Football : Pierre-Olivier Murat, président de Rodez : "Avec les filles, nous avons la même stratégie qu’avec les garçons"

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  • Le président du Rodez Aveyron football, Pierre-Olivier Murat.
    Le président du Rodez Aveyron football, Pierre-Olivier Murat. Jean-Louis Bories
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Aurélien Parayre

Avant Rodez - Mérignac, dimanche 10 avril, qui peut donner huit points d’avance au Raf en tête de la D2, son président Pierre-Olivier s’est prêté au jeu de l’entretien.

Quel regard portez-vous sur ce qu’est en train de réaliser votre équipe féminine, leader de D2 et très bien partie pour retrouver l’élite nationale qu’elle avait été contrainte de quitter en 2019 ?

Je suis très proche de cette équipe. J’assiste à tous les matches à domicile, et quand c’est possible au niveau calendrier, également à certains à l’extérieur. Les résultats, à date, sont en phase avec l’investissement financier, humain et en termes de développement que l’on a mis pour le football féminin au sein du club. À l’échelle de l’école de foot, on a aussi une très forte progression du nombre de licenciées. Et on n’a jamais été aussi proche de remplir notre objectif… qui n’était d’ailleurs pas forcément pour cette saison, mais qui s’échelonnait sur plusieurs années, qui est de remonter en D1.

Concernant les licenciées chez les jeunes, vous parlez de forte augmentation. C’est-à-dire ?

À l’école de foot, on dénombre plus de cent gamines. C’est une stratégie et une augmentation qui s’étale sur plusieurs années. Mais aujourd’hui, avoir ce nombre de licenciées dans un club professionnel garçons, ce n’est pas commun.

Pour revenir à l’équipe fanion, comment expliquez-vous le fait que ça ait fonctionné cette saison, que l’équipe tourne aussi bien ?

Déjà, l’entraîneur (Mathieu Rufié) bosse très bien. Les filles ont également pris conscience qu’elles avaient les qualités pour y aller. Et puis il y a aussi eu quelques recrutements externes, même étrangers pour certains, qui nous amènent un petit plus.

Un effectif qui reste malgré tout très jeune.

Oui. Et c’est plutôt rassurant. Cela veut dire qu’il y a encore de la marge de progression.

"Si on est sérieux jusqu’au bout, on sera en D1"

Justement, on y vient. Certes, ce n’est pas encore mathématiquement fait et ça ne pourra pas l’être même s’il y a un succès face à Mérignac dès ce dimanche après-midi. Mais la D1 se profile quand même plus que sérieusement. On imagine que vous, en tant que président, vous travaillez évidemment déjà à la construction de la saison prochaine. Quels sont vos axes de travail du coup ?

J’ai un défaut ou une qualité, c’est selon : c’est la superstition ! Donc, on n’y est pas en D1. Si on est sérieux jusqu’au bout, on y sera. Mais pour l’instant, on n’y est pas.

On reformule : si Rodez était en D1 la saison prochaine, qu’est-ce qu’il lui manque aujourd’hui pour faire face à ce niveau ?

Il faudra des joueuses d’expérience ou des jeunes talents internationaux. Vous l’avez dit, l’équipe actuellement est très jeune. Il faudra donc ajuster à ce niveau-là. Mais le but, c’est de garder notre ossature. C’est d’ailleurs la même stratégie qu’avec les garçons lors du passage National – Ligue 2 : conserver l’ossature et l’améliorer petit à petit.

Avec, du coup, un budget qui va avec...

Oui, mais comme il est déjà mis cette année. Cette année, on a le plus gros budget de l’histoire du football féminin au Raf.

"Entre 500 000 et 600 000 euros" de budget

C’est d’ailleurs un budget qui est porté à quelle hauteur cette saison ?

Nous ne sommes qu’un club, une seule SASP. Donc il n’y a pas un budget spécial féminines. Mais le "coût" des féminines, aujourd’hui, c’est entre 500 000 et 600 000 euros (sur environ 7 M€ de budget global).

Et pour exister en D1, en 2022, vous estimez que l’enveloppe nécessaire s’élève à combien ?

Il faudra le double.

Et le Raf en est aujourd’hui capable ?

Je n’ai pas dit qu’on allait le doubler. Mais pour être à l’aise en D1, il faut le double. Si on arrive, nous, à aller chercher 300 000 ou 400 000 euros de plus, ce sera déjà pas mal. Mais même avec cela, ce sera dur.

Dans la décennie 2010 et les années D1 des Rafettes, l’équipe misait beaucoup sur les valeurs dites de club amateur, de filles qui se dépouillent chaque week-end…

(Il coupe) ça, c’est fini. Bien sûr que ce sont nos valeurs de club, comme pour les garçons d’ailleurs. Mais la D1 féminine a évolué en termes de niveau à vitesse supersonique. D’avoir des valeurs, d’aller au combat, c’est bien. Mais il faudra des joueuses de football. Le niveau général s’est renforcé. Il y a une dizaine d’années, il y avait beaucoup de clubs amateurs et aujourd’hui, malheureusement ou heureusement je ne sais pas, ce sont presque que des clubs professionnels garçons.

Et dans ce contexte, le Raf aura-t-il l’ambition de se positionner de manière pérenne en D1 ?

Si on peut, bien sûr que oui. Déjà, être en Ligue 2 garçons et D1 féminine, ce sera incroyable, historique pour un club de notre taille. Ça prouve aussi que l’on bosse bien à tous les étages du club. C’est extraordinaire, il faut s’en rendre compte !

Concernant le staff et quoi qu’il arrive en fin de saison, Mathieu Rufié est toujours prévu comme officiant en tant que coach principal ?

C’est comme pour les garçons. Moi, je souhaite qu’il soit là, oui bien sûr. Qu’il soit l’entraîneur de la D1 féminine si on est monté, évidemment. Je ne vais pas changer quelque chose qui fonctionne. Après, si le PSG lui propose d’être entraîneur à 50 000 euros par mois, il ira à Paris. C’est aussi ça le foot professionnel.

À l’image de ce qui a été fait chez les hommes : étoffer un peu encore le staff est-il envisageable, ou y a-t-il d’autres priorités et notamment celles de retoucher l’effectif ?

L’effectif, c’est prioritaire. Après, amener des choses sur le plan médical, ou sur le fait d’avoir le plus possible de joueuses professionnelles, et pas forcément des contrats fédéraux mais des joueuses qui ne fassent que du football, ce sera déjà très, très bien. Sachant qu’aujourd’hui, le staff est, en plus, déjà bien fourni.

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