Présidentielle 2022 : Marine Le Pen peut-elle y croire?

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    Marine Le Pen aborde ce second tour en bien meilleure position qu’en 2017 Repro Centre Presse -
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Yannick Povillon

Selon les premiers sondages, Marine Le Pen a un déficit à rattraper sur Emmanuel Macron mais profite d’une bonne dynamique et d’une réserve de voix. De là à briser le plafond de verre ?

Tout miser sur le pouvoir d’achat

La nuit a été courte et le retour à la campagne très rapide pour Marine Le Pen. Après son bon score du premier tour, la présidente du RN a tenu un bureau national lundi matin. Avec l’objectif de poursuivre sur le thème du pouvoir d’achat qui lui a bien réussi. Autour d’elle, les cadres du parti dont le président par intérim Jordan Bardella et Jean-Paul Garraud, le monsieur justice de Marine Le Pen, la tête de liste RN aux régionales en Occitanie.

Depuis son QG parisien, Marine Le Pen a tenu une courte conférence de presse pour rappeler qu’elle allait "continuer à se battre" en particulier sur "les sujets prioritaires pour les Français : le coût de la vie et l’inflation". Puis elle est repartie sur le terrain. Elle a improvisé un déplacement dans l’Yonne à Thorigny-sur-Oreuse, auprès d’agriculteurs, alors qu’il n’était pas prévu à son agenda. Elle s’est dite particulièrement inquiète "de l’augmentation des prix de l’alimentation".

Le RN mieux placé qu’en 2017

Marine Le Pen aborde ce second tour en bien meilleure position qu’en 2017. D’abord parce qu’avec plus de 8,1 millions de voix, elle ramène 500 000 électeurs de plus qu’en 2017. Elle entend refaire son retard en fructifiant sur les électeurs anti-Macron.
Après un début de campagne chaotique marquée par l’ascension d’Éric Zemmour à qui elle a laissé la partie radicale du discours d’extrême droite, Marine Le Pen s’est relancée. Elle a plié sans rompre.

Puis s’est investie dans une campagne à bas bruit en labourant le terrain sans débordements ni petites phrases pour bénéficier peu à peu d’une dynamique favorable. "Elle a su toucher le cœur des Français", résumait Jean-Paul Garraud. À l’aune du second tour, elle se présente avec un déficit de 1,6 million de voix mais avec une réserve de voix qu’elle n’avait pas il y a cinq ans et une tendance à la hausse.

Peut-elle éviter le front républicain ?

En 2002 et en 2017, face à Jean-Marie Le Pen puis Marine Le Pen, un front républicain a systématiquement empêché l’arrivée au pouvoir du candidat d’extrême droite.

Dimanche soir, du PCF aux Républicains, l’appel à voter Emmanuel Macron est quasi unanime et sans ambiguïté. "Pas une voix à Marine Le Pen", tonne même Jean-Luc Mélenchon pour faire barrage sans jamais toutefois appeler à voter pour Emmanuel Macron.

Car la défiance à l’égard du chef de l’État est telle que ces consignes pourraient ne pas être suivies. En particulier dans les rangs des électeurs de La France insoumise, dont plusieurs enquêtes montrent qu’un électeur sur trois pourraient rallier le vote Le Pen qui apparaît plus apaisée.

Une abstention profitable ?

Tous les sondeurs le redoutent, l’abstention pour le second tour devrait être plus importante qu’au premier. Car de nombreux électeurs ne voudront pas arbitrer ce remake de 2017. Elle devrait se fixer autour des 28 %. Voilà qui risque de troubler l’issue du scrutin du 24 avril. Les politologues estiment que cela pourrait profiter à Marine Le Pen sous réserve qu’elle parvienne à capter cet électorat : "Elle devra en mobiliser une grande partie si elle veut espérer passer la barre des 50 % au second tour", explique Mathieu Gallard, directeur d’études à l’institut de sondages Ipsos.

Clarifier son programme

Pour parvenir à convaincre, Marine Le Pen va devoir sans cesse clarifier son programme très différent de celui de 2017. Elle a commencé en déplacement dans l’Yonne pour rappeler qu’elle n’avait pas "l’intention de sortir de l’Union européenne mais faire évoluer cette structure en créant une alliance de nations libres et souveraines".

 

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