Aveyron : le Département se positionne pour reprendre la main sur la RN88

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    Les conseillers départementaux se sont réunis ce vendredi 15 avril. Centre Presse - José A. Torres
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Les conseillers départementaux ont approuvé la demande de transfert de maîtrise d’ouvrage de l’aménagement à 2X2 voies de la RN88, prévue dans le cadre de la loi de décentralisation dite 3DS.

Une séance du conseil départemental « exceptionnelle » s’est tenue vendredi 15 avril. Au menu de l’unique délibération : le transfert de maîtrise d’ouvrage de l’aménagement à 2X2 voies de la RN88, de l’État au Département.
Quelle est l’origine de cette délibération ? Pour résumer, la loi 3DS (différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification) du 21 février 2022 – qui transfère de nombreuses compétences aux collectivités – comprend un important volet routier. C’est ainsi que 10 300 kilomètres de routes nationales pourraient être « décentralisés ».

L’Aveyron est particulièrement concerné par cette loi avec le tracé de la RN88.
« En premier lieu les départements concernés doivent se prononcer sur la question du transfert total de la voie, ce qui est donc notre cas, résume, en préambule, Arnaud Viala. En deuxième lieu, les régions peuvent se prononcer, dans un cadre différent, leur permettant éventuellement de récupérer la délégation de maîtrise d’ouvrage. S’il y a consensus, la procédure se poursuit autour du préfet de région qui animera une concertation pour permettre que le point de vue des uns et des autres puisse s’exprimer. Puis le ministre des Transports tranche, par arrêté. »

Les travaux de cette RN88 durent « depuis des années, de trop longues années », selon lui. Ainsi, un peu plus de 90 kilomètres de route doivent être transférés au Département. « Aujourd’hui, notre intention est d’engager le plus rapidement possible des travaux sur la section Causse-Comtal-Séverac-d’Aveyron. Nous aurons besoin de faire deux tranches de travaux. D’abord sur la section Rodez-Laissac, puis Rodez-Séverac », explique Arnaud Viala.
L’objectif étant d’atteindre Laissac « dans la décennie à venir. À partir de 2030, il s’agira d’aller de Laissac jusqu’à Séverac ». En outre, le dossier du contournement de Rodez est « aussi sur la table », assure le président du Département.
Si le contour des conditions juridiques du transfert ont été définies, « il n’en est rien des conditions financières. S’agissant d’un transfert lourd de conséquence […] il (l’État) ne dit rien sur les moyens dédiés à l’exploitation de ce réseau, ni des moyens qu’il consentira à donner pour la création de la route neuve ».


En pleine période électorale, alors que les cartes peuvent être rebattues, difficile de se projeter. Mais Arnaud Viala entend bien que l’État s’engage et réponde « aux dépenses » auxquelles le Département devra faire face.

Cette délibération, selon le président Viala, doit aussi permettre d’ouvrir les discussions avec la Région « qui a manifesté son intérêt. Nous trouverons un moyen de tomber d’accord et de nous mettre autour de la table des financeurs. Cet itinéraire est capital pour l’Aveyron mais il est également un itinéraire de liaison avec la capitale régionale, Toulouse ».
Délibérer « pour ne pas perdre de temps », donc « mais aussi pour manifester une volonté forte » du Département de prendre en main cette RN88. Ce qui pourrait être effectif au 1er janvier 2024, si le calendrier évoqué par la collectivité est respecté.

De son côté, la conseillère départementale Sarah Vidal déplore « la volonté de l’État de ne plus vouloir être un grand aménageur ». « Il n’y a pas à opposer la Région ou le Département » dans ce dossier. « Ce rapport n’arrive-t-il pas un peu tôt ? Ne pouvions-nous pas attendre qu’une phase de concertation et de négociation puisse être organisée correctement entre toutes les collectivités ? », s’interroge-t-elle.


« Nous allons poursuivre le dialogue avec l’État et les collectivités. Mais si le besoin s’en fait sentir il deviendra un bras de fer, affirme Arnaud Viala. Il n’est pas question d’abandonner l’idée que la solidarité nationale s’exprime sur un enjeu aussi fort pour notre département ».

 

« Ce n’est pas moi qui invite les hôtes à Matignon »

« Je vais redire ici ce que j’ai dit lors de l’inauguration du barreau de Saint-Mayme, au mois de janvier : ce n’est pas moi qui invite les hôtes des réunions à Matignon », a asséné Arnaud Viala en réponse à Sarah Vidal qui trouvait « malheureux que des réunions » concernant la RN88 se tiennent « sans la présence de la Région ». La conseillère départementale faisant référence à une rencontre qui s’est tenue à Matignon donc, au mois décembre dernier. Autour de Jean Castex, les quatre parlementaires, le président du Département, le maire de Rodez ainsi que la préfète, étaient venus évoquer le dossier de la poursuite du doublement de la RN88. « Arrêtons de propager des choses fantaisistes. Quant à la présidente de Région, nous en avons parlé ensemble sans difficulté. Nous allons nous revoir très prochainement. La médiatisation de cette réunion n’est pas de mon fait. Je ne souhaitais pas en faire un enjeu d’image. »

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