L'Aveyron touché par la grippe aviaire : "Il ne faut pas s'alarmer"

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  • 14 000 palmipèdes ont été abattus dans une exploitation de Vézins-de-Lévezou.
    14 000 palmipèdes ont été abattus dans une exploitation de Vézins-de-Lévezou. Centre Presse - José A. Torres
Publié le , mis à jour
Propos recueillis par Mathieu Roualdès

Elu à la chambre d'agriculture et éleveur de volailles à Saint-Félix-de-Lunel, Anthony Quintard ne souhaite pas « s’alarmer » après la découverte d’un premier foyer de grippe aviaire dans le département à Vezins-de-Lévezou. 14 000 canards ont été abattus.
 

Épargné depuis 2016, l’Aveyron voit le retour de la grippe aviaire. 14 000 canards viennent d’être abattus, à Vezins-de-Lévezou. Est-ce un choc ?
On s’y attendait et s’y préparait. Depuis plusieurs semaines, les services vétérinaires étaient en veille et l’épidémie ne cessait de se rapprocher. Le Cantal, le Lot ont été touchés… Et comme à chaque fois, c’est un peu la loterie. Nous sommes tous attristés pour l’éleveur concerné. On n’élève pas nos animaux pour qu’ils finissent euthanasiés… C’est la pire des choses.

Connaît-on l’origine de la contamination ?
C’est la faute à pas de chance. Depuis des semaines, tous les protocoles étaient respectés. Malheureusement, le risque est multifactoriel. Le virus circule via les animaux, les humains… De surcroît, la France ne compte pas mille couvoirs sur son territoire. On se fournit souvent dans les mêmes, il suffit donc qu’un seul caneton soit contaminé.

Les conséquences économiques pour les éleveurs peuvent-elles être grandes ?
Depuis plusieurs années, un système d’indemnisation est mis en place et l’abattage comme la désinfection des lieux sont pris en charge. Plus que les conséquences économiques, c’est avant tout un choc psychologique pour l’éleveur. En Aveyron, la filière canard dépend beaucoup de la coopérative Unicor et je sais que celle-ci soutiendra les éleveurs concernés.

Craigniez-vous désormais une multiplication des foyers ?
Ça, on ne peut pas savoir. Mais il ne faut pas s’alarmer. Tout est bien géré avec des zones réglementées de protection et de surveillance mises en place dans un rayon de 3 à 10 km autour de l’élevage concerné.
Surtout, il est urgent aujourd’hui que toutes les personnes possédant des volailles, que ce soit à titre personnel ou professionnel, déclarent leur cheptel pour une traçabilité.

Êtes-vous contraint aujourd’hui de confiner votre volaille ?
Elle l’est. Tout un protocole est en place depuis plusieurs semaines avec une zone dite « propre », une autre d’élevage, un sas de décontamination, etc. Le confinement est souvent inévitable même s’il faut le faire dans la mesure du possible et de l’acceptable pour le bien-être animal ! Et on sait de quoi on parle désormais lorsqu’on évoque un confinement, nous humains… Nos animaux sont faits pour être en plein air et beaucoup ne supportent pas cet enfermement, notamment les plus âgés.

Comment se fait-il que l’Aveyron parvenait généralement à passer entre les gouttes ?
Nous sommes un département d’élevage de bovins et d’ovins, et pas forcément de volailles… Il n’y a pas de concentration d’exploitations ici comme c’est le cas dans les Landes ou en Vendée.

N’existe-t-il pas d’autres solutions que ces abattages de masse ?
C’est compliqué de répondre. La vaccination pourrait en être une, mais cela ne serait pas sans incidence. Sans compter qu’un vaccin ne protégerait peut-être pas de toutes les sources du virus. Cette question-là est avant tout politique.

Quelles conséquences cet épisode de grippe aviaire peut-il avoir pour le consommateur ?
On peut craindre des problèmes d’approvisionnement, notamment sur le foie gras français.

On a l’habitude de dire que la filière volailles se porte bien et qu’elle serait même l’une des plus rémunératrices en agriculture par rapport au temps de travail… Est-ce toujours le cas ?
Oui, c’est une filière qui se porte bien mais on travaille tout de même (rires) ! Et comme tous les autres domaines de l’agriculture, l’augmentation du prix de l’aliment nous touche de plein fouet. L’avantage de cette filière, et celle du canard notamment, est qu’elle est très bien structurée avec des outils industriels de transformation performants. Malheureusement, la volaille est soumise à l’aléa de ces crises sanitaires et on ne passe pas toujours entre les gouttes…

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