Salon du vin à Rodez : nature ou naturel, une histoire de goût avant tout

Au départ, on disait qu’il était l’apanage de quelques vignerons « originaux » allergiques aux diktats de la société de consommation et rêvant d’un monde plus bio que bio. Puis, on lui a donné l’étiquette d’un vin pour bobos citadins, désireux d’impressionner leurs convives lors d’une soirée feutrée dans un appartement haussmannien de Saint-Germain-des-Près… Mais ça, c’était avant. Désormais, le vin nature ou naturel séduit bon nombre de palais et trouve une place de choix dans toutes les bonnes caves. Et même sur les cartes des restaurants. Les jeunes générations apprécient la démarche et les anciens ne sont plus rebutés par ce goût particulier dont certains s'amusaient à dire qu'il fleurait bon le poney… Qu'en est-il aujourd'hui ?

De nombreuses productions aveyronnaises

Dans les allées du Salon du vin à Rodez, hier, cela faisait encore débat. Avec les pour et les contre, ceux y voyant une simple mode et d'autres l'avenir. Le vin nature, on l'aime ou on ne l'aime pas. Qui mieux que les cavistes, professionnels du goût, pour en parler ? "C’est un peu le vin de nos grands-pères avec leurs petites vignes, le véritable jus de raisin fermenté… On revient aux fondamentaux", résume Florian Falguières, des caves éponymes. À l’instar de ses confrères, il voit avec sa sœur Maëlle de plus en plus de clients franchir les portes de leur commerce avec l’envie de goûter ces cuvées, pas seulement bios ou biodynamiques mais sans intrant et logiquement sans sulfite. Un vin sur lequel les vignerons sont appelés à intervenir le moins possible... En Aveyron, bon nombre d'entre eux se sont déjà laissés séduire. Comment ne pas citer les productions de Nicolas Carmarans et de Pauline Broqua dans la vallée de la Truyère, de Patrick Rols à Conques, d'Yvan-Marie Rufié sur les hauteurs du plateau d'Hymes ou encore d'Hugo Epinoux à Estaing ?

« Avant d’être nature, le vin doit être bon »

Pour les cavistes Pierre Bonnefous ou encore Guy Cayssials, installés à Rodez depuis de nombreuses années, "tout est question de goût". "Avant d’être nature, le vin doit être bon et ce n'est pas toujours le cas. Sans compter qu’il est souvent déroutant, voire difficile à conserver. Mais il faut reconnaître qu'en Aveyron, il se fait de belles choses". Au milieu de la cinquantaine d'exposants qu'ils ont réunis à la salle des fêtes et des incontournables "Terrasses du Lazac", "Château La Négly", "Pic Saint-Loup", "Crozes Hermitage", il y en a un qui depuis plusieurs années ne jure plus que par le vin nature. À 29 ans, le jeune vigneron Charles Bonnafont "ne peut plus boire autre chose". Après des études sportives à Rodez, ce dernier a repris le domaine familial "Cinq Peyres" à Gaillac dans le Tarn. Déjà dans le bio du temps de ses parents, le vigneron a alors aisément franchi le pas du vin nature. "C'est du bon sens tout simplement. Avec ces vins, les émotions sont décuplées, c'est la magie de nos terroirs", dit-il tout sourire. Sans compter que les affaires tournent bien. L'Hexagone fait la part belle aux vins nature et l'étranger en raffole. Les pays d'Europe du Nord, les Etats-Unis ou encore l'Asie ne cessent d'en importer. Au plus grand bonheur des vignerons et des amateurs convertis.