Belcastel: un documentaire sur Fernand Pouillon, architecte très recherché

  • Antoine Planchot, chef opérateur,et Jean-Marie Montangerand,réalisateur documentariste,lors du tournage au château de Belcastel.
    Antoine Planchot, chef opérateur,et Jean-Marie Montangerand,réalisateur documentariste,lors du tournage au château de Belcastel.
  • Un documentaire sur Fernand Pouillon, architecte très recherché Un documentaire sur Fernand Pouillon, architecte très recherché
    Un documentaire sur Fernand Pouillon, architecte très recherché
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    Un documentaire sur Fernand Pouillon, architecte très recherché
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    Un documentaire sur Fernand Pouillon, architecte très recherché
Publié le
Joel Born

Jean-Marie Montangerand réalise un documentaire sur la vie et l’œuvre de l’architecte Fernand Pouillon. Le tournage a débuté au château et dans le village de Belcastel, chers à Pouillon.

Silence on tourne ! Trois jours durant, de lundi à mercredi, le village de Belcastel a accueilli l’équipe du réalisateur documentariste Jean-Marie Montangerand. Coréalisateur du remarqué Les Yeux de la parole (l’histoire de collégiens qui découvrent un opéra en langue arabe écrit par un Syrien en exil) le cinéaste de 38 ans s’intéresse, cette fois, à l’histoire et à l’œuvre de l’architecte Fernand Pouillon. Cet architecte qui fut très recherché dans tous les sens du terme. Recherché pour son génie créatif, mais recherché aussi par tous ceux qui, pour diverses raisons, l’ont condamné puis jeté en prison, avant de le pousser à un exil volontaire en Algérie.

Passionnés d’architecture

Accompagné de son chef opérateur Antoine Planchot et de deux responsables de la société de production Bel Air Media Amaury Lafarge et Margaux Charton, Jean-Marie Montangerand s’est donc tourné en premier vers l’Aveyron et ce magnifique château de Belcastel que Fernand Pouillon a restauré avec passion, durant de longues années. "Ce sont les premiers jours de tournage et on débute par le meilleur", s’amuse le jeune réalisateur de 38 ans. Camarades de promotion du lycée Léonard de Vinci de Montaigu, en Vendée, où ils ont décroché leur BTS en audiovisuel, Jean-Marie et Antoine partagent la même passion pour l’architecture. Et ils ont chacun épousé une architecte… "Avec Belcastel et Pouillon, nous sommes bien servis", plaisante le documentariste. Comment s’est-il intéressé à la vie et à l’œuvre de Fernand Pouillon ? "Lors d’un voyage vers l’Italie, j’étais passé par Arles et je suis tombé sur une exposition de photos sur les cités algériennes de Pouillon. L’expo avait lieu dans une abbaye et ça m’a profondément marqué."

Des questionnements toujours d’actualité

Jean-Marie Montangerand a aussitôt acheté et lu Les Pierres Sauvages, ouvrage majeur de Pouillon. "Je me suis dit que la vie de ce gars méritait vraiment de faire un film. Il se trouve qu’Amaury, le producteur, était lui aussi sensible à l’architecture de Pouillon. C’est un peu l’histoire d’un coup de foudre. Je suis vraiment parti de ses Mémoires. Pouillon a eu une vie assez romanesque. Je veux raconter sa vie, son histoire, ses réussites, ses mésaventures, à travers certains bâtiments incontournables, certaines réalisations emblématiques de son œuvre", explique le documentariste, qui tient tout autant à mettre en avant la pertinence et la richesse de la pensée de Pouillon. "Toutes les questions qu’il s’est posées et qu’il a posées sont encore d’actualité. À l’époque de Pouillon, il y avait des millions de mal logés, mais c’est encore vrai aujourd’hui. L’habitat est une question centrale. Esthétiquement, c’est ce qui dessine les villes, l’environnement. Aujourd’hui, on a vraiment nivelé par le bas pour réduire les coûts." Tout le contraire de la philosophie de Fernand Pouillon, ce grand bâtisseur humaniste qui préférait la pierre au béton et qui voulait, en quelque sorte, construire beau et pas cher. Ce qui explique qu’il se méfiait des promoteurs immobiliers…

Un architecte majeur

Fernand Pouillon, l’architecte le plus recherché de France, tel sera le titre de ce documentaire, pour lequel Jean-Marie Montangerand a volontairement joué avec les mots et ce double sens. "Lors de sa condamnation, il y avait bien sûr sa sympathie pour le FLN mais aussi le fait qu’il s’est attaqué au marché parisien en voulant construire moins cher. Il a mis les pieds là où il ne fallait pas. Et pour l’époque, on peut dire qu’il en a payé le prix lourd." Mais pour le jeune réalisateur qu’importe, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, Fernand Pouillon n’en reste pas moins un "architecte majeur passé dans l’oubli, qui traîne encore ses casseroles, alors qu’il devrait figurer parmi les cinq grands architectes du XXe siècle." Et Jean-Marie Montangerand de souligner que de très grands architectes actuels comme Rudy Ricciotti, à qui l’on doit notamment le Mucem de Marseille, sont véritablement admiratifs devant l’œuvre de cet architecte urbaniste, mais également écrivain et éditeur, amnistié par Pompidou puis décoré de la Légion d’Honneur par Mitterrand, peu de temps avant sa mort au château de Belcastel, en 1986.

De Belcastel à Marseille

Après Belcastel, le tournage se poursuivra à Marseille, à la carrière de Fontvielle et à l’abbaye du Thoronet, qui a inspiré à l’architecte Les Pierres sauvages. Pour des questions de temps et d’argent, l’équipe de Jean-Marie Montangerand ne traversera pas la Méditerranée, mais la partie algérienne de l’œuvre de Pouillon sera très documentée avec notamment des photos d’époque inédites de Marc Riboud. Le film documentaire de 52 minutes, qui sera diffusé par France 3 Via Stella et TV5 Monde, doit être bouclé d’ici l’été. Une version plus longue sera également réalisée pour le cinéma. Et on espère bien le découvrir, en avant-première, dans une salle aveyronnaise. En attendant, le château de Belcastel s’apprête à recevoir ses premiers visiteurs printaniers ainsi que les artistes de la nouvelle saison culturelle, dont le graffeur Scaf, spécialiste des œuvres en trompe-l’œil, qui débarque avec ses bombes de peinture mi-avril.

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