Sud-Aveyron : les drames liés aux sauts à partir du viaduc de Millau peuvent-ils être évités ?

  • Deux routes départementales passent en-dessous du viaduc de Millau.
    Deux routes départementales passent en-dessous du viaduc de Millau. Maxime Cohen
Publié le
Corentin Mirallés

Depuis sa création, de nombreux drames ont eu lieu depuis le haut de l’édifice.
 

Depuis qu’il est sorti de terre, en 2004, le viaduc est devenu un emblème. Au-delà des contrées aveyronnaises, c’est à lui qu’on pense en premier quand on entend parler de Millau. Merveille architecturale technique et technologique, l’ouvrage attire chaque année des milliers de touristes qui souhaitent voir de leurs propres yeux le pont le plus long pont du monde à sa construction.

Mais, et c’est moins connu, le viaduc de Millau conduit sur son tablier de tristes fins. Pas plus tard qu’au début de ce mois, Midi Libre relatait ce policier de 33 ans, en provenance de la région parisienne, qui s’était donné la mort en sautant de l’édifice. Moins d’un an après que le corps sans vie de Lou, une jeune Belge de 20 ans, a lui aussi été retrouvé aux pieds du viaduc.

À ces personnes qui ont choisi leur destin funeste, viennent s’ajouter des sportifs pour qui l’ouvrage représente un spot idéal pour pratiquer le basejump (sport consistant à sauter en parachute depuis un édifice ou une falaise, NDLR).

Depuis plusieurs années, les sauts du haut du viaduc se multiplient, certains avec une certaine originalité, comme lorsque Jumaidee Elias s’en était élancé depuis un skate-board. Une démarche, totalement interdite, qui a fait parler, mais qui lui a aussi valu une plainte d’Eiffage, l’entreprise concessionnaire. Celle-ci s’étant donnée pour mot d’ordre de systématiquement poursuivre les auteurs de ce type de pratique.

Et en dessous ?

Si, au-dessus, une portion d’autoroute culmine à près de 300 mètres, il existe aussi en dessous un trafic moins dense. En plus de quelques petites routes, deux départementales le franchissent : la D992 qui relie Millau et Saint-Georges-de-Luzençon et la D41 qui relie Millau et la commune de Comprégnac.

Le maire de cette dernière, Olivier Julien, estime qu’il y a danger : "Même si le risque est minime, si une personne vous tombe dessus, c’est dangereux. Ce n’est pas anodin comme sujet, la personne qui saute ne se rend pas compte, mais ça peut aller très vite et décimer une famille." Il souhaiterait qu’Eiffage renforce la sécurité sur le viaduc pour empêcher quelqu’un de sauter : "Je ne suis pas expert en pont donc je ne peux pas vous dire, mais la seule chose que je souhaite c’est qu’Eiffage soit proactif sur ce sujet."

Du côté de Didier Cadaux, maire de Saint-Georges-de-Luzençon, on relativise : "Franchement, on a plus de chance de se prendre un vélo en bas que d’avoir une personne qui se jette au-dessus. Puis si elle veut vraiment sauter, elle trouvera un moyen."

Eiffage ne "peut rien faire"

Sur ce dernier point, Didier Cadaux est rejoint par Emmanuel Cachot, directeur général délégué au viaduc chez Eiffage : "Si les gens viennent pour sauter, c’est que leur motivation est extrêmement élevée. Donc que ce soit pour les suicides ou les base-jumpers, c’est très difficile de les empêcher."

Et au-delà de l’aspect motivation, Emmanuel Cachot pointe un aspect technique : "Le viaduc est déjà extrêmement protégé. Pour ajouter des protections supplémentaires, il aurait fallu y penser dès sa conception. Là, c’est impossible, c’est trop tard, on ne peut rien faire, cela mettrait la structure en danger, notamment à cause de la résistance au vent." Reste à trouver des solutions en bas, au niveau des départementales. "Techniquement, on peut tout imaginer, admet le directeur. Mais qui finance ? Avec quels investissements ?" La question est posée.

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