Viviez. Aveyron : pour Carole Delga, "la reprise de Sam est d’un intérêt national"

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  • Carole Delga, lors de sa visite  à la SAM en novembre dernier.
    Carole Delga, lors de sa visite à la SAM en novembre dernier.
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Propos recueillis par Bernard-Hugues Saint-Paul

La présidente de Région Carole Delga réagit à la décision du tribunal de Rodez d’expulser les anciens salariés de l’usine. Entretien.

Quelle est votre réaction à la décision du tribunal de Rodez ?

Je me dois de prendre acte de la décision de la justice. Je suis un peu étonnée des délais aussi courts, je ne vois pas quelle était l’urgence de faire évacuer le site. Nous sommes dans un état de droit, il faut appliquer la décision. Je pense que la solution de Jean-Louis Chauzy (un gardiennage de la Sam porté par les collectivités sous protocole des parties et garanti par la préfecture NDLR) est la bonne. Dans tous les cas, il faut un gardiennage. Mais clairement, je regrette qu’il y ait une précipitation, qui peut déstabiliser ; il n’y avait pas de problème d’insécurité et on pouvait continuer à avancer dans cette configuration. Je tiens à saluer la responsabilité des salariés et des représentants syndicaux qui depuis des années sont exemplaires quant à leur investissement et leur dévouement pour leur outil de travail.

Quelles sont les avancées sur l’étude de reprise du site ?

La Région n’a jamais baissé les bras. Nous avons convaincu le gouvernement de venir en appui d’aides substantielles de la Région. Nous donnons 1,2 million et l’État 200 000 €. Le projet avance puisque l’équipe projet est en train d’être recrutée. Les premières personnes pilotes de ce nouveau projet industriel vont arriver d’ici trois semaines. Je continue à travailler sur la question des actifs et de la propriété immobilière, afin de trouver une solution. Nous travaillons pour acheter l’immobilier au groupe chinois Jinjiang Sam ; et nous regardons actuellement avec Matthieu Hède pour lister les actifs qu’il est nécessaire de racheter à travers l’avancée du projet industriel. Nous sommes en discussion avec les liquidateurs.

Mobilisation ce mardi

Une nouvelle mobilisation de soutien aux salariés est prévue ce mardi 5 avril dès 14 heures devant l’usine, date et heure décidée par le tribunal comme la fin de l’occupation. Un rassemblement est prévu en suivant, à 17h30.

La situation reste fragile…

Ce qui est important est d’avoir un projet industriel en termes de souveraineté économique car si nous n’avons plus de fonderie d’aluminium sur le Bassin de Decazeville, cela signifie qu’en termes de souveraineté industrielle française, il va en manquer pour tout le grand sud de la France. On ne peut pas mettre en balance une vente aux enchères avec un enjeu stratégique de souveraineté industrielle. Nous faisons valoir aux liquidateurs qu’il y a un intérêt national supérieur à la valeur vénale des biens.

Sont-ils sensibles à cet argument ?

On fait tout pour qu’ils le soient. La préfète de l’Aveyron et le préfet de région m’aident aussi dans ce travail de conviction et de persuasion. La détermination est là. Quand j’ai commencé à chercher, il fallait avoir de la détermination. Quand mes équipes ont détecté l’entreprise de Matthieu Hède, on l’a contacté et présenté le projet… Nous avons beaucoup de détermination à la Région ; certains avaient baissé les bras et disaient que notre action ne servait à rien. Je n’ai jamais écouté ces oiseaux de mauvais augure, j’ai toujours voulu un avenir industriel pour la Sam, sur place. C’est ce que je dois aux salariés et à l’’abnégation dont ils ont fait preuve depuis des années. C’est pourquoi il faut continuer à avancer. La Région a été longtemps seule à chercher ; maintenant on est plusieurs avec l’État à soutenir ce projet. On est déterminés, sans faire de fausses promesses mais avec sérieux.

Allez-vous revenir sur le site ?

Oui, la date n’est pas fixée.

Le potentiel repreneur, désireux d’un "arrangement"

Sollicité, Matthieu Hède, PDG du groupe lotois MH Industries, qui étudie un projet de reprise d’activité sur le site de Sam indique : "Notre travail sur l’étude de faisabilité, en concertation avec la Région, avance bien. Je ne peux pas m’avancer sur le nombre d’emplois car cela dépend des scénarios. On présente le projet dans 5 mois pour un redémarrage au mieux dans un an. La prochaine échéance est d’essayer de trouver un arrangement avec le tribunal de commerce et les liquidateurs sur la reprise des actifs. Il y a plusieurs enjeux. D’abord commercial : aujourd’hui, il n’y a plus de client, ni d’activité donc il faut retrouver un modèle et des clients. Le deuxième enjeu est technique car du temps va passer et la procédure de liquidation se poursuit ; les salariés auront quitté les lieux. Ils ont fait un travail remarquable : ils ne se sont pas contentés d’occuper l’usine mais l’ont entretenue bénévolement. Dans cette histoire, il y a une grosse différence entre le droit et l’éthique.La troisième difficulté réside dans la capacité que le droit soit un peu infléchi pour donner la primauté au bien collectif. Notre projet est viable si on est capable de récupérer une partie des actifs, dont les fours, dans de bonnes conditions. En faisant tourner les fours, les salariés ont donné toutes les chances à une reprise potentielle car un équipement qui ne tourne pas plusieurs mois, surtout en hiver, ne peut quasiment pas être redémarrable. Je suis en tout cas impressionné par l’élan et l’envie de tous les politiques locaux de nous accompagner."

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Les commentaires (1)
Altair12 Il y a 2 années Le 04/04/2022 à 09:26

Et si les salariés de la SAM créaient une coopérative ?
Et s'ils relançaient la fabrication de l'outillage ?