Cinquante ans de répit pour les agriculteurs aveyronnais

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  • Victime de son succès, l’association pourrait actuellement embaucher «une trentaine de CDI» selon son président Jérôme Valière.
    Victime de son succès, l’association pourrait actuellement embaucher «une trentaine de CDI» selon son président Jérôme Valière.
Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

Fondé en 1972, le service de remplacement de l'Aveyron a fêté à Olemps ses 50 années de bons et loyaux services en direction des agriculteurs aveyronnais. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, l'association avait convié quelque 70 étudiants en agriculture pour les sensibiliser à leur démarche avant une rencontre entre remplaçants et bénéficiaires.

Congés, maladie, accident, paternité ou maternité, obsèques, besoin de formation… ou bien, tout simplement, de répit dans l’exercice d’une profession exigeante et aux risques psycho-sociaux avérés : depuis 50 ans exactement, le service de remplacement de l’Aveyron propose son appui aux agriculteurs du département. Ce mardi à Olemps, adhérents, agents de remplacements et partenaires ont été conviés à participer à une cérémonie célébrant l’anniversaire du dispositif dans le département.
« Le service de remplacement permet de remplacer les agriculteurs de l’Aveyron qui ont un besoin de main-d’œuvre, prévu ou non, sur leur exploitation. Notre mission principale est d’assurer la pérennité des exploitations en cas d’absences en essayant de répondre dans les meilleurs délais à toutes les demandes de remplacement », explique Jérôme Valière, président du service de remplacement de l’Aveyron.
Depuis trois ans, il veille sur l’association fondée en avril 1972 et qui ne cesse de prendre de l’ampleur avec l’arrivée sur le marché de nouvelles générations d’agriculteurs désireux de profiter de la vie davantage que leurs aînés. Avec une activité en hausse pour 2021, année au cours de laquelle 202 salariés ont travaillé pour le service remplacement, ce qui représente 46 salariés équivalents temps plein. Cette même année, 10.240 heures de remplacement ont été effectuées au profit de 450 des quelque 1.450 adhérents aveyronnais.

« Cela leur ferait du bien de prendre un peu de repos »

70 % de l’activité du service concerne, à égalité, des besoins pour accident (ou maladie) et maternité et paternité. Les demandes de remplacement pour congés concernent 20 % de l’activité, le reste étant occupé par des formations ou développement de l’exploitation agricole. «Pour les congés, on est sur une moyenne d’une semaine», précise le président qui explique que la plupart de ces remplaçants sont « des jeunes entre études et stabilisation professionnelle, voire des étudiants ».
Le revers de la médaille, pour l’association, est qu’elle est victime de son succès. « Plus on répond aux demandes, plus l’activité a tendance à augmenter », souligne Jérôme Valière. Avec une conséquence immédiatement constatée : «Nous pourrions, actuellement, embaucher une trentaine de CDI », affirme Jérôme Valière. Un appel à candidatures est lancé en ce sens sur le site internet de l’association, qui en a proposé un prolongement concret, ce mardi matin à Olemps, Afin de susciter l’intérêt d’une potentielle relève, 70 étudiants des lycées agricoles La Roque (Onet) et François-Marty (Villefranche-de-Rouergue) ont été conviés à une découverte du service remplacement, un dispositif qui, au vu des échanges, a retenu toute leur attention.
Autre écueil rencontré par les remplaçants : il n’est jamais simple, pour un agriculteur, de confier son exploitation à un inconnu. « Ça se prépare. Beaucoup n’osent pas du fait de leur côté “irremplaçable”. Non qu’ils pensent travailler mieux que les autres, mais ils expliquent que leur exploitation n’est pas assez moderne, trop complexe…. Il y a une sorte de pudeur, c’est culturel, mais cela leur ferait du bien de prendre un peu de repos ».
« N’hésitez pas à partir en vacances ! », poursuit Jérôme Valière à destination des agriculteurs… « Et nous, derrière, il faudra qu’on assure le remplacement ! ».

Contact sur sr12@srda12.fr ou servicederemplacementaveyron.fr

 

Benoît Gladin, 32 ans de service, grand remplaçant

En juin, cela fera 33 ans que Benoît Gladin travaille exclusivement à remplacer ses collègues agriculteurs de l’Aveyron. En CDI et à plein temps au service remplacement, il officie dans le secteur Bas-Quercy et se souvient encore aujourd’hui de sa première intervention, dans un élevage de brebis laitières.
En 32 ans de remplacements, Benoît Gladin a pris en charge ovins, bovins et caprins sur des installations diverses. «Il faut être capable de s’adapter à tout type de production… mais aussi à l’entourage familial sur l’exploitation », souligne l’agriculteur.
«Au départ, je faisais des remplacements pour travailler avant de m’installer. Mais, au bout de trois ou quatre ans, mon projet n’a pas abouti, donc je suis resté», explique Benoît Gladin qui a vu, au long de sa carrière, les mentalités évoluer. «Avant, les agriculteurs ne partaient en vacances que l’été mais désormais, on a des demandes toute l’année». Une hausse des besoins qui a eu pour conséquence d’accroître la demande auprès du service renseignement, aujourd’hui en recherche de renforts, notamment du côté des jeunes générations.

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