Football : Rodez, un hiver à souffler le froid

Le coup de la panne de résultats

Pas la peine de se triturer les méninges pour déterminer quelle est la plus belle victoire de Rodez en 2022 : il n’y en a toujours pas eu. Le Raf est la seule équipe de Ligue 2 dans ce cas et occupe la dernière place depuis le début de la phase retour, avec seulement cinq points récoltés. En ajoutant les nuls contre Toulouse (1-1) et Bastia (0-0) qui ont conclu 2021, les sang et or restent sur treize matches sans succès. Conséquence : Rémy Boissier et ses partenaires ont connu une dégringolade au classement, passant de la 8e à la 16e place, avec désormais un seul point d’avance sur la zone rouge.

Au vu du contenu des rencontres, cette série est loin d’être usurpée. Entre le manque de fraîcheur physique en début d’année, de nombreuses erreurs défensives, une expression collective souvent atone et des intentions offensives bien trop timides (seulement quatre buts en onze matches), les Ruthénois ont livré, dans l’ensemble, des prestations décevantes, bien loin de celles du début de saison. Et même s’il y a eu quelques moments de mieux, ils ont été bien trop éphémères pour renverser la tendance.

"On n’arrive pas à trouver de la continuité. Quand on est solide derrière, on n’est pas efficace devant. Et quand on marque, on commet des erreurs, a regretté Laurent Peyrelade, à l’issue de la défaite à Sochaux. Nous restons sur une série dégueulasse, mais nous sommes toujours à hauteur des autres équipes qui se battent pour le maintien. Je pense qu’il nous manque une victoire pour reprendre de la confiance." A huit journées du terme de la saison, les Aveyronnais seraient bien inspirés de ne plus trop attendre avant d’en retrouver la saveur.

Un mois de janvier plombé par le Covid

Après une première moitié de saison probante, les premiers nuages noirs ont fait leur apparition au-dessus des têtes ruthénoises dès le retour de la trêve de Noël. À cette période, l’effectif a été frappé par de nombreuses contaminations au Covid, qui ont handicapé son mois de janvier. Thomas Secchi, Lionel Mpasi, Alan Kérouédan, Jordan Leborgne, Mafuta Buni Jorge, Florian David et Malaly Dembélé, ainsi que le préparateur physique adjoint Guillaume Miquel, ont été les premiers concernés.

Avec pour conséquences un travail au quotidien rendu délicat par les nombreuses défections et un effectif affaibli les jours de match. Résultat : le premier match de l’année, le déplacement à Pau, durant lequel le troisième gardien Marc Vidal a été titularisé, s’est soldé par une déroute (0-4). Les contaminations ne sont pas arrêtées là : Nassim Ouammou, Bradley Danger, ainsi que l’entraîneur, Laurent Peyrelade, ont aussi été touchés par la suite.

Et pour ne rien arranger, de nombreuses blessures (Chougrani, Zidane, Depres...) et suspensions ont également affaibli les troupes sang et or durant l’hiver.

Le départ d’Ugo Bonnet

Il était l’un des chouchous de Paul-Lignon. Même si son rendement de début de saison était décevant (2 buts en 22 matches), Ugo Bonnet restait comme l’une des figures marquantes du Raf des années Peyrelade, celui qui s’est hissé du CFA à la Ligue 2. Le natif de Montpellier est d’ailleurs le meilleur buteur des sang et or depuis la montée, en 2019, avec 21 réalisations. Ce total ne va pas avancer, puisque dans les derniers jours du marché des transferts, il a signé à Valenciennes. "J’ai envie de me mettre en danger", a-t-il expliqué au moment de changer de maillot. Hasard du calendrier, il a disputé son premier match sous ses nouvelles couleurs… à Paul-Lignon (0-0), devant un public qui n’a pas oublié de lui rendre hommage.

Quatre recrues pour étoffer l'effectif

Le départ d’Ugo Bonnet n’a pas été le seul mouvement dans l’effectif aveyronnais lors du marché des transferts hivernal. Le départ de l’attaquant formé au club a été compensé par l’arrivée d’Arni Vilhjalmsson. Et en plus du recrutement de l’Islandais, toutes les lignes ont été renforcées, avec les arrivées du défenseur Serge-Philippe Raux-Yao, du milieu Jonathan Varane et de l’attaquant Jean-Pierre Tiéhi. Même si ces deux derniers, prêtés jusqu’à la fin de la saison, ont peu joué, ces renforts marquent l’abandon du choix de début de saison de resserrer l’effectif en quantité pour gagner en qualité. Un revirement dicté par la fatigue physique de nombreux joueurs à la fin de la phase aller, mais aussi la volonté d’anticiper d’éventuelles nouvelles vagues de Covid dans le groupe et le besoin de retrouver de meilleures conditions de travail à l’entraînement.

À Ajaccio, une polémique et des remous

Pour ne rien arranger au contexte sportif, le Raf a sur le dos une affaire disciplinaire. Au cours du match à Ajaccio (2-1, 26 février), l’attaquant corse Mounain El Idrissy a accusé Julien Célestine d’avoir proféré des insultes racistes. "Il m’a dit sale arabe !", s’est-il plaint auprès de l’arbitre, qui a interrompu la rencontre sans sanctionner le défenseur aveyronnais, faute de preuve.

La commission de discipline de la Ligue de football professionnel a placé le dossier en instruction et doit de nouveau auditionner Julien Célestine, qui est présumé innocent, et son président Pierre-Olivier Murat, avant de rendre sa décision mercredi 23 mars.

Cette soirée a aussi été marquée par des remous dans le vestiaire de Rodez. "C’était tendu, des voix se sont élevées mais il n’y a pas eu de bagarre. Cela arrive dans tous les clubs", a relativisé le président au lendemain de cette rencontre.

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De l’espoir après Guingamp

Au milieu des prestations décevantes, les Ruthénois ont affiché un visage séduisant, mardi dernier, à l’occasion de la réception de Guingamp (1-1). Durant la seconde période, ils ont retrouvé leur charme brut, celui d’une équipe capable d’étourdir ses adversaires en proposant une haute intensité dans son jeu. Cela n’a pas certes pas suffi à retrouver la victoire, mais cette bonne prestation est une preuve du retour de la forme physique et une source d’espoir pour la fin de saison. Même si elle n’a pas été confirmée quatre jours plus tard, à Sochaux.

Des innovations tactiques inopérantes

Un 3-4-3 à Dunkerque, un 4-1-4-1 à Sochaux. À deux reprises, cet hiver, Laurent Peyrelade s’est éloigné de son traditionnel 3-5-2. Des innovations qui n’ont pas été couronnées de succès, puisque le Raf s’est incliné à chaque fois sur le score de 2-0. Et qui montrent, d’une certaine manière, un tâtonnement pour sortir du brouillard. Mais aussi une véritable surprise dans le second cas, de la part d’un entraîneur qui a toujours assuré, depuis trois saisons, que la défense à trois est celle qui sied le mieux à ses joueurs, et qui a répété, dernièrement, que ce n’était pas le moment de changer les habitudes…