats commencent à porter leurs fruits. Il y a quelques semaines, une ponte a été observée dans le Vercors. Mais si en Isère, les oiseaux semblent faire leur nid, dans le Sud-Aveyron, c’est une tout autre histoire.

C’est en 2012 que les premiers des trente "casseurs d’os" ont été relâchés. Aujourd’hui, onze sont toujours suivis. Mais premier problème, aucune femelle présente dans les Grands causses n’est en âge de se reproduire. "On devrait avoir des résultats dans quelques années", souffle Léa Giraud, responsable LPO du site des Grands causses.

Second problème, bien qu’il y ait deux mâles matures dans le secteur, "ces deux mâles sont cantonnés, ils se sont mis en couple, ils ont installé leur nid sur un site, on observe des comportements de reproduction, ils s’accouplent, mais ce sont deux mâles, donc ça ne pourra pas aboutir", poursuit Léa Giraud. Force est de constater qu’une reproduction de gypaètes dans les Grands causses n’est pas pour si tôt.

Mais Léa Giraud veut voir le verre à moitié plein. "Il arrive qu’il y ait des trios dans cette espèce, il est possible, s’il y a une femelle mature d’ici quelques années, qu’elle soit acceptée par ce duo de mâles, explique-t-elle. Mais il se peut que ce duo se sépare avec l’arrivée de la femelle, ils peuvent être chamboulés".

C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à un autre des onze spécimens présents dans les Grands causses. Arrivé en âge de se reproduire, il est parti s’installer "en trio" mais dans le Dauphiné… Car, au-delà de ce côté libertin, le gypaète barbu est également un grand voyageur.

"Ces oiseaux ont des périodes d’erratisme où ils explorent d’autres territoires, généralement ils reviennent, car c’est une espèce dite philopatrique, revenant se reproduire dans les secteurs où ils ont été réintroduits, mais il arrive que certains ne reviennent pas et s’établissent sur d’autres massifs", note Léa Giraud. Malgré ces freins, la LPO continue, annuellement, de réintroduire ces charognards. Cette année, au moins deux gypaètes barbus seront relâchés, à côté de Meyrueis, au mois de mai.

Comment se passe une réintroduction ?

Comme chaque année, plusieurs gypaètes barbus seront réintroduits en milieu naturel. Deux sites de dépôt fonctionnent en alternance sur les Grands causses, l’un en Aveyron, l’autre en Lozère.

Cette année, ce sera donc près de Meyrueis qu’aura lieu cette réintroduction. Pour ce faire, une fois les jeunes oiseaux réceptionnés - fournis par des zoos et des sites d’élevages européens - ils seront "déposés dans un nid artificiel en cavité rocheuse. Ils ne savent pas voler, ils ont 90 jours, ils seront nourris pendant trois mois, observés quotidiennement par une équipe qui en assurera le suivi", détaille Léa Giraud.

En 2021, cinq vautours avaient été réintroduits dans les Grands causses.

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