Inflation : les matières premières mettent les entreprises aveyronnaises de BTP au pied du mur
Le prix des matériaux n’en finit pas de grimper, impactant les PME qui subissent des abandons de projets et ne peuvent pas toujours répercuter les hausses. La FBTP12 tire, en Aveyron, la sonnette d’alarme.
La guerre en Ukraine n’aura fait qu’amplifier un phénomène déjà très perceptible à la fin de l’an passé : la hausse exponentielle du prix des matières premières, à commencer par les matériaux de construction. Cette hausse - qui touche désormais une large partie des produits de consommation - devient carrément vertigineuse aujourd’hui. Le tarif des carburants peut en témoigner dans les budgets domestiques. Lesquels se trouvent d’autant plus impactés dans d’autres domaines désormais, tels la construction de maisons individuelles ou la mise en œuvre de travaux de rénovation… Difficile de dire en quelles proportions s’apprécie cette hausse des prix. Ainsi, certaines matières premières augmentent d’une heure sur l’autre, la tonne de fer par exemple a pu prendre 50 % en deux jours, sans parler de l’alu ou du bois…
Commandes publiques : les acrobaties financières
« Nous avions déjà des hausses conséquentes, à deux chiffres, en fin d’année dernière, la crise en Ukraine est arrivée et tout s’est emballé dans des proportions hallucinantes », relève Robert Hyronde, secrétaire général de la FBTP 12, Fédération du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron. Et de s’alarmer de l’impact sur la commande publique autant que privée qui contraint chaque jour un peu plus les entreprises dans la tenue de leurs propositions financières.
Concernant les collectivités locales maîtres d’ouvrage réguliers des chantiers de BTP, « nombreuses sont celles qui ont bien joué le jeu jusqu’alors, notamment concernant, dans la période de pandémie, l’application des pénalités de retard, on s’en est réjouis, explique Robert Hyronde. Mais maintenant les limites sont financières. Et beaucoup d’entreprises vont subir ces hausses de prix de matières premières car elles ne souhaitent pas forcément les répercuter sur la facture, pour conserver autant que possible leurs clients… »
Maisons individuelles : projets contrariés
Côté privé, « il en va de même pour les constructeurs de maisons individuelles. Beaucoup de clients ont des budgets serrés, surtout avec la flambée du prix des terrains, et ne pourront pas faire face à une révision des prix correspondant aux augmentations enregistrées par l’entreprise. Beaucoup de projets risquent d’être abandonnés… »
Et ceux qui ont déjà démarré leur projet risquent aussi de ne pas pouvoir honorer la facture finale, pourrait-on ajouter, laissant des impayés à l’entrepreneur.
« On touche à la limite de l’exercice même avec la meilleure volonté du monde et un maître d’ouvrage qui reste bien disposé à négocier avec l’entreprise », reprend le secrétaire général de la FBTP.
« Au gouvernement de prendre la mesure de l’urgence »
Robert Hyronde le constate à ce jour : « Publics ou privés, on recense déjà de trop nombreux marchés ajournés en Aveyron. Et cela va durer combien de temps ? Les inquiétudes ne cessent de grandir chez nos adhérents déjà fortement impactés par la hausse du prix de l’énergie, carburants ou électricité. Et certains parlent déjà de baisser leur production avec les conséquences que cela peut entraîner sur l’emploi… ».
Robert Hyronde en appelle au gouvernement « qui n’a pas pris la mesure de l’urgence. C’est tout de suite qu’il faut agir car la situation est grave. Ce ne sont pas tant des aides que nous voulons, mais plus encore une régulation temporaire et autoritaire des marchés », pour casser la hausse vertigineuse des matières premières et de l’énergie.
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