Football : les Rafettes livrent les secrets d'une saison réussie

"Il vaut mieux l'interroger maintenant que dans deux heures ! (rires)" À la sortie des vestiaires du stade des Francs-Archers, la milieu sang et or Océane Saunier se fait chambrer par le staff et ses coéquipières. Référence aux boissons pétillantes qui l'attendaient dans le car dimanche en fin d'après-midi, après la victoire de la montée à Nice (0-1), et on ne parle pas d'eau gazeuse, ni de soda ! L'histoire ne dit pas si c'est Champagnac, Solène de son prénom, qui a sabré le champagne, mais on sait que nombre de bouteilles sont tombées au combat.

Du début du trajet retour... jusqu'à l'aube ! Car hier matin, que vous vous leviez tôt ou pas pour arpenter les rues du Piton, il n'était pas difficile de croiser les Rafettes, qui concluaient sur la place d'Armes un barathon d'une dizaine d'heures entamé... au même endroit. Histoire de boucler la boucle. Sans oublier qu'entre-temps, il y avait eu, évidemment, une virée en boîte, à Onet.

Et dire que la fête n'est pas encore finie... Car ce soir, elles seront honorées par le club à la mi-temps de la réception de Nancy, à Paul-Lignon, en Ligue 2. Ce, après avoir offert une haie d'honneur aux Ruthénois à l'occasion de leur entrée sur la pelouse.

Avant toutes ces célébrations, ce fut surtout le grand soulagement pour "cette belle bande de guerrières", comme l'aime à les appeler leur entraîneur Mathieu Rufié. À l'image des larmes de la capitaine Laurie Cance à l'issue du succès sur la Côte d'Azur, qui se libéraient enfin de la souffrance vécue lors des deux saisons précédentes, stoppées par le Covid, et du début de l'aventure 2021-2022. "Quand on avait perdu une fois et concédé deux nuls au bout de six journées, j'étais inquiet, d'autant que pour pouvoir monter, il ne faut généralement pas dépasser les trois défaites", confie le coach.

Les suspensions et le passage à trois défenseures

Histoire de ne rien arranger, c'est à cette période que le technicien est sanctionné, après avoir été exclu contre Yzeure (0-2) le 26 septembre pour contestation, de trois mois de suspension par la commission de discipline de la FFF. Qui interdit, en plus, son adjoint Patrice Ranc, entré sur le terrain sans autorisation à Nîmes (1-1) le 17 octobre, de représentation pendant sept rencontres.

Océane Saunier souligne : "On remercie Martin Douillard, venu les remplacer sur le banc. Cette montée, c'est aussi grâce à lui." "Et à Franck Plenecassagne, prolonge Mathieu Rufié. Je salue aussi le gros travail du préparateur physique Victor Gayrard, de notre dirigeante emblématique Michèle Thuéry, de l'entraîneur des gardiens Rémi Bonnet, de Marc Vidal (troisième portier du groupe senior masculin), du coach de la réserve Lucas Guillaume, qui est allé superviser des adversaires..."

Les conseils de ce petit monde ont aussi provoqué le passage, fin octobre, de quatre à trois défenseures, épaulées par deux pistons. Le tournant de la saison pour Zoé Stievenart, l'héroïne du dimanche : "À partir de là, on a pris beaucoup moins de buts et on a commencé à enchaîner les succès." Pour ne quasiment plus s’arrêter, en remportant onze des douze matches qui ont suivi, tout en ne concédant qu’un nul. "C'est aussi parce qu'à ce moment-là, on s'est regardé dans les yeux pour se dire les choses. Ça a permis une remise en question générale."

"On a été capable de faire cette réunion parce qu'on est la famille qu'on a choisie, pointe la milieu Solène Champagnac. Après les matches, qu'on gagne ou pas, on s'est interdit de rentrer seule. On a toujours débriefé au bar. Même avant, pour ceux à domicile, on se retrouve toujours au même endroit pour manger ensemble. Je n'avais jamais vécu un truc pareil. C'est clairement ça qui a fait la différence."

"On s'aime toutes"

"On est vraiment une famille, dit aussi l'attaquante Zoé Stievenart. On n'est évidemment pas toutes les meilleures amies du monde, mais on s'aime toutes. On a juste envie d'être ensemble. On a 22,08 ans de moyenne d'âge, l'un des groupes les plus jeunes du championnat, sauf que les quelques anciennes, ce sont nos mamans ! Dès qu'on commet des erreurs, elles savent nous remettre dans le droit chemin. Quand je jouais à Montpellier la saison dernière, on n'avait pas ces affinités en match parce qu'on ne faisait pas forcément de choses ensemble en dehors."

Océane Saunier, la "mamie" du groupe sang et or comme elle est surnommée à 31 ans, sourit : "Ce rôle, je l'apprécie, mais les filles ont beau être jeunes, elles sont surtout matures. C'est ce qui nous a permis d'arriver jusque-là. On est aussi un petit groupe, avec à peine une vingtaine d'éléments, et ça permet de créer plus facilement ces affinités. Je suis là depuis 2015 et je n'en ai pas vu autant depuis ma première année, quand on finit cinquième de D1. À l'époque, on avait les mêmes rituels."

Pour la même destinée ?