Agriculture en Aveyron : au cœur des questions de demain

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  • Pour l’heure, les questions liées à l’agriculture restent relativement absentes des débats.
    Pour l’heure, les questions liées à l’agriculture restent relativement absentes des débats. Repro CPA -
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(1/4). À moins d’un mois du premier tour du scrutin présidentiel, Centre Presse a choisi de se pencher, tous les lundis jusqu’au 4 avril, sur quatre thématiques qui concernent de près l’Aveyron : l’agriculture donc, le grand âge, l’économie mais également la santé. Et ce, à travers des témoignages, l’expertise des intervenants sollicités qui proposent de mieux saisir les enjeux de cette campagne présidentielle.
 

Quelle agriculture les candidats à l’élection présidentielle veulent-ils pour demain ? De façon caricaturale, l’idée d’une paysannerie traditionnelle est souvent défendue à droite, tandis qu’à gauche, on prône le bio. Alors que le Salon de l’agriculture vient tout juste de refermer ses portes, les pavillons de la porte de Versailles ont été le théâtre du ballet des candidats. Et leur présence a souvent été le moment pour eux de décliner une partie de leur programme.

D’ailleurs, au premier jour du Salon de l’agriculture, Emmanuel Macron, qui n’avait pas encore enfilé son costume de candidat, avait dévoilé sa première volonté pour le secteur : augmenter les revenus. « Face au travail de nos agriculteurs, il doit y avoir une juste rémunération », avait-il déclaré. Pour une meilleure rémunération, Valérie Pécresse promet, elle, une baisse des charges, moins d’impôts fonciers. Yannick Jadot, de son côté est un fervant défenseur du bio. « Nous interdirons les produits les plus toxiques », avait-il promis. Autre mesure : le candidat souhaite aussi interdire l’élevage en cage d’ici 2025. Une agriculture plus écologique, c’est aussi l’idée du candidat LFI, Jean-Luc Mélenchon. Lui souhaite bloquer les prix sur cinq produits essentiels de façon durable afin de lutter contre la malbouffe et « les fermes usines ». Marine Le Pen veut imposer des produits français dans les cantines, tout comme Éric Zemmour qui prône le circuit court.

Réalité

Mais au-delà de ces prises de position, « de ces grands principes », comme le souligne le politologue Dominique Reynié, ou de ces postures, force est de constater que les questions agricoles restent plus ou moins absentes des différents programmes des candidats et surtout des débats, à moins d’un mois du scrutin.
Mais pour Dominique Fayel, membre de la FNSEA et ancien président de la FDSEA, cette situation « ne peut pas durer longtemps ». « La politique sera forcément confrontée à la réalité », poursuit-il.

« Les questions de souveraineté alimentaire, de dépendance, ont refait surface avec la pandémie. Mais si la guerre en Ukraine écrase aujourd’hui toute l’actualité, elles finiront par revenir dans le quotidien de chacun », complète Dominique Fayel.
Même l’Europe – à l’échelle de laquelle se dessinent dans les grandes lignes les politiques agricoles des États membres – et « qui avait jusqu’ici envisagé une politique agricole tournée essentiellement vers les enjeux environnementaux ou le carbone, ne pourra plus faire abstraction du contexte géopolitique. Ces enjeux sont très importants mais il faudra également tenir compte des impacts sociaux de ces crises et surtout revoir une méthode qu’il faudra adapter », explique-t-il.

Au-delà de l’agriculture hexagonale, « cette guerre aura des conséquences mondiales sur des pays qui sont en tension au niveau alimentaire ». D’après la FAO (l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), cinquante pays, dont une bonne part figure parmi les plus pauvres du monde, dépendent de la Russie et de l’Ukraine pour 30 %, au plus, de leur approvisionnement en blé et vont donc être particulièrement vulnérables dans la crise qui débute.

« Très concrètement, les dossiers du montant de la retraite des agriculteurs, du stockage de la ressource en eau, de la fiscalité, etc. devront également revenir sur la table. Des réponses devront être apportées au niveau national, assure Dominique Fayel. Il y aura des positions politiques fortes à prendre dans les semaines, les mois à venir. »

Repères

7 636 exploitations ont été recensées, par l’Insee, en 2020. En 2000, 10 712 fermes étaient dénombrées en Aveyron.
1 994 Gaec ont été comptabilisés en Aveyron, contre 1 392 il y a dix ans.
10 637 chefs d’exploitations travaillaient, en 2020, en Aveyron. Il y a dix ans, le Département en comptait 11 809.
2 063 actifs, de main-d’œuvre familiale, composaient, toujours en 2020 et d’après l’Insee, la « ferme aveyron ». Il y a dix ans, on comptait 4 452 actifs. La main-d’œuvre familiale (soit un membre de la famille travaillant au moins huit mois sur l’année à temps partiel ou à temps complet, selon les critères définis par l’Insee) a chuté de moitié. Le nombre de salariés agricole est, lui, en augmentation. Il est passé de 1 048 à 1 414, soit une évolution de 35 % sur la dernière décennie.
2 749, soit le nombre d’exploitations considérées comme « petites », par l’Insee. L’Aveyron en comptait 3 588 il y a dix ans. Celles considérées comme plus importantes ont en revanche augmenté : de 385 à 454 en une décennie. La surface agricole utile (SAU) a progressé, en moyenne, de 16 % (de 57,4 ha à 66,7 ha), en dix ans.

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