Rodez : les "frondeurs", poil à gratter de la majorité municipale ?

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  • Sarah Vidal, Arnaud Combet, Mathilde Faux et Jean-Michel Cosson.
    Sarah Vidal, Arnaud Combet, Mathilde Faux et Jean-Michel Cosson.
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Mathieu Roualdés

Amis d’hier, ennemis d’aujourd’hui. Une majorité face à ses anciens cadres démissionnaires, est-ce le nouveau visage du conseil municipal de Rodez ?

Jeudi, 16 h 55. Avant l’ouverture du conseil municipal, la majorité est en réunion dans l’hémicycle. La porte est fermée. Dans le hall de l’hôtel de ville, les élus d’opposition patientent. Arnaud Combet, qui a quitté cette majorité la veille, arrive à son tour dans le hall de l’hôtel de ville. Avec lui, les autres "frondeurs" : Sarah Vidal, Mathilde Faux et Jean-Michel Cosson… "Il était énervé, non ?", nous lance l’ancien adjoint, tout sourire. Il, c’est Christian Teyssèdre. Dans nos colonnes, il a qualifié le groupe "d’enfants gâtés", tout en leur reprochant de n’avoir "aucune reconnaissance du ventre".

Ce jeudi soir, c’est donc portes fermées pour eux également. Et une nouvelle réalité. "On se place où ?", se demandent-ils avant l’ouverture du conseil, eux qui furent habitués à s’installer sur les chaises réservées de la grande table des adjoints. Cette fois, ce sera à l’opposé, au dernier rang. Aux côtés des élus de la droite, Franck Cortese, Anne-Sophie Monestier et Serge Julien… Le trio ne cache pas sa joie d’accueillir ces nouveaux voisins, symboles d’une majorité "qui se déchire bien plus vite et violemment qu’on ne l’avait imaginé".

"Mme Vidal, où étiez-vous durant deux ans ?"

17 heures. Le conseil s’ouvre. Quatorze minutes plus tard et deux notes lues par l’édile, Sarah Vidal lève déjà la main. "Mme Vidal, on vous écoute", lance Christian Teyssèdre. Le vouvoiement est froid, il surprend même. Le divorce est bel et bien consommé. "Le dossier de Carrefour Contact, le litige, est à l’image d’une pelote de fil de laine qui se dévide au fil des mois […] Il est incompréhensible qu’un dossier ait pu prendre de telles proportions, dans la durée, les procédures…", débute la conseillère départementale, rapidement interrompue par Christian Teyssèdre. "Vous cherchez une tribune, faites une conférence de presse. Pourquoi ce dossier ne vous intéressait pas lorsque vous étiez première adjointe ? Où étiez-vous durant ces deux ans ? Vous allez jouer les pleureuses lors de tous les conseils désormais ?". Ambiance, ambiance. "À ce rythme-là, on y est jusqu’à deux heures du matin", souffle dans le micro, Bernard Ferrand… "Un peu de respect s’il vous plaît", se contentera de répondre Sarah Vidal. Avant de quitter le conseil, pour éviter tout conflit d’intérêt lors de la délibération sur la vente du haras, son compagnon Guillaume Angles étant le président du tiers lieu "Station A". Et certainement pour éviter d’autres échanges houleux…

Deux oppositions, deux ambiances

Devant son écran, à l’extérieur de l’hémicycle, l’élue a néanmoins dû suivre avec attention les divers échanges qui s’en sont suivis. Et le ton bien plus courtois du maire avec les autres oppositions, dont il n’a pas manqué de stipuler qu’elles avaient "de l’éthique en politique ". Jusqu’à les couvrir d’éloges et leur promettre un avenir radieux ? "Toutes les oppositions d’aujourd’hui ont vocation à devenir les majorités de demain, c’est le sens de l’histoire…", a glissé un Christian Teyssèdre, détendu.

Du moins jusqu’à l’intervention d’un autre "frondeur", en la personne de Jean-Michel Cosson. Ce dernier, dans un texte lu à voix haute, s’est interrogé sur le prix d’achat du haras (6 millions d’euros) et "la frénésie actuelle de vente-achat de la mairie""Le centre de Rodez est transformé en parc d’attraction alimentaire. Il ne vous reste plus, après avoir changé la galerie Sainte-Catherine en étals de courgette et cornichons, qu’à transformer la médiathèque en centre de dégustation de tripous et le musée Denys-Puech en boîte de nuit et la ville pourra alors envisager de candidater à l’Unesco de l’insolite", a déclamé l’historien. "Après 14 ans passés dans la majorité, vous ne vous honorez pas avec ce genre d’interventions. Il y a de l’aigreur dans ce que vous dites. C’est triste […] Je ne sais pas dans quelle ville vous vivez mais les Ruthénois ne seront pas dupes et arrêtez vos sourires narquois". Il y a quinze jours, lors d’un précédent conseil municipal, le ton était déjà monté entre les amis d’hier et ennemis d’aujourd’hui. Et de demain ? "On va vous écouter à chaque conseil municipal, conclut Christian Teyssèdre. Mais que c’est triste. Allez, on va s’arrêter là". Jusqu’au prochain conseil ? Et la future salve des "frondeurs" ?

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