Journée de la Terre : trois idées reçues sur des conduites alimentaires soucieuses de la planète

  • Selon l'Inrae, pour produire un kilo de viande boeuf, il ne faudrait pas 15.000 litres d'eau... mais 700 !
    Selon l'Inrae, pour produire un kilo de viande boeuf, il ne faudrait pas 15.000 litres d'eau... mais 700 ! Valentin Valkov / Shutterstock
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Centre Presse Aveyron

Les idées reçues ne sont-elles pas les pires ennemis de la prise de conscience écologique ? L'alimentation durable est elle même truffée de fausses affirmations. On peut manger sans faire de mal à la planète pour peu que l'on prenne le temps de ne pas faire de raccourcis. Tout est une question de manger en conscience, en considérant les bons arguments...
 

Il ne faut pas 15 000 litres d'eau pour produire un kilo de boeuf

La production de viande, et notamment bovine, est souvent l'un des exemples évoqués pour expliquer le réchauffement climatique. Selon la FAO, l'élevage produit 14,5% de gaz à effet de serre. "Les spécialistes de l'élevage ont du mal à se mettre d'accord pour développer des méthodologies adéquates pour estimer l'impact réel de l'élevage sur l'environnement", nous explique Jean-François Hocquette, Directeur de recherche à l'Inrae, soulignant que la relation entre élevage et environnement ne peut pas se limiter qu'à la production de gaz à effet de serre. On lit généralement qu'il faut 15.000 litres d'eau pour produire plus d'un kilo de viande de boeuf. Un chiffre que conteste l'Inrae parce que cette donnée prend en compte l'eau de pluie, qui permet de faire pousser l'herbe broutée par les bovins. "Si vous enlevez bovins et moutons des prairies, il ne s'arrêtera pas de pleuvoir et l'herbe continuera de pousser, sauf qu'il n'existera plus aucun moyen de la manger. La quantité réelle requise pour l'élevage doit ainsi comprendre l'eau utilisée pour nettoyer les abattoirs et celle que l'on donne à boire aux animaux, soit 700 litres, selon le chercheur.

Consommer local, oui... mais pour de vraies bonnes raisons

Vous avez conscience que le boeuf argentin ou la mangue brésilienne parcourent des milliers de kilomètres afin d'arriver jusqu'à nous, et c'est la raison pour laquelle vous vous efforcez de manger local... C'est bien, sauf que votre motivation doit être guidée par d'autres arguments. Dans une vaste étude publiée en 2013, le Commissariat général du développement durable précise que "l'impact environnemental [d'un produit] dépend plus du mode de production que du transport". Par ailleurs, une distance plus courte ne signifie pas nécessairement une moindre émission de CO2 à la tonne-kilomètre. Une vaste plateforme, qui orchestre les itinéraires de camions imposants optimisera davantage le transport des marchandises qu'une camionnette qui opèrera des allées et venues pour vendre ses produits locaux. Un impact écologique qui s'alourdit également lorsque les consommateurs eux-mêmes prendront le volant pour faire leurs courses.

En fait, consommer local est une bonne idée pour préserver la biodiversité, être sûr de l'origine des produits, et favoriser le maintien d'une agriculture de proximité, sous réserve que le producteur ne fasse pas pousser des tomates en plein hiver à l'aide de serres surchauffées... Selon l'Ademe, une salade cultivée sous serre présentera un bilan carbone deux fois plus élevé (même si elle est française) que la même salade espagnole, cultivée quant à elle en plein air. Manger de saison, c'est bien. Manger de saison en prenant conscience de la situation géographique où l'on se situe, c'est mieux. N'oublions pas tout de même le volet social : consommer des produits qui ont poussé près de chez soi permet aussi de soutenir l'emploi local.

Bio ne veut pas dire sans pesticide ou sans additif

Comme le rappelle la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes sur son site internet, l'agriculture biologique interdit l'utilisation de pesticides ou d'engrais chimiques de synthèse. Il ne faut donc pas faire de raccourci en imaginant que les agriculteurs n'utilisent aucun produit pour protéger leurs récoltes. En réalité, ils ne sont autorisés à piocher que dans un portfolio de recettes d'origine naturelle, à l'image de dérivés du cuivre, des produits qui font souvent l'objet de débat. Utilisée par les vignerons tout comme les producteurs de fruits et de légumes, cette matière naturelle permet de "contrôler diverses maladies fongiques ou bactériennes", souligne l'Inrae. Mais, son usage est controversé : "la mise en évidence d'effets environnementaux négatifs du cuivre, notamment sur les organismes du sol et les auxiliaires des cultures, a conduit à des restrictions réglementaires d'usage (plafonnement des doses applicables par hectare et par an), et même à son interdiction comme pesticide dans certains pays européens (Pays-Bas, Danemark)", souligne l'institut de recherches dans une expertise scientifique publiée en janvier 2018.

Quant aux additifs, ils ne sont pas totalement absents de la liste d'ingrédients des articles étiquetés bio. Une cinquantaine de substances ont le droit de cité dans le contenu d'un produit bio, contre plus de 300 pour un produit issu de l'agriculture conventionnelle. Cela concerne notamment des conservateurs, à l'image du dioxyde de soufre qui n'est pas interdit dans la viticulture biologique. Les vignerons sont limités à 100 mg par litre pour les rouges et 150 mg par litre pour les blancs et les rosés.

La Journée de la Terre est célébrée tous les 22 avril depuis 1970.
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