Coups de feu à Onet : l’épilogue d’une rivalité sur fond de trafic de drogue

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  • Les faits se sont déroulés dans le quartier des Quatre-Saisons.
    Les faits se sont déroulés dans le quartier des Quatre-Saisons.
Publié le
Mathieu Roualdés

En avril 2020, dans le quartier des Quatre-Saisons à Onet-le-Château, un jeune homme de 27 ans recevait une balle dans l’abdomen. L’épilogue d’une rivalité entre deux bandes, sur fond de trafic de stupéfiants. Le tireur, âgé de 22 ans, a écopé de quatre ans de prison ferme, hier devant le tribunal de Rodez.

Nous ne sommes ni à Marseille, ni à Toulouse où les règlements de compte sur fond de trafic de stupéfiants s’accumulent dans la rubrique des faits divers. Nous sommes à Onet-le-Château, 11 000 habitants. Ici, seulement quelques bâtiments ont poussé dans des forêts de ciment, comme chantait IAM. Ici, pourtant, le trafic se développe au fil des années. Avec lui, son engrenage criminel. Rivalités entre bandes, jeunes qui s’arment, guet-apens…

Et cette nuit du 27 avril 2020 où, en plein confinement, la vie d’un homme de 27 ans a bien failli s’arrêter brutalement. Place des Capucines, dans le quartier des Quatre-Saisons, il est 1 h 30 lorsqu’il reçoit une balle dans l’abdomen. Par chance, si l’on peut dire, elle traverse son corps sans toucher d’organes vitaux… Ce coup de feu signe l’épilogue d’une journée et de semaines de tensions entre deux bandes de "petits" comme on les appelle dans le quartier.

"Les uns et les autres font les caïds en prenant tous les risques"

Le lendemain des faits, le tireur se rend au commissariat de Rodez. Il a été reconnu par sa victime et désigné par des témoins : il vient tout juste de fêter ses 20 ans et son casier est déjà bien fourni. Ce vendredi, c’était l’heure de son jugement devant le tribunal de Rodez. Pour un dossier dans lequel "les uns et les autres font les caïds, les voyous en prenant tous les risques", résume Mathilde Jayais, procureure.

"Je regrette, j’ai presque tué quelqu’un, j’ai agi sur un coup de colère", explique d’emblée le prévenu, survêtement noir et barbe taillée. Il a grandi entre Onet et Montpellier, avec des parents séparés et plusieurs passages en familles d’accueil. Et en classe de 4e, il arrête le collège. Plus tard, il fréquente la prison pour mineurs de Lavaur, dans le Tarn. Puis revient dans l’Aveyron. Aux Quatre-Saisons, il y retrouve notamment celui qu’il considérait comme son "frère" à l’adolescence.

Mais entre les deux, les relations ne sont plus les mêmes. "En revenant à Onet, il voulait lui piquer son trafic de stupéfiants et ça ne plaisait pas", témoignera une personne. Dans le box, le jeune homme réfute. "On veut me mettre un trafic sur le dos, mais je n’ai rien à voir avec cela", assure-t-il. Toujours est-il qu’entre les deux hommes, les provocations fusent : sur les réseaux sociaux, l’un se filme, arme à la main, en menaçant l’autre. On évoque également des pneus crevés, des vitres cassées ou encore le racket d’une "nourrice", du nom de ces gardiennes de la drogue contre rémunération…

Puis, le 27 avril 2020, alors que la nuit tombe, le tireur se fait agresser en bas de chez lui par son rival. "Ils étaient 10", raconte-t-il. Peu après, il se rend à son tour au domicile de l’autre et aurait paradé arme à la ceinture… "Je l’avais acheté dans le quartier avant cela car j’avais peur et j’en avais marre qu’ils m’agressent moi et même ma mère."

Au mauvais endroit, au mauvais moment ?

L’histoire aurait pu en rester là. Mais elle fait rapidement le tour du quartier. Trop rapidement même. Sur son téléphone, le tireur reçoit un message d’un des amis de son rival. Ce dernier veut régler le problème. Un rendez-vous est fixé place des Capucines.

Les insultes fusent et un coup de feu part rapidement, devant trois témoins. "Je ne le connaissais même pas, seulement de nom, mais j’ai pris peur quand il est arrivé", explique le tireur.

Ce rendez-vous avait-il été fixé avec l’idée d’en découdre, s’interroge le tribunal ? "Non, j’étais là pour que ces histoires de gamins s’arrêtent, même pas pour me battre !", témoigne la victime, 29 ans aujourd’hui.

Me Cédric Galandrin, avocat du tireur, n’y croit pas. "On a retrouvé deux pochons de cocaïne et de l’argent dans votre veste cette nuit-là, sans oublier que vous avez déjà été condamné pour des violences avec arme également", a-t-il rappelé dans sa plaidoirie. "Leurs histoires, ça ne me regarde pas", répond la victime.

Aujourd’hui, il vit toujours à Onet-le-Château et dit "ne plus beaucoup sortir". "Je me sens trahi par ces gens avec qui j’ai grandi", explique-t-il, devant sa mère et son frère, présents lors de l’audience. Pour Mathilde Jayais, procureure, il "s’est mêlé de quelque chose qui vous regardait de près ou de loin. Toujours est-il que cette affaire illustre la nécessité de lutter contre le trafic de stupéfiants."

Dans ses réquisitions, elle a fait état de "la carrière pénale" du tireur. Avant de demander six ans de prison ferme à son encontre. Le tribunal l’a condamné à quatre. À sa sortie, il devra également respecter une interdiction de paraître en Aveyron durant cinq ans "pour changer de fréquentations", a souligné la présidente Geneviève Boussaguet. Durant cette même durée, il devra également respecter une interdiction de posséder une arme à feu. Celle utilisée dans la nuit du 27 avril 2020 n’a jamais été retrouvée.

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