Le Ruthénois Anatole Levilain-Clément, le virus pour le cinéma, la fièvre pour le transmettre

Abonnés
  • Anatole Levilain-Clément a réalisé en 2021 un court métrage d'animation, "Quitter le jour", produit par Insula Orchestra.
    Anatole Levilain-Clément a réalisé en 2021 un court métrage d'animation, "Quitter le jour", produit par Insula Orchestra. DR - Anatole Levilain-Clément
Publié le
Rui Dos Santos

Passionné par le 7e art depuis qu’il est tout petit, cet Aveyronnais d’adoption de 25 ans, installé à Paris, a bricolé un long-métrage.

Il ne figure pas (encore) à l’affiche du Festival de Cannes, ni de celui de Berlin ou de la Mostra de Venise. En revanche, Chaos le cite parmi "les vingt Français qui feront le cinéma de demain". à la fois "ému" et "très fier", l’intéressé ne cache pas sa joie : "C’est un site que j’aime bien, je suis très touché. J’ai les clés en main pour faire quelque chose, j’ai confiance en l’avenir". Et de poursuivre volontiers, intarissable, sur le sujet : "Dans le 7e art, je fais partie d’une génération qui se retrouve face à un changement, avec des formes qui volent en éclat. Je veux être un éclaireur du changement !". Il a déjà goûté à beaucoup d’expériences variées. S’il s’en réjouit, il garde les pieds sur terre : "Oui, la base est solide. C’est enthousiasmant, grisant, mais ça donne aussi le vertige".

Anatole Levilain-Clément est né au Mans, dans la Sarthe, en 1997, mais il est arrivé en Aveyron à la rentrée du CP quand sa mère, professeur d’espagnol, a été nommée dans un lycée agricole de l’Agglo de Rodez. "Je n’ai pas l’accent, je n’ai pas le lien du sang mais ce territoire d’adoption coule dans mon cœur, assure-t-il. C’est un endroit important, où je me suis construit. D’ailleurs, je ne manque pas d’y revenir quand la capitale me fatigue. C’est plus apaisant".

S’il a choisi un bac L (spécialité maths et option arts plastiques) au lycée Foch à Rodez, il avait dessiné la suite depuis bien longtemps : "Tout petit, je savais que je me tournerais vers le cinéma. Ma trajectoire était tracée et je n’ai jamais dévié". Cette passion pour le 7e art est née dès son arrivée en Aveyron, avec des femmes de sa famille. Il n’a pas oublié : "J’adorais peindre avec ma grand-mère dans son atelier et jouer à la PS1 sur la moquette du salon. Je me passais aussi en boucle les VHS des court-métrages que réalisait ma tante, en amateur. C’était totalement bricolé et je trouvais ça magique. Il fallait que je fasse pareil !".

Il a appris, tout d’abord en BTS audiovisuel (option image) au lycée des Arènes à Toulouse, puis, pendant encore deux ans, de 2017 à 2019, à l’école de la Cité à Saint-Denis, en banlieue parisienne. Son objectif était simple et très clair dans sa tête : "Raconter des histoires, donner également une voix et un visage à mes obsessions, et retrouver enfin de quelle matière elles sont faites pour en créer de nouvelles... Sans oublier de refiler la fièvre aux autres !". Curieux, ressentant une grande soif d’apprendre, il a profité de son temps libre francilien "pour fureter" : "Sur les tournages, dès que la lumière rouge était éteinte, je demandais à un stagiaire ou à un troisième assistant, si je pouvais regarder".

Le jeune homme était en train de franchir une étape importante, mais ce n’est pas pour autant qu’il oubliait ses débuts. "C’est au collège que les premiers "visionnages interdits" ont donné corps à mon désir de faire des films". Il parle aussi du "rôle majeur" joué par Olivier Royer, son professeur de théâtre du CM1 à la Terminale, à Rodez : "Il m’a fait grandir, tout en réussissant à me garder les pieds sur terre".

"Je sais garder la tête froide !"

Il est heureux également d’avoir fait ses classes dans les MJC de Rodez et d’Onet-le-Château : "Ce sont certes des laboratoires mais aussi des passerelles où j’ai découvert, notamment, la notion d’engagement". En sortant de l’école de la Cité, Anatole Levilain-Clément a été pris sur l’opéra "La nuit des rois". Le metteur en scène Antonin Baudry l’a repéré en découvrant son film de fin d’études : "Mon univers lui a beaucoup plu. Il a visiblement aimé ma créativité, mon côté enfantin qui s’assume, ingénu et libre".

Il a donc été invité à créer un long-métrage d’animation de 90 minutes, intégré à la scénographie via un tulle géant. La Seine musicale à Boulogne-Billancourt a accueilli deux représentations en mai dernier. La complicité ne s’est pas arrêtée là puisque Insula orchestra a produit, toujours en 2021, son court-métrage d’animation, intitulé "Quitter le jour". "C’est l’aboutissement de mon cheminement, assure l’Aveyronnais de 25 ans. Depuis, j’ai reçu beaucoup de propositions et j’ai même pris un agent artistique. Je ressens désormais une forme de légitimité. Mais, je garde la tête froide car rien n’est acquis". Il conclut : "J’aime me mesurer à des projets impossibles, convaincu que du seul enthousiasme naissent les plus beaux ouvrages".

Cet article est réservé aux abonnés
Accédez immédiatement à cet article
2 semaines offertes
Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?