Aveyron : la rixe entre gens du voyage se termine à coups de fusil au Monastère

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  • Tribunal de Rodez.
    Tribunal de Rodez. José Antonio Torres. -
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Un père et son fils étaient jugés devant le tribunal de Rodez ce mercredi pour une rixe les opposant à une autre famille, au mois d'avril 2020.

On se souvient encore du légendaire clash entre les familles Lopez au début des années 2010, dont les vidéos de menaces sur internet furent visionnées des millions de fois. En Aveyron, les rixes entre membres de la communauté gitane n'ont jamais fait parler d'elles. Et pour cause, il n'y en a pas. Ou presque, car le 14 avril 2020, une "embrouille" a bien failli défrayer la chronique. Elle aussi d'ailleurs s'était affichée sur les réseaux sociaux... Ce jour-là, sur l'aire d'accueil de La Briane au Monastère, route de Flavin, deux familles se font face. Et à 14h30, une femme appelle la police. "On nous tire dessus, ça tire venez", répète-t-elle à plusieurs reprises. Sur place, les enquêteurs retrouvent effectivement plusieurs cartouches au sol : du 12mm, du 14 et du 16.. Dans un coin de l'aire, deux voitures sont fracturées également, à coups de barre de fer et de balles. Surtout, les esprits sont encore échauffés et la tension palpable. Que s'est-il passé ?

D'amis à rivaux

La plaignante raconte avoir été la cible de coups de feu avec son mari. Les "tireurs", elle les connaît bien. Il s'agit d'un père et de l'un de ses fils, installés sur l'aire. Avant de devenir rivaux, ils "s'entendaient bien". "On a grandi ensemble", disent même ces deux clans, sédentarisés de longue date sur l'agglomération ruthénoise. Alors, pourquoi le ton est-il monté entre eux ce jour-là ? Pour une histoire de rivalités entre adolescents, comme les victimes l'assurent ? "Chez nous, les gamins se battent tous les jours et on ne se tire pas dessus pour autant, on était vraiment tranquille ce jour-là et ils sont venus pour en découdre", avance le père devant le tribunal, jurant qu'il s'agit d'une tout autre histoire, bien plus personnelle. Qu'importe. Surtout, le quinquagénaire garantit qu'il n'a jamais touché une arme ce jour-là. Lors de la rixe, il explique être resté au sol, sonné "par un coup de revolver" de son rival... Son fils, en revanche, reconnaît avoir sorti une carabine de sa caravane. "J'ai vu rouge quand mon père était au sol", déclare-t-il. Tout en répétant que jamais, il n'a tiré en direction de l'autre famille mais "seulement sur les voitures". Une version difficile à croire pour la présidente Sylvia Descrozaille. 

- "On a retrouvé du plomb dans la cheville de l'une des victimes et des égratignures sur le corps de son mari. Comment cela se fait-il ?", s'interroge-t-elle.

- "C'est par ricochet", répond le fils, artisan peintre, avant que son avocate, Me Katy Mira, ne lui emboîte le pas : "Quand il n'y a qu'un plomb, ça ne peut qu'être un ricochet. Je vous assure que s'il avait tiré en leur direction, à quelques mètres, ça aurait fait des dégâts et on ne serait certainement pas devant cette juridiction..." 

De l'autre côté, MCédric Galandrin, a néanmoins rappelé "le traumatisme" pour ses clients. "Ils ne sont pas là aujourd'hui, par peur des débordements. On leur a tiré dessus, ce n'est pas rien ! La scène fut d'une grande violence." Depuis les faits, les deux familles se sont recroisées. Certains de leurs membres ont quitté l'aire d'accueil. "Chacun reste de son côté. Ce n'est pas grave, il n'y a pas eu de mort", ont tenté de résumer le père et le fils lors de l'audience. Tous deux ont déjà réalisé huit mois de détention provisoire dans le cadre de cette affaire. Ce mercredi, ils ont écopé de 16 mois ferme. Charge à eux dorénavant d'aménager leurs huit mois restants devant un juge d'application des peines. Et de tourner la page ? "J'ai envie de refermer ce dossier le plus vite possible, la détention a été très difficile", avait souligné le quinquagénaire à l'attention des magistrats.

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