Tribunal de Rodez : "Toutes les semaines, je condamne pour du stup en prison !"

  • Salle d'audience, tribunal de Rodez.
    Salle d'audience, tribunal de Rodez. Illustration José Antonio Torres -
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Plongée dans l'audience à juge unique de ce mardi 12 avril.

Le mardi, au tribunal de Rodez, c'est le jour des audiences à juge unique. Des "petites affaires", comme on dit dans le jargon, en comparaison à celles du mercredi jugées en présence de trois magistrats...

Depuis plusieurs mois, c'est la présidente Christine Piccinin, ancienne juge d'instruction au tribunal de Gap, qui préside ces journées remplies où se croisent consommateurs de stupéfiants, maris violents, conducteurs éméchés ou encore quelques multirécidivistes. Les audiences à juge unique sont uniques en leur genre. Elles le sont davantage avec Christine Piccinin. Avec la magistrate au franc-parler, ces longues journées ne sont jamais un long fleuve tranquille. Surtout, lorsqu'elles sont particulièrement remplies et que la justice "express" s'applique. 

"Le tarif habituel"

Ce mardi, un détenu l'a appris à ses dépens. Ce jeune villefranchois incarcéré depuis plusieurs mois pour divers cambriolages devait cette fois s'expliquer pour avoir fait entrer, avec la complicité de sa concubine lors d'un parloir, des stupéfiants et deux téléphones portables dans la maison d'arrêt de Druelle. Mais, à peine a-t-il eu le temps de se lancer dans des explications hasardeuses que la présidente l'a coupée : "Toutes les semaines, je condamne pour du stup en prison ! Les cellules en regorgent et arrêtez vos excuses avec les fouilles, on sait très bien qu'elles ne sont pas toujours efficaces" 

Le ton était donné, le détenu et son conseil coupés dans leurs élans de défense. "Je ne suis pas à l'origine de cette demande à ma compagne", a simplement fait savoir le mis en cause. À noter que sa jeune comparse, déjà jugée pour ces faits, avait pris le soin de dissimuler en partie les objets dans son vagin... "Ce n'est pas rien tout de même !", a rebondi la juge. Avant de conclure, d'emblée après les réquisitions du ministère public : "Le tribunal vous condamne à quatre mois de prison ferme. C'est le tarif habituel pour ce genre de choses"

Le permis de conduire, ce bien si précieux...

C'était la première affaire de ce mardi après-midi. Une dizaine a suivi. On retiendra celle d'un homme, invalide à 80%, jugé plus de dix ans après des faits de refus d'obtempérer et de conduite sans permis, en 2011 à Rodez. "C'est tellement ancien, c'est du grand n'importe quoi", a-t-il lancé à la barre, avec l'approbation de la juge rappelant néanmoins lors de sa condamnation qu'un "refus d'obtempérer, ce n'est pas acceptable !".

Pour deux autres jeunes hommes, l'audience de ce mardi, c'était jour de chance en revanche. Tous deux venaient contester leur suspension de permis pour un contrôle positif aux stupéfiants. L'un est serrurier dans le Nord-Aveyron et doit rouler une trentaine de kilomètres pour rejoindre son travail. L'autre est chauffeur-livreur. Vous l'aurez compris, pour eux, comme la plupart des Aveyronnais, le permis de conduire est vital. Christine Piccinin l'a compris. "Ici, il n'y a ni métro, ni tramway, ni vélo électrique, ni trottinettes", a-t-elle d'ailleurs indiqué à un avocat parisien présent dans la salle et soulignant que les suspensions de quatre mois étaient "mesurées par rapport à ce qui se fait dans la capitale".

Les deux jeunes hommes s'en sont finalement tirés avec une bonne leçon. Et une amende de 800€ à régler, ainsi qu'une autre de 1700€ avec sursis. "Attention, j'ai de la mémoire et que je ne vous retrouve pas ici !", leur a lancé la magistrate avant qu'ils ne quittent le palais de justice...

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